Après deux années de rodage, la IIIème édition du tout jeune Tour de France Automobile avait été améliorée sur deux points essentiels :
- la création de deux classements séparés : les voitures de série sans aucune modification et les voitures de sport et haute performance.
- Des primes d’arrivée richement dotées, soit 11 millions de francs et le trophée Dubonnet (à cette époque boire ou conduire n’était pas incompatible ! ) qui récompensait la vitesse pure puisque 1 millions de francs serait attribué à celui qui réaliserait la meilleure performance au cours des 9 épreuves de classement sans l’application du fameux coefficient K, calculé en rapport avec la cylindrée.

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Tout ceci avait attiré 128 équipages dont 114 seront finalement au départ qui se répartissaient ainsi :
- 54 en sport et haute performance
- 40 en série améliorée
- 20 strictement de série

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Une notoriété encore accrue par la présence de vedettes du sport automobile du moment comme Behra sur Gordini et Gendebien sur Jaguar XK 120, mais aussi par le côté poeple, comme on dirait aujourd’hui, par la présence du Prince Rainier de Monaco, sous son vrai nom de Louis Carladès et tenez-vous bien, sur une DB Frua : donc tout bénéfice pour notre mécanique Panhard !

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Il est évident qu’avec cette présence déjà médiatique, le TdF (Tour de France) allait avoir un autre visage.

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Longue de 5.854 km, pour rejoindre Nice, cette épreuve allait se découper en 3 étapes :
- 5 épreuves de tests,
- 3 courses de côté
- 1 circuit de vitesse.

Chez DB, on ne note pas moins de 8 voitures dont 8 coupés Frua, dont :

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et les 2 barquettes LM 53 (N° 786 et 787) pilotées par Claude Storez et Marc Gignoux pour la 786

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et Louis Cornet et Alfonso de Burnay pour la 787.

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Notons un équipage féminin qui était « les femmes de.. » : Billie Bonnet et Françoise Gignoux sur le coupé Frua appartenant à Louis Cornet.

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Côté Panhard des berlines Dyna X85, X86 et X87, et un équipage de talent sur une X89 Raffale : Plantivaux-Rougier.

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Mais aussi le proto de Paracci-Martin

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Le junior Pichon X86 de Chamard-Braquet que l’on voit ici en pleine action et qui terminera 14ème

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D’autres Panhard, plus anonymes comme :

- la X87 de Pilliat – Freiss qui finira 21ème des voitures sport
- la X86 de Dommée-Blanchard qui finira 20éme des voitures sport
- la X86 deGaudaire-Madelrieux-Thore qui finira 26ème des Tourismes
- la X85 de Arnaud-Bergallo qui finira 6ème des tourismes
- la X85 de Guyot-Parsy qui finira 29ème en tourisme
- la X86 des frères Hémard qui finiront 17ème des voitures sport

Dont, je vous livre au passage quelques photos en vrac pour le plaisir :

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LA COURSE : ETAPE 1, NICE - BREST

La première épreuve de classement a pour théâtre l’ascension du col de Peyresourde. Un premier écrémage a lieu avec 9 abandons.

Anecdote : au départ de cette course de côté, les officiels ne retrouvent plus le drapeau tricolore qui sert à donner le départ ! En désespoir de cause, il sera rempl acé par le drapeau du journal « L’Equipe » : une belle publicité gratuite !

C’est la Jaguar XK 120 du colonel Simone qui, grâce à sa puissance s’installe en tête du Trophée Dubonnet.

Puis ce sera l’arrivée à Brest après 2.510 km parcourus en 45 heures de routes dont deux nuits complètes sans répit ni repos, au cours desquelles furent franchis de nombreux cols pyrénéens et le Massif Central.
A cette étape, on note déjà 32 abandons.
Rappelons que le TdF est une boucle de Nice à Nice, à travers la France.

Puis ce sera la Bretagne et Le Mans où va se dérouler l’épreuve des 3km départ arrêté, arrivée lancée.

A ce petit jeu, ce sont les Ferrari qui gagnent : Behra, Roboly, Lucas, Marchand, Dumay.

Au départ de cette épreuve, les commissaires prélèvent dans chaque réservoir de l’essence à des fin d’analyse pour vérifier que c’est bien du carburant du commerce qui est utilisé. Aucune fraude ne sera constatée.

2EME ETAPE : BREST - NANCY

La 2ème étape se déroule entre Brest et Nancy en passant par le nord de la France.
C’est sur ces routes du nord que le Prince Rainier perd le contrôle de sa DB Frua, à la suite d’un ralentissement soudain des voitures qui roulaient devant lui.
Son freinage brutal l’enverra au fossé après avoir rencontré un pylône qui traversait sa trajectoire à ce moment là et s’arrêta dans le fossé.

Evidemment remettre la voiture en état de rouler sera une grosse perte de temps pour son fidèle mécanicien Roger Benit.
Ce retard et la nuit aidant, le Prince décida d’abandonner et de rentrer directement dans la Principauté.

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Puis ce sera Reims, rallié par beau temps mais dans un brouillard dense qui enverra quelques concurrents aux pâquerettes !

Le ruban jaune se dispute entre Behra, Péron, Lucas, Marchand, mais c’est Péron avec son OSCA qui impressionne.

A Paris, de nombreux concurrents ont failli se perdre sur le Périphérique ! Mais avant d’arriver à Nancy, il fallait grimper la côte de Boufflers. 4 abandons sont signalés, dont l’équipage féminin Thirion-Polensky sur Porsche, laissant le champ libre à la DB de « nos femmes » : Bonnet-Gignoux, pour la Coupe des Dames !

3EME ETAPE : NANCY – NICE

Il ne reste plus que 70 véhicules au départ de cette dernière étape de 1.439 km.

Toujours la bagarre pour le ruban jaune entre la Gordini de Behra et l’OSCA de Péron qui ne lâche pas prise.

La traversée de l’Alsace sera fatale à notre équipage féminin sur bri de pignon de distribution.
Elle faillit aussi éliminer les leaders : Behra-Barraquet durent faire réparer en catastrophe à Belfort le bas de caisse de leur Gordini qui avait cédé et provoquait de sérieuse vibrations.
En 20 mn, à l’aide de deux barres de fer fixées par des boulons, le problème fut réglé. A cette époque, on était à l’école de la démerde…

Puis les concurrents affrontèrent les premières pluies au niveau de Strasbourg avant d’attaquer le parcours sélectif des grands cols alpins et de nuit s’il vous plait !

11 nouveaux abandons avant d’atteindre le environs de Nice et la course de côte de la Turbie.

Mais la dernière épreuve pouvait encore modifier le classement et pour des raisons de sécurité vu les contraintes encourues lors de ces 5.800 km, les commissaires obligèrent les 59 véhicules encore en course, à vérifier leur système de freinage avant les 47 tours du circuit.

Ce circuit, tracé dans les rues de Nice et principalement sur la promenade des Anglais, attira plusieurs milliers de spectateurs malgré l’heure matinale.

5 plateaux équilibrés avaient été constitués.

Le premier fut remporté par Hémard sur Panhard X86, devant des Peugeot, Frégates, Arondes !

Dans le plateau roi, si Behra remporte l’épreuve, Péron et son ASCA, roulera intelligemment sans faire de faute et au plus près de Behra, pour être assuré de conserver sa première place et le fameux ruban jaune.

Les aptitudes de cette petite OSCA de 1.100 cm3 de 88 cv pour un poids de 680 kg, étaient parvenues à mettre à bout la puissance des 3.000 cc de la Gordini et des Ferrari, Jaguar et Autres monstres de puissance !

En voitures de série, c’est la petite 4cv Renault de Condriller-Daniel qui remporte la palme devant Rédélé-Moser sur le même type de voiture.

Pour notre satisfaction, notons la très belle performance de la Panhard X89 de Plantivaux-Rougier de 743 cc et carrossée par Riffard et qui avait été surnommée « la balayeuse » en raison de la grande quantité de poussière qui pénétrait constamment dans l’habitacle, obligeant ses occupants à converser à l’aide d’une ardoise, leur évitant ainsi d’ouvrir la bouche !

Ils finiront à une excellente 4ème place au général !

Une remise copieuse de prix se déroulera au cours d’un diner de gala dans le grand hall du Casino municipal.

Soulignons également l’excellente organisation de l’A.C. de Nice et du journal « l’Equipe » qui donnèrent définitivement ses lettres de noblesse à une épreuve qui fait encore référence de nos jours, surtout en « Historique ».

CLASSEMENT DE LA SERIE :

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CLASSEMENT SPORT :

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Charly RAMPAL