Paradoxalement, les 24 Heures du Mans cuvée 1959 sont à la fois celles du pire et du meilleur résultat pour notre marque fétiche.
1 – Le pire : c’est le plus gros nombre d'abandons alors que c’est une année record quant à la quantité de voitures engagées !
2 DB seulement passent la ligne d’arrivée bien que 7 ont pris le départ !

Elles courent pour la première fois au Mans sous la bannière de « Equipe DB Panhard ». En effet, Monopole arrêtant de construire des voitures, la marque doyenne s’appuie alors sur DB pour la représenter en course.
Deux voitures sont d’ailleurs équipées du moteur « Chancel » à double arbres à cames en tête. Nos 7 DB sont d’ailleurs les seules voitures françaises engagées cette année (comme ce sera d’ailleurs le cas en 60 et 61).
On sait également qu’une 8ème DB était engagée, mais présente au pesage sans moteur, il lui fut évidemment difficile d’être acceptée !

2 – Le meilleur : c’est que ces voitures remportent à elle deux… 4 victoires !

Tout d’abord la mieux classée au « général » : la nouvelle barquette type 1959 n° de course 46, pilotée par l’équipage Louis Cornet et René Cotton (transfuge de Monopole). Elle termine 9ème ayant parcouru 3.485,447 km à la moyenne de 145,227 km/h. Ce sera la plus forte moyenne réalisée par une DB sur les 24 Heures (… et même pour toutes les voitures à mécanique issue du petit bi-cylindre Panhard, puisqu’en 1962, la dernière à toucher au but, la CD de Guilhaudin / Bertaut, se « contentera » de 3.427,026 km à la moyenne de 142,793, avec l’indice de performance à l’appui).

Cette 46 remporte à elle seule 3 victoires :
- L’indice de performance
- La catégorie 501 à 750 cc
- La 25ème Coupe Biennale

Quant à la 2ème DB (non, le Général Leclerc n’y est pour rien) classée, n° de course 45, barquette de type 1958, pilotée par Paul Armagnac et Bernard Consten (qui a été déjà vu en rallye sur DB et sur Panhard), elle termine 11ème au « général » et remporte le classement à l’indice énergétique en ayant parcouru 3.337,352 km à la moyenne de 139,056 km/h.

Il est amusant de noter que ces 2 barquettes, grâce à leur châssis dérivé du coach de série, étaient engagées en GT. La seule voiture de la marque engagée en « Sport » était le coupé en aluminium de Paul Masson et Jean Vinatier, qui a couru tellement souvent en rallye qu’on l’aurait mis volontiers en GT.

Mais revenons au moment du pesage. Les DB furent les premières à passer devant les bureaux des sévères des examinateurs. Les petites DB obtinrent un vif succès et Emile Darl’Mat, le toujours fidèle commissaire technique, se réjouissait de voir du bleu de France en terre mancelle..
Quant à René Bonnet, il considérait comme son arme secrète la présence en son sein de l’argentin de Tomaso associé au britanique Colin Davis, les vainqueurs l’an dernier à l’indice sur OSCA.

Notons également la « camionnette » de Bartholoni / Jaeger que ce dernier avait baptisé « increvable » parce qu’elle avait fait Le Mans l’an dernier, le Tour de France, Sébring, la Targa Florio et le Nurburgring il y a quinze jours avec le même moulin : les pistons portaient encore les poinçons 1958 !

Les 5 abandons !

Préparer une voiture avec amour pendant des mois, connaître à fond tous ses organes, la voir pendant une heure en tête de l’indice de performance, puis la regarder s’immobiliser subitement, telle est l’amère aventure dont Pierre Chancel a été la victime : il n’a même pas eu la joie d’essayer « sa » DB ! Un piston avait lâché alors que Gérard Laureau menait bon train.

Puis, une à une les autres DB ont « cassé » dans l’ordre inverse de leur numéro de course !

La n° 59 = Coach HBR5 de Claude Faucher et Gérard Laffargue à la 5ème heure.

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La n°50 = la barquette de De Tomaso-Colin Davis à la 8ème heure.
La n° 49 le coupé alu de Paul Masson et Jean Vinatier à la 22ème heure.
La n° 48 = la « Camionnette » de René Bartholoni et Jean-François Jaeger à la 24ème heure.

Quoi d’étonnant qu’après cette double victoire que de la rappeler en donnant le nom de « Le Mans » à la nouvelle voiture « civile « présentée au Salon de l’auto à l’automne de cette année 1959 ?
Ferrari fit de même avec ses berlinettes 250 GT « Tour de France » qui rappelait ainsi la quasi invincibilité de cette série de modèles au Tour de France Automobile.

Quant à notre DB, c’est sous la forme d’un élégant cabriolet qu’elle apparaît pour la première fois sous la verrière du Grand Palais.

Pour cette première apparition, la voiture est d’un beau vert clair métallisé et chaussée de pneus à flancs blanc très à la mode à cette époque.. Son aspect n’est pas encore figé, en effet son museau plus long et plus fin que ce qui sera commercialisé un an plus tard, rappelle néanmoins celui des barquettes qui viennent de s’illustrer dans la Sarthe.

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L’arrière subira aussi plus tard des modifications. Il est ici plus court et la pare-chocs ne semble pas encore prêt à rendre les services qu’on attend de lui !

Son homologation par le service des Mines sous le doux nom de « CGTLM5 » (Cabriolet Grand Tourisme Le Mans 5 cv) sera présenté le 22 juillet 1960, mais il en sera produit environ une trentaine avant, sous les noms provisoires de « HBR5 Le Mans » ou HBR5 cabriolet ». La première dont « nous » avons connaissance est datée du 12 mai 1960.

Mais je vous en reparlerai plus en détail, car c’est le coup de cœur de ma collection.

Pour résumer cette épreuve 59, la vidéo d’époque réalisée par l’INA

Charly RAMPAL