Jacques DURAND est né le 28 juin 1920 à Paris (Seine). A la fin de la guerre de 1939-1945, après avoir obtenu un C.A.P. de mécanique de précision, il se lance dans la fabrication de minuscules moteurs à essence pour modèles réduits. Dans le sous-sol du pavillon familial à Antony, il usine à la main les pistons et les cylindres de moteurs de 2.7 cm3 dont le régime maxi dépasse 10.000 tr/min. Ces modèles réduits, étaient vendus avec succès sous la marque VEGA et ils étaient testés sur une piste circulaire à Cachan.

En 1957, pendant la crise de Suez, il fabrique des économiseurs d’essence pour Jean Schwab, agent Renault à Chartres. Puis un jour, en voyant une Alpine dans l’atelier de carrosserie de Vinatier (le père du pilote Jean Vinatier), il se dit que fabriquer une vraie automobile n’était pas très compliqué et naïvement pensa : « Pourquoi pas moi ! »

Et l’année suivante, en 1958, avec une mécanique de 4 CV Renault, il dessina puis construisit avec Charles Cusson et Jean Schwab sa première berlinette sport à portes papillon.

Il baptisa ce modèle ATLA. Une douzaine de véhicules furent construits, il en resterait quatre.

Puis il dessina un nouveau modèle, construit cette fois sur une base Panhard 850 cm3, plus sportif. Celui-ci, avec son hard top escamotable style Porsche Targa, il l’appela « SERA. » Du nom de la Société : Société Études Réalisation Automobiles.

Ce modèle SERA, en 1960-1962 a un châssis poutre, moteur Panhard, concurrente directe des DB Le Mans (il se dit que René Bonnet a tout fait pour exclure cette auto du salon de Paris…) 2 versions, convertible style Targa et cabriolet. Production : moins de 20 autos.

Il n’y a jamais eu d’ATLA à moteur PANHARD, mais une SERA à ….carrosserie ATLA !
la SERA à carrosserie ATLA était à vendre sous la marque ATLA à moteur Panhard

Les châssis SERA étaient fabriqués par CARON à Montrouge. Caron demanda à Durand la permission de se construire un châssis de SERA sur lequel il adapta une carrosserie d’ATLA qu’il trouvait plus belle que celle de la SERA ! Il faut dire qu’après la fermeture d’ATLA, il existait plusieurs carrosseries complètes à vendre à petit prix. Cette voiture peinte en jaune fut photographiée plusieurs fois sur les parkings de Montlhéry dans les années 1965-1970. Elle fut vendue ensuite aux USA. Il y a quelques années elle était à revendre à un prix exorbitant ! Elle a depuis changé de mains, mais est toujours aux USA.

Il y eu aussi un remontage dans l’autre sens ! Un châssis d’ATLA fut habillé d’une carrosserie de SERA transformée en coupé mais cette voiture conserva son moteur RENAULT. Cette voiture en mauvais état traina longtemps dans le Nord.

Achetée sans avoir été vue par un amateur du Loir-et-Cher, celui-ci ne jugea pas utile de la restaurer (châssis mal soudé, carrosserie déformée, etc…). Les portes (de SERA) furent revendues et le reste fut ferraillé !

L’ATLA n’avait pas été conçue pour être une voiture sportive, de plus elle était sous motorisée. Durand avait du la dessiner en prenant (involontairement) sa propre taille comme référence dimensionnelle, ce qui fait qu’il était difficile de conduire l’ATLA avec un casque ! Ce défaut fut signalé par la presse de l’époque et a sans doute eu un impact négatif sur les ventes de la voiture.

En dehors de quelques « rallyes Camembert-Beaujolais » on ne connait pas de palmarès sportif à l’ATLA.

Après avoir quitté ATLA pour SERA, Jacques Durand, lâché par le financier qui avait lancé l’affaire, quitte la région parisienne pour Bordeaux et s’installe dans l’ancienne usine MOTOBLOC ou il va encore construire une demie douzaine de SERA.

Il part ensuite en Espagne ou il trouve un commanditaire pour continuer la fabrication des SERA mais l’affaire ne se fait pas semble t-il suite à un veto du ministère espagnol de l’industrie. Il fabriquera seul des pièces en polyester allant de la piscine aux volants avant de rentrer en France sans le sou !

Il retrouve son ami Cusson à Antony et souhaite se faire engager par son père garagiste. Cusson connaissant ses connaissances en polyester lui propose de concevoir une nouvelle voiture qu’ils développeront ensemble. Durand dessine une Berlinette qu’il baptise ALPA. 4 carrosseries seront moulées, 2 pour Durand et deux pour Cusson car les deux amis ne sont pas d’accord sur la motorisation. DURAND veut utiliser le moteur PANHARD et Cusson le PEUGEOT ! Finalement chacun va construire sa voiture avec sa motorisation préférée ! Durand va rouler dans son ALPA PANHARD et Cusson, élève ingénieur aux Arts et Métiers finit ses études, son ALPA PEUGEOT et part faire son service militaire.

Durand se retrouve seul et …désargenté ! Il contacte Raymond Gaillard agent PANHARD rue du Ranelagh à Paris et constructeur des ARISTA.

Un contrat est signé ou Durand devient directeur chargé de la construction des ARISTA, Contre une belle somme d’argent, il amène ses plans, ses moules

et son ALPA PANHARD rebaptisée ARISTA qui va servir de modèle de démonstration.

Vont être construites les ARISTA J.D. 101, 102, la voiture de DURAND devient la 103, puis il y aura la 104 mais Durand est déjà parti attiré par les trompettes de la renommée que lui fait miroiter Morin le patron de SOVAM. Puis seront construites les ARISTA 105 et 106 à moteur FORD puis la 107, non terminée, à mécanique TRIUMPH.

Aujourd’hui, on peut admirer cette belle voiture aux mains d’un ami panhardiste du Sud-OUEST, qu’il a entièrement restauré :

Ila qualité de la finition est remarquable à l’image du tableau de bord :

Raymond Gaillard malade et loin de son atelier jette l’éponge, met l’atelier en gérance et Max Saint Hilaire part fabriquer les B.S.H. avec son ami Benais

Toutes ces voitures sont survivantes sauf peut-être la 106 achetée par un grand collectionneur (disparu depuis 30 ans) mais qui n’a pas été revue depuis plus de 40 ans.

Jacques Durand compte parmi ses mécanos, Daniel Champion qui sera ensuite
chez Renault en Formule 1, François Castaing apporte avec Renault une aide.

JIDE produit 4 voitures par mois.

De plus il transforme des Formule 3

La crise économique arrête la production de la voiture, Jacques est contraint de vendre sa marque et son entreprise, l’arrêt provisoire des compétitions a causé la perte de quelques entreprises (Chappe et Gessalin par exemple… Jacques Durand n’ayant jamais montré de talents de gestionnaire !
La marque est passée entre plusieurs mains après Jacques Durand. Le dernier en date ayant produit des autos était Jean François Humeau.

Jacques Durand vivait à Mougins. Vers la fin il devint mal voyant et avait du mal à se déplacer.

Pour compléter l’article, quoi de mieux que d’avoir les informations du propriétaire actuel de la seule et unique ATLA à mécanique Panhard : Matthieu Cognet.

 » Les ATLA ont été fabriquées dans l’esprit RENAULT avec moteur à l’arrière. En catalogue ATLA proposait bien une version à moteur PANHARD mais il ne semble pas qu’il y en ai eu de construites. La voiture de Mathieu est une construction artisanale réalisée par CARON en dehors d’ATLA et semble-t-il après l’arrêt des fabrications. CARON qui fabriquait les châssis pour les SERA de Jacques DURAND avait l’intention de se fabriquer une voiture avec un châssis SERA et une caisse ATLA qu’il trouvait plus belle. Jacques DURAND m’a dit lui avoir donné l’autorisation de se construire un châssis SERA. J’ai donc pensé que la voiture de CARON avait un châssis de SERA, ce qu’il était difficile de vérifier puisque la voiture était aux USA. En fait CARON n’utilisera pas de châssis SERA mais un d’ATLA. Sans doute il s’était rendu compte que la carrosserie ATLA se déformerait vite sur un châssis SERA à poutre centrale. Je n’ai jamais vu de photos ou dessins de détail concernant l’ATLA Panhard et suis donc bien incapable de fournir des renseignements et des côtes sur le châssis, les trains, etc … Une supposition : CARON travaillant pour les SERA a bien pu s’inspirer de ce qui était fait pour ces voitures. Tout ce que je peux faire, c’est de t’envoyer en plusieurs mails toutes les photos que je possède sur les ATLA et leur châssis.

Ci-après, les différents propriétaires de cette ATLA Panhard :

* CARON de Montrouge aujourd’hui décédé

* John DUDLEY de Hood en Virginie (USA) en 1966 et jusqu’en 1989.

* Jeffrey FELLMAN marchand de voitures de Sarasota en Floride (USA) de 1989 à 2000 et qui demandait un prix exhorbitant pour la voiture.

* Myron VERNIS de l’Ohio (USA) de 2000 à 2008

* Mark BRINKER du Texas (USA) de 2008 à 2009

* Mathieu depuis.

Charly RAMPAL