Ah la PL17 ! Je garde une véritable tendresse pour cette voiture, après la Dyna X et la Z6 dont je vous avais raconté les avantages et les déboires.

Peut-être parce que je l’ai connu à fond, puisque je l’ai utilisée à temps plein durant mes 16 mois d’armée ! Nous étions en 1966 / 1968

Après la Dyna Z6 dont je ne garde qu’un souvenir mitigé, mon père décida de passer à la PL17 toujours d’occasion afin que je ne le saoule pas avec ma passion pour Panhard.

Petite anecdote : lorsqu’après l’armée et après mon succès au concours de contrôleur à La Poste (tu seras fonctionnaire mon fils : le patriarcat quoi !) je fus affecté au centre de tri postal de la gare d’Austerlitz de Paris, ville que je n’ai plus quittée jusqu’à ma retraite, mon père débarrassé de ce trublion obstiné, alla chez Renault commander un R6 1100 toute neuve et déposa la PL17 à la casse, car personne n’en voulait à cette époque !

Panhard n’existait plus et il n’était pas encore question de collectionneurs passionnés.

Aussi cette PL17 restera pour moi LE symbole des voitures de mon père et de ma jeunesse.

C’était un modèle Luxe de fin 1961 bleu ciel avec intérieur en skaï bleu foncé et sièges séparés à l’avant d’un très grand confort et d’une bonne tenue en virage, ce qui me changeait de la banquette glissante de la Z6.

Mieux finie que la Dyna mais sans atteindre des sommets, elle était d’un confort et d’un silence peu connu sur les Panhard.

Evidemment, je n’étais pas dépaysé par son environnement intérieur, là encore très proche de la Z.

Le coffre arrière me paraissait avoir doublé avec ce capot qui englobait les ailes arrière.

Avant de la mettre en service, mon père grand bricoleur, avait décidé de changer l’embrayage (je ne sais plus pourquoi).

Pour cela, il l’avait emmené au garage de la l’Evêché (hôtel de police de Marseille où il était affecté en tant qu’inspecteur à la DST) pour le changer nous même.

C’est là que je commençais mes premiers pas dans la mécanique que je ne connaissais qu’en théorie.

Tous les samedis, nous passions la journée au tour de la voiture et dans ce cas particulier, pour enlever le moteur afin d’accéder au mécanisme concerné.

Et là, pourquoi ne pas en profiter pour nettoyer tout le compartiment moteur, les transmissions et la boite qui, comme on le sait, dégoulinent de graisse et d’huile avec cette étanchéité toute relative du couvercle de dessus de boite !

A coups de pinceau imprégné de gas-oil versé dans une grande moque posée par terre dans le compartiment moteur, nous nettoyons tous les recoins de cet espace surprenant de volume et qui me permettait d’y entrer et de m’assoir sur les tubes de la bête à cornes.

Pas de Leds à cette époque, et c’est une baladeuse branchée sur le courant alternatif du garage qui éclairaient nos ébats.

Et ce qui devait arriver arriva : accroché au capot, un geste maladroit la décrocha et sous le flash du court-circuit, elle tomba dans la moque d’où le gasoil s’enflamma instantanément !

Impossible de l’éteindre avec un de ces extincteurs accrochés au mur.

Heureusement, que nous étions dans ce local réservé à l’entretien des camions et voitures de police, qui en ont vu d’autres, et qui, pour un incendie  plus grave possédait ces gros extincteurs en forme de grosse boule posée sur des roues de vélo.

En quelques gestes bien ciblés, le feu fut maitrisé, mais les dégâts importants sur le capot et évidemment tout le faisceau électrique avant !

Après quelques minutes d’attente pour que cette fumée noire et toxique s’estompe (là encore merci la ventilation adaptée), le bilan, ne fut pas si terrible.

Par chance, le feu n’avait pas atteint l’habitacle, seuls les caoutchoucs des manchons de chauffage vers l’habitacle étaient roussis !

Du coup, il a fallut tout refaire et surtout la peinture.

Mon père eut la bonne idée de la faire repeindre complètement en passant au blanc neptuna : magnifique.

Une fois remise en état, nous pûmes en profiter pleinement avec cet incident en arrière pensée de bête blessée par notre faute, qui nous la rendait encore plus attachante.

Pour la rendre encore plus belle, mon père acheta et monta des pare-chocs  nervurés et les 4 baguettes d’ailes des dernières 17 qui lui donnaient  un look superbe et inédit surtout à l’arrière, que ces affreux sourcils !

LA JOIE DE SA CONDUITE

Avec cette PL17, je découvrais un nouveau plaisir de conduite.

Pourtant passer d’une Dyna Z à cette voiture n’aurait du être qu’une formalité, mais allez savoir pourquoi, je me sentais au volant d’une nouvelle voiture.

Peut-être à cause de la turbine qui avait supprimé les cliquetis ?

Peut-être à cause de son bourrage de laine de verre, l’insonorisation était nettement améliorée et le chauffage efficace ?

Même le moteur qui n’avait pas gagné en puissance était plus souple et bien équilibré.

La boite de vitesses aussi semblait nouvelle et même si la première n’était toujours pas synchronisée, elle passait facilement, si on faisait seconde puis première avec un double débrayage.

La quatrième par contre n’avait pas changé et il fallait la passer lentement en décomposant.

La marche arrière est aussi difficile à trouver, mais à force on s’habitue à tous ces petits défauts et si on les respecte, la boite devient très fiable : nous n’avons eu aucun problème avec elle durant notre vie commune.

Et pourquoi le nier, le plaisir était grand de conduire cette PL17 dont la tenue de route était merveilleuse, même par rapport à la Dyna Z6.

Pluie, vent, brouillard, verglas, enfin dans tous les phénomènes météorologiques hivernaux, notre PL17 roulait, comme le petit cheval dans le mauvais temps de Paul Fort et de Brassens…

Bien sûr, en conduite sportive, sa suspension est trop souple et en virage, on ne peut faire glisser l’arrière, mais elle n’est pas faite pour cela !

Par contre, c’est une bonne quatre places : nos gabarits ayant augmenté avec l’âge, trois à l’arrière devenait inconfortable.

Par contre quelle joie d’avoir enfin des portes avant qui s’ouvrent dans le bon sens et que l’on peut maintenir facilement en cas de vent contraire.

Un petit inconvénient dans le pays de Pagnol : l’ensemble de la colonne de direction reflète désagréablement dans le pare-brise sous notre soleil de Provence.

Mais quel plaisir de rouler en toute sécurité avec des freins dont les tambours en alu coulé sont solides et efficaces : rappelez-vous ceux en fonte de la Z6 qui cassaient…

Pendant mes 16 mois au Centre de Contrôle aérien de Zone d’Aix en Provence, combien de fois j’ai parcouru le trajet jusqu’à Marseille à 130 compteur, sans aucun problème.

Cette PL17 là, mon vieux… Elle est terrible ! Et même les filles ne s’y sont pas trompées !

Charly  RAMPAL      Souvenir attention danger…