En ce début d’année 1959, le Rallye de Monte-Carlo est la « grande aventure » pour la plupart des aficionados de sport automobile. Surtout si on pense aux concurrents britanniques (103 quand même) qui faisaient feu de tout bois sur leur Austin, Riley, Sunbeam, Wolseley et autre Berckeley qui ont déferlé sur les routes plus ou moins difficiles que l’organisateur leur avait proposées.

Les 29 concurrents allemands, tout aussi éclectiques, avaient engagés : des Volkswagen, des Borgward, des Lloyd, des NSU et même une Mercédès diésel. On était loin des BMW, Audi d’aujourd’hui !

Du côté français (70 engagés) nous retrouvions le lot habituel des voitures de tourisme de cette époque , comme l’équipe SIMCA :

dont se détachaient nettement les Citroën, parmi celles-ci, les trois spéciales Ricou attisaient la curiosité.

Mais côté de la mécanique Panhard, on compte sur les provençaux Surles et Piniers avec leur Coach DB :

De l’avis de la majorité, les routes ne furent pas très difficiles cette année là.

Jusqu’à Chambéry peu de problèmes et les abandons qu’on enregistra furent tout à fait fortuits.
Après Chambéry, la musique changea de ton et, jusqu’à Grenoble (par les cols dy Granier, de Cucheron et Porte), il fallu quand même compter avec des routes verglacées et enneigées même si celles-ci ne présentaient pas de problèmes important.
Néanmoins, les pénalisations allaient bon train, qu’il faut attribuer à la fatigue des concurrents, génératrice de distraction…
C’est la fatigue aussi qui provoqua dans la journée de mardi, quelques accidents, assez graves pour les pilotes, dont la sortie de route de Stoddart-Burn dans la région de Die, qui vit ce dernier transporté à l’hôpital. A St Agrève la voiture 114 des britanniques Haddow et Paterson fit plusieurs tonneaux. Enfin, la 224, de l’équipage féminin Hanbley-Page et Tania Crouch, versa dans un fossé en Italie du nord.
On notera aussi pas mal de voitures abîmées : DKW, Volvo, AC. Quant à José Behra et son coéquipier Roger Nathan-Murat, partis de Varsovie à bord d’une Citroën, ils durent abandonner après avoir percuté la voiture d’un concurrent danois mal arrêté à la sortie d’un pont de Gap.

La première voiture à se présenter à Monaco fut la Volvo n°3 en provenance de Lisbonne, conduite par Ruth-Laudmann (championne d’Allemagne 1958) et Kolwol.
Elle y pénétra à 9h119 exactement.
Derrière eux, les français Augias- Rolland (Peugeot 203), puis Lafabri-Le Bayon, les Portugais Correia Lobo-Serra Ribeiro, qui manquèrent d’ailleurs de se perdre dans la traversée de Digne.

Le roi des malchanceux sera Louis Tavagnier « l’homme à la 403 » qui claqua son joint de culasse dans les faubourgs mêmes de Monaco et c’est en poussant sa voiture qu’il se présenta au contrôle du quai Albert 1er pour annoncer son abandon.

Deux attractions :
- La 2cv Citroën de M. et Mme Langlois, fortement pénalisée certes, mais qui rallia quand même Lisbonne à Monaco.
- Les 3 Vespa 400, mal placées sans doute, mais dont on a pu quand même apprécier la tenue après un Paris-Moscou, Stockholm-Monaco…

Le mercredi 21 janvier 1959, 220 voitures sur les 332 au départ, ont pu rallier Monaco.

Les opérations classiques de contrôle, vérifications, etc… permettent de mettre un peu d’ordre dans les mécaniques et dans les équipages.

Le même soir, à 19h exactement, le départ est donné à la première des 168 voitures qui étaient autorisées à disputer l’ultime épreuve nocturne.

C’est par une nuit d’encre et alors que les nuages menaçant s’amoncelaient sur leur tête que les rescapés du parcours commun Chambéry – Monte-Carlo espéraient l’heure H dans le parc fermé.

La montagne hostile les attendait pour une dernière ronde de 432,5 km, scindée en 7 secteurs à couvrir à des moyennes différentes. Moyennes théoriquement faciles, mais pratiquement difficiles à réaliser, car il fallait compter avec les routes et les cols enneigés ou verglacés, sans compter la brume. De plus, les quelques 2.000 virages de l’itinéraire constituaient un menu particulièrement indigeste pour les pilotes fatigués.

Le premier secteur, d’un développement de 55,600 km, comportait l’escalade du Turini, la moyenne à réaliser étant de 65 km/h.
Le deuxième secteur était le plus difficile : 68,400 km à couvrir en régularité absolue, avec un plafond de vitesse de 60 km/h pour les grosses cylindrées et de 53 km/h pour les petites.

Les autres secteurs mesuraient respectivement 66,600, 118,500, 61,800 , 55 km et 5,500 km.

Les vitesses moyennes exigées étaient plus élevées que pour les deux premiers tronçons, mais seul l’avant dernier (55 km) présentait de réelles difficultés, avec une route serpentine surplombant le Piello.

A l’issue de ce dernier circuit de classement, 120 voitures restaient en lice, dont beaucoup portaient des marques indélébiles d’un contact brutal avec le rocher.
Les Anglais Leston-Hopnirk, après un intermède spéléologique dans un ravin, réussirent à exhumer leur Riley et à terminer.
Moins heureux furent Lafabrie-Le Bayon et leur ID 19.

Autres malchanceux : les Irlandais Ward-Jollen, sur Simca, pompe à eau cassée, Chavy-Ulleberg, sur Vespa, train avant faussé après percussion d’un rocher, Aury-Giraud-Cabautous sur ID 19, pneus usés, Estager-Dujoncquoy sur DKW, panne d’allumage, Oreiller-Mastoero sur ID 19, freins et pneus hors d’usage, Gastonidès-Becquart sur Triump, phares cassés et pneu AVD à plat, Chiron-Berger sur ID 19, panne d’essence, etc…

En conclusion : il y aura peu d’enseignements à tirer de cette épreuve 1959 et tous ceux qui attendaient les résultats de cette confrontation de voitures de tourisme européennes ont été fortement déçus.

Notons cependant que les trois premières voitures, toutes issues de la série, sont des véhicules de particuliers qui n’ont fait l’objet d’aucune préparation spéciale.

En effet, l’ID 19 de Coltelloni,

L’Aronde P60 de Thomas et la DB de Surles, sont des voitures… quelconques conformes à celles qui étaient produites quotidiennement.

Classement scratch final :

Classement par catégories et par classes :

Côté Panhard :

Une Dyna de Greder-Viogneron portant le n°177 se classera 88ème au général, la Dyna n°116 de De Pontgalland-Mattras termine 105ème, celle de Lelong-Delignières n°180 se classe 107ème.

Côté DB :

Les coach de Guilhaudin – Rey n° 213 et Reverter-Sequieros n°184 abandonneront.

Pour résumer l’ambiance, une petite vidéo anglaise :

Charly RAMPAL