C’est le 18 juin 1950 que la ville de Grenoble renouait avec le GP du Dauphiné sur le nouveau circuit dessiné sur les boulevards extérieurs de la ville.

C’est pourtant la cinquième fois que l’Automobile-Club Dauphinois (A.C.D.) et le Moto Club avaient repris la compétition depuis 1947.

Ce tracé de 2 km 190 avait l’avantage d’avoir un bon revêtement.

Il comprend une grande ligne droite, un virage difficile à chaque extrémité, une seconde ligne droite coupée par une chicane afin de ralentir les concurrents au passage devant le chronométrage qui à cette époque se faisait habituellement à la main, mais à cette occasion une machine de chronométrage électrique (pas électronique voyons !) était testée.

Les stands étaient installés le long de la piste sans aucune protection comme il se doit et les voitures étaient tout simplement garées comme le long d’un trottoir ! Autre temps autres mœurs…

LE PROGRAMME ET LES PARTICIPANTS

Au programme, les motos bien entendu, mais surtout les Racer 500 qui regroupaient les meilleurs pilotes du moment, emmenés par Harry Schell.

L’épreuve de vitesse pour les 500 se déroule en deux manches de 32 km et une finale sur 50 km.

13 pilotes sont inscrits et on trouve 5 constructeurs de spéciales :

  • Jean Bernardet sur J.B. Norton

Jean Debuire sur Debuire-Zündapp

Camille Hardy sur Hardy-Zündapp

Henri Otterbein sur Simca-Surva

Jean Terigi sur Terigi-Triumph

Louis Noverraz sur Cooper

Jean Pagibon sur Cooper

Harry Schell sur Cooper-JAP

Marc Azéma sur D.B.-Panhard

Elie Bayol sur D.B.-Panhard

Fernand Chaussat sur D.B.-Panhard

Joseph Novelli sur D.B.-Panhard

Louis Pons sur D.B.-Panhard

Au niveau ambiance, le mauvais temps qui avait duré toute la semaine et une série d’incidents en course avait privé l’A.C.D du grand succès que méritait leur organisation : simple, discrète mais efficace.

LES ESSAIS

Dès les essais, la veille au soir, les Cooper se révèlent les plus rapides grâce à la ligne droite relativement longue qui favorise la puissance plus que le pilotage.

On signalera trois incidents :

  • La panne de Bernardet
  • la voiture de Chaussat conduite par un de ses co-équipiers va heurter un trottoir.
  • La rupture de l’arbre de boite sur la Debuire-Zündapp. De ce fait, la voiture n’étant pas réparable sur place, jean Debuire ne prendra pas le départ.

Après deux éliminatoires sans histoire, la finale réunissait 10 voitures : 3 Cooper, 5 D.B., Otterbein et Terigi.

LA COURSE

Le départ est donné en plein centre ville avec en fond de paysage, la chaine de Belledonne comme on peut le voir sur la photo ci-dessous et pas encore polluée.

Dès les premiers tours, mon compatriote marseillais, Elie Bayol, était hors course !

Peu après, Novelli faisait connaissance avec les bottes de paille et Pons qui le suivait ne trouva pas l’ouverture et du coup la menace immédiate vis-à-vis des Cooper cessait donc.

Mais une autre menace allait peser sur elles grâce à la longueur de la course qui voyait quand même deux d’entre elles s’arrêter sur ennuis mécaniques.

Terigi et la voiture de sa conception, fit preuve d’un étonnant brio et d’une grande maniabilité grâce à son moteur positionné au centre de gravité mais aussi par sa boite de vitesse originale à 6 rapports (voir mon article sur cette voiture).

Cette Terigi était la seule à pouvoir suivre à distance respectable Harry Schell intouchable et promue à une belle deuxième place .

Hélas, sa prestation ne fut pas récompensée, car son embiellage le lâchait au dernier tour !

Du coup, c’est Chaussat qui récupérera la deuxième marche du podium,

Terigi montera quand même sur la troisième grâce à son écart de temps.

Côté spectacle, c’est Otterbein qui régala le public massé à la chicane par ses dérapages plus ou moins bien contrôlés.

Notons que Marc  Azéma terminera sa première course sur sa D.B. avec la fraicheur d’un sportif entrainé aux émotions des hautes altitudes.

Le record du tour est signé sans surprise par Harry Schell en 1’ 29’’ 4/10 à la moyenne de 88,19 km/h.

Charly  RAMPAL  d’après mes carnets « Racer 500 »