MASSON BAT BUCHET !

Pas très connu, mais rallye important dans le bordelais dans les années cinquante / soixante, le rallye Bordeaux-Sud-Ouest renait depuis quelques années dans les épreuves historiques VH. Il rassemble de plus en plus de participants.

Organisé par l’Ecurie Atlantique cette épreuve se déroule généralement un week-end de juillet.
Environ une soixantaine d’équipages sont au départ de cette épreuve qui a imposé son style depuis sa renaissance. En effet les organisateurs -tout en s’inscrivant dans le schéma des rallyes de régularité VH- ne veulent pas transformer leur épreuve en "jeu de piste" en multipliant les difficultés mais préfèrent privilégier le bonheur de rouler dans une atmosphère conviviale.
L’épreuve n’en est pas moins sportive puisqu’elle se déroule sur trois étapes dont une étape de nuit - véritable "marque de fabrique" de cette épreuve inscrite au Challenge Historique Aquitaine Midi Pyrénées. Après avoir parcouru près de 500 kilomètres,
L’arrivée se fait au Casino Barrière de Bordeaux Lac vers 1 heure du matin, ce qui n’empêche pas les derniers d’arriver généralement 2 heures plus tard témoignant ainsi de la difficulté de l’épreuve !
Mais en 1959, par exemple, ça ne rigolait pas, ce rallye avait une valeur toute particulière et se classait parmi les grandes épreuves routières nationales.

En effet, elle restera, pour nous panhardistes ; comme une épreuve clé dans le palmarès de la marque, grâce, une fois encore, à la marque de Champigny.

Que s’est-il donc passé cette année 1959 ? « Buchet et sa Porsche ne pouvaient rien contre la DB-Panhard de Masson », pouvait-on lire sur 3 colonnes du journal « Sud-Ouest ». ! Voilà ce qu’on pouvait y lire :
« Les rallyemen savent compter ! Lorsque les résultats du rallye Bordeaux-Sud-Ouest furent affichés, deux d’entre eux au moins constatèrent que les calculs des pénalisations routières ne correspondaient pas aux leurs ! C’est ainsi que Robert Buchet remonta de la 9ème place à la seconde, avec seulement 3 mn de pénalisation, c'est-à-dire à égalité avec Roger Masson et Laurent, les vainqueurs sur DB-Panhard. C’est donc les cinq épreuves de vitesses qui ont départagé la Porsche Carrera et la DB-Panhard.
De son côté, Roger Masson fit une série de courses très régulières, plaçant sa voiture dans les dix premiers au temps scratch. »

L’application des indices en fonction de la cylindrée (1,15 pour Buchet, contre 1,05 pour Masson), avait fait son œuvre et reléguèrent Buchet loin derrière la DB-Panhard. Il faut reconnaître que Buchet du se battre avec sa carrera sur le circuit de Mérignac en raison d’un amortisseur arrière droit qui avait perdu son attache.

Autre satisfaction pour DB lors de ce 5ème rallye, c’est la bonne tenue du moteur 954 cm3 que Gérard Laureau testait en compagnie du régional de l’étape, Viguier.
Monté sur coach normal, ce moteur accusait 1.500 km. Laureau ne commença à lui tirer dessus qu’à partir du circuit de Mérignac. Il se classera 11ème au général et avouera : « c’est un moteur robuste et très puissant. A 4.500 tours, il donne la puissance maximum du 850 ». Il ajoutera qu’en raison de cette augmentation de puissance, il faudra revoir le système de suspension, car sur le coach, le comportement devint délicat dans les virages.

Pour illustrer les dires de Laureau, il suffit de consulter quelques temps dans les 5 épreuves où la puissance parle, prenons 3 exemples :
- Vitesse sur 17 km : 1er Simon sur Ferrari = 12’ 15’’ -, 2ème Buchet (Porsche) = 12’ 21’’ – 3ème Laureau (DB) = 12’ 38’’
- Parcours routier de 3 km : Simon = 1’ 48’’ – Roueylou (Alfa) = 1’ 55’’ – Buchet et Laureau = 1’ 56’’
- Côte de Floirac : Buchet – Simon – Fredmesch (Porsche) – Roueylou (Alfa) – Alexandrovitch (AC) et Laureau !
Deux faits émergent de ces temps, c’est d’abord la performance de Roueylou et de son Alfa Giulietta, puis les possibilités des deux DB : Laureau et Masson…

Ces épreuves de vitesses qui ponctuaient les épreuves routières recueillirent tous les suffrages. Elles étaient belles et variées : l’épreuve de 1960 en tiendra compte.

Mais une question se pose : « Est-il possible d’affecter raisonnablement les voitures d’un coefficient à la cylindrée ? »
En effet, avant d’entamer le parcours routier nocturne, trois Alfa étaient en tête, mais, ils se heurtèrent aux difficultés du parcours routier martelé par des contrôles horaires rapprochés.
Sur ces 385 km couverts sous la pluie et grâce à de bonnes notes de navigation que le navigateur récitait à son pilote avec précision sous peine d’erreur de parcours, il se confirma, en effet, que seul un horaire bien respecté permettrait d’acquérir à l’arrivée une bonne place au classement général.
Cette bonne place, ce furent Masson et Laurent qui l’obtinrent de haute lutte.

Notons enfin la 12ème place d’une autre DB-Panhard avec Verdoux – Divies. Les autres voitures à mécanique Panhard se classent 24ème pour Caillaud – Formager sur DB et enfin, Leydeker – Jorel sur Dyna Junior.

Roger MASSON, n’est pas un inconnu. Ses premières compétitions furent avec une Panhard 750 cc. En 1956, sa première grande épreuve fut le rallye de Monte-Carlo, suivi de Sestrières avec Claude Laurent. Puis suivirent de nombreux rallyes organisés par la région Ouest.
Puis il acheta un coach DB et dès la première épreuve, ce fut un succès, remportant le général du circuit de l’Eure. D’autres rallies suivirent : Lyon-Charbonnières, Nnates, Limousin etc…
Sa première participation au Mans sur DB fut en 1956 avec Héchard notamment.

Il continua à y participer jusqu’en 1965 sur différentes marques.

Mais les grandes victoires sur DB, c’est avec Jean Vinatier qu’il les aura. Notamment un Liège-Rome – Liège 1958, sur le coach aujourd’hui propriété de Gérard Dantan et avec lequel nous avons couru 2 Mans Classic..

C’est René Bonnet qui lui a appris à piloter en circuit et lui a fait connaître le monde automobile à travers toutes ses facettes.
Masson dit de lui : « A cette époque, René Bonnet était le constructeur français qui fit le plus pour le sport automobile, je suis fier d’avoir été son ami. »

Tout est dit.

Charly RAMPAL