Grenoble et ses environs ont toujours été pour le sport automobile français, un creuset où sont nés des champions espoirs ou confirmés qui écrivirent les plus belles pages à travers rallyes, pistes et circuits.
Le plus connu est René Arnoux, à la fois sympathique et ultra rapide.

Dans les années soixante, les dauphinois célèbres en rallye avaient pour nom René Trautman, Arbez et tant d’autres.

Faisant partie de la même bande et suscitant les mêmes espoirs, Jean Pierre Hanrioud dont les débuts en compétition remontent à 1956 au volant d’une Frégate que son père lui avait prêtée pour… partir en vacances de Pâques. En compagnie d’Arbez, il devait terminer un difficile « Sidobre / Montagne Noire » de façon honorable.

On vit ensuite, ce long jeune homme blond en 4cv, DB, Porsche même, dans divers rallyes, ainsi qu’à la Targa Florio.
Tout cela avec des fortunes diverses et une victoire au Rallye des 10 cols.

En 1959, il participe au mois de mars au Lyon-Charbonnière sur un coach avec René Sans : il abandonne.

il court le Liège-Rome-Liège avec l’ex 203 spéciale de Lageneste et remporte la catégorie GT 1300 alors que 98 voitures avaient pris le départ et que 13 seulement étaient rentrées.

Puis du 18 au 25 septembre, il prenait le départ du Tour de France sur un coach DB Panhard portant le n°119. En dépit du kilométrage moindre, mais avec une priorité donnée à la vitesse, ce TDF 59 sera des plus meurtriers

Ceux parmi les 29 rescapés des 106 partants, pouvaient dire comme les grognards de l’Empire : j’y étais !

Jean Pierre Hanrioud y était, il termina 10ème au scratch et 4ème à l’indice. Ce ruban rouge remporté par un autre DB : celui d’André Guilhaudin.

Faisant équipe avec Checchi, Jean-Pierre attaquait partout pour suivre tous ces équipages super préparés pour une épreuve mettant à mal le potentiel humain et les mécaniques souvent trop élaborées.

Cela n’empêchait pas l’esprit d’équipe des DB, comme près de Saint Girons où le DB d’Armagnac, associé à Justamond, faillit abandonner pour s’être mis involontairement en équilibre dans un fossé.

Il fallut l’arrivée des quatre autres DB, Hanrioud en tête, pour leur permettre de sortir la voiture de cette inconfortable position.

Rares sont ceux qui pouvaient se vanter d’avoir disputé et terminé ces deux longues et éprouvantes épreuves à la file.

Puis ce fut l’éclipse correspondant, comme c’est souvent le cas pour les sportifs, à la période du service militaire.

Libéré en 1962, ce spécialiste des petites cylindrées est engagé au Mans par Panhard. La grande épreuve mancelle commence bien pour Hanrioud dont le CD n° 54 ronronne allègrement en début de course suivant scrupuleusement le tableau de marche dicté par Charles Deutsch et Etienne de Valance.

D’entrée, la Fiat-Abarth de Masson-Zeccoli, prend la tête à l’indice, en bagarre avec la Ferrari des frères Rodriguez. Mais déjà, à 22h, les deux CD de Bertaut-Guilhaudin et Hanrioud-Lelong, se rapprochent de la tête, recueillant enfin les fruits de leur parfaire régularité. A 23h, Hanrioud est au volant, il est 3ème à l’indice.

Soudain, sous la passerelle Dunlop, les feux clignotent, la foule se lève dans le virage : la Panhard CD de Jean Pierre flambe, retournée après avoir touché les fascines.

Ejecté par miracle, il retire son casque et rentre à pieds au stand : il n’est que superficiellement atteint. Gêné dans la courbe, il a buté dans les fascines.

Les activités de Panhard diminuant, Jean Pierre, pas du tout découragé, décide d’acquérir une Fiat-Abarth 1.000 et de courir les plus souvent possible.

Mais la voiture est peu fiable et il ne récoltera guère qu’une navrante collection d’abandons.

Il décide alors de la changer pour une 1300 Simca-Abarth, avec laquelle il gagne à Cognac et Nogaro.

Le mauvais sort semble conjuré.

Sans abandonner ses études puisqu’il sort en 1965, ingénieur des Travaux Publics, il s’associe avec Foucher qui possède une berlinette Alpine et Rey, le propriétaire d’une superbe Porsche GTS.
Et cette fois, le succès lui sourit.
Il remporte Neige et Glace en GT, puis Lyon-Charbonnières et la Rallye du Mont Blanc sur Alpine.

Bien placé au Challenge Schell et au championnat de France GT, il va rentrer chez Alpine comme pilote d’usine.

Ainsi, il voit se réaliser les espoirs qu’il avait placés dans la compétition. Espoirs qui ont sans doute été longs à se concrétiser pour ce garçon discret et plein d’enthousiasme.

Le mérite de Jean-Pierre Hanrioud n’en est que plus grand puisqu’en plus de ses qualités de pilote, il a su joindre à sa panoplie une obstination sans défaillance.

PALMARES DE JEAN-PIERRE HANRIOUD

1959 à 1964

1965 à 1967

1968 à 1972

Charly RAMPAL

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