En 1936, Panhard lançait au mois de mai, la Dynamic dans le conflit humain.

En effet, la victoire électorale du Front Populaire le 3 mai renforce le pouvoir syndical en France entraînant immédiatement de nombreuses grèves dans tout le pays.

Rappel historique : Le gouvernement de Front populaire.

Les élections ont lieu les 26 avril et 3 mai 1936. Au second tour, le Rassemblement populaire, qu’on appelle désormais Front populaire, dispose de la majorité à la Chambre.

Avec 146 députés, la SFIO est devenue le premier parti français.

Le parti communiste, qui avait fait une campagne très modérée et renoncé à son image révolutionnaire, triomphe avec 56 nouveaux députés (72 élus).

En revanche, les radicaux ont perdu 51 sièges (116 élus).

Pour la première fois dans son histoire, la France a un gouvernement socialiste.

Le 4 juin 1936, Léon Blum, dirigeant de la SFIO, est appelé à former le cabinet, qui ne comprend que des ministres socialistes et radicaux.

En effet, les communistes refusent d’y participer, mais ils promettent leur soutien.

Le nouveau gouvernement se distingue par deux innovations : la création d’un sous-secrétariat d’État aux Loisirs et aux Sports, confié au socialiste Léo Lagrange; la participation de trois femmes au ministère, alors que les femmes ne sont ni éligibles ni même électrices.

Grèves et occupations d’usines.

Entre les deux tours de scrutin, la combativité populaire s’est manifestée par des grèves sporadiques, des débrayages, et de nombreux meetings le 1er mai.

Le 11 mai ont lieu les premières grèves avec occupations d’usines.

Le mouvement débute au Havre, gagne Toulouse le 13, puis atteint la métallurgie parisienne le 14.

Il s’étend bientôt à d’autres branches: mines, chimie, textile, bâtiment.

En juin, avec près de 3 millions de grévistes, tous les secteurs d’activité sont touchés, à l’exception des services publics.

Quand elles éclatent, entre les deux tours, ces grèves manifestent le mécontentement provoqué par la crise économique et financière et la politique déflationniste du cabinet Laval.

La victoire du Front populaire, après la réunification de la CGT et de la CGTU opérée en mars 1936, accroit la combativité des travailleurs, impatients de voir leurs revendications satisfaites.

Le mouvement de juin 1936 présente plusieurs traits originaux, dont le plus marquant est l’occupation des usines par les ouvriers.

Ce phénomène inquiète d’ailleurs Léon Blum, qui le condamne dès le 6 juin, car son aspect révolutionnaire risque d’effrayer les radicaux et leur électorat bourgeois.

Mais les ouvriers veulent témoigner de leur maturité en veillant à l’intégrité des machines.

D’autre part, les grèves touchent des catégories nouvelles de travailleurs, plus proches des classes moyennes : employés des grands magasins, des salles de spectacles, coiffeurs, garçons de café, vendeurs de journaux, etc.

Les femmes sont également nombreuses à y participer.

Enfin, le mouvement est spontané: les dirigeants syndicaux, qui ne l’ont pas prévu, sont souvent débordés. Il se déroule dans une atmosphère de joie et de fête.

Dans l’usine occupée, les ouvriers font l’expérience de la liberté, après y avoir subi l’autoritarisme patronal.

Ils découvrent la fraternité, à l’usine mais aussi dans la rue, où la sympathie pour le mouvement est générale.

Les accords Matignon Réduit à l’impuissance, le patronat demande au gouvernement son arbitrage.

Délégués patronaux et syndicaux se réunissent le 7 juin à l’hôtel Matignon, où sont signés dans la nuit les accords du même nom, qui prévoient le respect de la liberté syndicale, l’absence de sanctions contre les grévistes, l’élection de délégués du personnel, ainsi que des augmentations de salaire.

Les communistes, toujours soucieux de leur alliance avec la bourgeoisie, appellent dès le 11 juin à reprendre le travail.

Le gouvernement complète les accords Matignon en faisant voter par le Parlement une série de lois sociales établissant les conventions collectives, la semaine de 40 heures (au lieu de 48) et les congés payés.

En outre, il abroge les décrets-lois de Laval.

Dans les semaines qui suivent, d’autres textes importants sont adoptés : prolongement de la scolarité jusqu’à l’âge de 14 ans, dissolution des ligues, création de l’Office national interprofessionnel du blé, réorganisation de la Banque de France, nationalisation des industries d’armement.

Le conflit chez Panhard

Ce conflit allait néanmoins déboucher sur des acquis sociaux dont on ne fait plus état aujourd’hui : la semaine des quarante heures et l’octroi de quinze jours de congés payés.

Ce n’était donc pas des journées perdues pour tout le monde.

Mais pour nous panhardistes, ces grèves se traduisent par l’occupation de l’usine du 1er au 16 juin, jusqu’à ce que la Direction conçoive une augmentation de salaire pour le personnel.

C’est dans ce contexte agité, qu’est réalisée la première Dynamic commandé par Léon Blum.

Elle ne rencontre pas le succès escompté et les commandes traînent à venir.

L’espoir était entretenu par des promesses de commandes publiques, comme le Ministère de la Guerre qui, hélas seront sérieusement revues à la baisse… !

Cette mévente va entraîner en octobre, le licenciement de 825 personnes.

A celte annonce, le personnel se met de nouveau en grève pendant deux semaines jusqu’à ce la médiation du gouvernement pousse la Direction à négocier sur un nombre de licenciement plus modéré, une réduction du temps de travail et une nouvelle commande publique.

Cette relance de commandes « forcées » et surtout le développement du secteur des poids lourds seront les garants de la survie de l’entreprise…

On peut également ajouter à ce marché celui des moteurs Panhard de 20 et 24 CV à essence qui équipent les automotrices ou les michelines.

Ces moteurs à haut rendement et économiques, vont équiper : les michelines des réseaux du Nord et les chemins de fer de l’Etat, les Tramways du Loir et Cher, les chemins de fer de l’Yumann, les chemins de fer de Bidassoa à Iran, la Société centrale des chemins de fer, pour son réseau du Finistère, les chemins de fer de l’Etat algérien, à Bône, les chemins de fer de Lourenço Marquès, au Mozambique, et les chemins de fer de Madagascar.

La Dynamic dans tout cela.

Depuis des années les ventes de Panhard sont au ralenties.

La société espérait donc en cette Dynamic, sortie hélas au mauvais moment.

Pourtant elle offrait des qualités nouvelles et Bionier, surfant sur la vague de l’aérodynamique, avait réussi une carrosserie très originale, bien profilée, malgré d’évidentes lourdeurs !

Bionier n’a pas pu gommer certaines filiations avec la Panoramic comme le dessin des vitres et la reprise du concept des vitres d’angle qui les caractérisaient et surtout le galbe excessif des ailes et la massive calandre dont le dessin original est repris sur les grilles de phares.

C’est du Bionier tout craché !

Les flasques de roues font même l’objet d’un brevet en évoquant une amélioration aérodynamique.

Mais la grande nouveauté réside en l’adoption d’une carrosserie monocoque à longerons intégrés, soudé électriquement, autre nouveauté pour ce type de voiture.

La carrosserie se distingue par sa largeur qui permet de loger une banquette de 1,55 m. et comme vous le savez, le volant sera positionner au centre histoire de trouver un compromis entre les partisans de la conduite à gauche et à droite.

De plus, cette direction se veut être une avancée sur le plan technique en retenant le principe de la vis et écrou censée supprimer le shimmy fléau de l’époque en supprimant la barre d’accouplement.

Mais le résultat ne sera pas aussi réussi que sur le papier !

Par contre la suspension AV est à roues indépendantes.

Elle comporte des bras transversaux et des barres de torsion longitudinales.

Complication oblige, les 24 articulations sont toutes montées sur des roulement de trois types : aiguilles, billes ou rouleaux.

A l’AR, la suspension s’appuie  sur des demi-barres de torsion transversales, complété par la célèbre barre Panhard permettant de stabiliser le train roulant.

Les amortisseurs sont hydrauliques ainsi que les freins à deux circuits séparés et donc deux mares-cylindres. Tout cela laisse entrevoir un comportement routier de qualité.

Côté mécanique (moteurs et boites), il n’y a qu’à puiser dans la banque d’organe que Panhard a fait proliférer depuis des années :

• La Dynamic 130 ou X76 démarre avec le petit moteur de 14 cv (2.516cm3) qui équipait les CS.

• La Dynamic 140 ou X77 s’équipe du 16 cv (2.861 cm3) de la CS Spéciale.

Il ne restait plus qu’à panacher tout cela avec différentes carrosseries.

C’est ainsi que pour chaque modèle, cinq carrosseries identiques sont disponibles :

 • Un coupé à deux glaces latérales, avec un empattement court qui se-ra dénommé « Junior ».

• Un coupé deux glaces latérale et empattement normal

• Un coach à quatre places appelé « Major’

• Un cabriolet dont les portes conservent l’encadrement des vitres avec un empattement de 2,80m

• Une berline avec quatre portes et quatre glaces avec un empattement porté à 3m.

La Dynamic a représenté un lourd investissement financier au niveau des études et près de 800.000 km ont été nécessaires à sa mise au point.

Ajouté à cela une tournée de propagande pour la montrer aux agents et à la clientèle dans les principales villes de France.

Mais les événements que je vous ai décrits en amont, vont considérablement gêner son lancement au point qu’une version 20cv et six cylindres prévue ne sera pas maintenue au catalogue.

La sortie de cette nouvelle voiture ne met pas fin à la production en cours.

L’essentiel de la gamme subsiste à l’exception des faux-cabriolets.

L’usine aménage même quatre conduite intérieure de 27cv équipées d’un gazogène.

Deux pour le Ministère de l’Agriculture et le service des Eaux et Forêts tandis que les deux autres partent pour l’Union Soviétique.

Dans le secteur du lourd, Panhard fait toujours le poids !

Mais les moteurs a huile lourde sans soupapes rencontrent des problèmes.

Pourtant la demande de ce secteur est forte et en constante progression.

Pour ne par perdre cette manne qui maintient Panhard à flot, la Direction décide, faute de pouvoir trouver une solution Maison, de se tourner vers les moteurs Diesel Bernard-Gardner à côté de la production locale et cela jusqu’en 1939.

Mais la qualité se paye puisque le surcoût est conséquent.

Une cinquantaine de modèles sont proposées dans le but de répondre à tous les cas de demandes.

Hélas, les tarifs sont élevés, ce qui freine l’enthousiasme des clients potentiels.

Notons que cette gamme comprend des châssis pour les autocars qualifiés de « châssis pour transports rapides », parmi eux le K63C dont 111 versions seront fournies en cette année 1936 à la STCRP. Le gazogène continue sa vie chez Panhard : 84 exemplaires seront produit cette année, direction le Ministère de l’Agriculture et de la Guerre.

Ce type de combustible fera partie de la « Tournée de propagande » à travers 140 véhicules de l’armée qui sillonneront 27 départements et parcourront 4.000 km sans incident.

Charly  RAMPAL