1955 ne restera pas dans les annales Panhard : tous les dérivés du bicylindre engagés devront soit abandonner soit terminer dans les profondeurs du classement. Lors de ces tragiques 24 heures du Mans.

La nouvelle Monopole, s’inspire de la Panhard VM5 dont la ligne générale est magnifique et bien proportionnée, comme dessiné par le vent, donnant une impression de vitesse que le dessinateur Chevrier immortalisera sur une de ses toiles :

et de la nouvelle barquette Riffard, à conduite centrale qui avait posée un moment dans la cour de l’usine Panhard.

On remarque son profil en forme d’aile inversée destinée à la plaquer au sol. La queue arrière est bien plus longue pour diminuer la trainée. Un imposant et allongé repose tête très profilé, l’étroitesse du cockpit central (pour un meilleur maitre-couple) et le carénage des roues arrière soulignent encore la recherche aérodynamique qu’impose la longue ligne droite du Mans.

Cette Riffard avait une face avant qui se distingue par les doubles phares qui devraient augmenter la visibilité de nuit et par temps de brouillard.
Comme sur la VM5, l’entré d’air de refroidissement du moteur est limité à sa plus simple expression. Son extraction de faisant par deux ouvertures sur le capot et au-dessus de chaque cylindre, contrairement à la VM5 qui n’en possède qu’une seule dans l’axe central.

Bien entendu, l’effet de sol est conservé comme dans la version de 1954.

4 Panhard étaient engagées : 2 VM 5 portant les numéros 50 et 51 et 2 Monopole, portant les numéros 52 et 53 :

– La n°50 pilotée par les frères Chancel équipée d’un 850cc
– La n°51 pilotée par Cotton-Beaulieu équipée d’un 850cc
– La n°52 pilotée par Hémard-Flahaut équipée d’un 747cc
– La n°53 pilotée par Navarre-De Montrémy équipée d’un 747cc

On voit ci-dessous Pierre Chancel amenant la n°50 au pesage :

Les 4 Panhard abandonneront :

– La n° 53 à la 6 ème heure sur une rupture de canalisation d’huile
– La n° 50 à la 11ème heure sur problème d’alimentation
– La n° 51 à la 13ème heure sur problème de commande de boite
– La n° 52 à la 23ème heure sur sortie de route.

Pourtant Flahaut et Robert Chancel étaient confiants avant le départ (photo ci-dessous)

2 des 4 DB terminent, mais c’est une Porsche qui remporte l’indice de performance. La DB de Cornet-Mougin remporte malgré tout la victoire en classe H.

Paul Panhard décide que la marque doyenne ne doit plus s’engager directement en compétition comme elle le faisait à travers des voitures préparées par Pierre Chancel.

Panhard se tourne alors vers l’écurie Monopole lui accordant en quelque sorte le statut d’écurie officielle.

Les frères Chancel rejoignent l’équipe Panhard-Monopole, tandis que l’écurie obtient en propre des locaux à Achères où elle pourra développer ses nouveaux modèles.

Cela n’empêche pas la participation de propriétaire de Panhard-Monopole de s’aligner à diverses compétitions principalement avec la fidèle Mme Simon.

Elle participera au Rallye des Routes du Nord disputé les 12 et 13 février :

Elle remportera sa catégorie et la coupe des Dames au Rallye des deux Sèvres avec Hounfield.

Puis ce sera les 24 heures de Paris où, associée à Jean de Montrémy, elle termine 2ème de sa catégorie derrière une Panhard.

Aux 4 heures du Forez du 8 Mai 1955, elle remporte la catégorie 1.000cc avec Robert Chancel.

Pourtant dans cette catégorie, on compte la Simca de Raoul Martin et les 2 tanks Renault de Rosier et de Cognet, enfin la Renault Rispal de Raymond Rispal, qui, rappelons le, est garagiste bordelais et vient avec une barquette de sa réalisation dotée d’une mécanique Renault 4cv 750cc, bien préparée et qui a fort belle allure.

Du côté Panhard, l’opposition est forte.

On note la présence de Jean Damian sur une Panhard 850cc, une DB que son propriétaire Yvon Carlus a redessiné, Touzot, Marcel Picard et Cornet sur DB 750cc.

Cependant, Robert Chancel et Mme Simon partent favoris de cette catégorie.
En effet, la Monopole-Panhard est la voiture de 1954 type Le Mans (on n’est qu’au début du mois de Mai) et Chancel arrive avec sa belle carte de visite : recordman du monde de l’heure, 1er au bol d’or 51, 1er aux 12H de Reims et aux 12H du Maroc en 53, 1er aux 12H d’Hyères et aux 12H de Reims 54 ; 4ème au Mans en 52, 1er au Mans en 53, une fort belle réussite dans cette classe des petites cylindrées.

Un concurrent de grande valeur qui va affronter un concurrent engagé de dernière heure : Touzot sur DB spéciale, fraîchement auréolée d’une victoire dans sa catégorie aux Mille Miglia.

On voit ici la Monopole-Panhard conduite par Robert Chancel sur la bretelle de Terrenoire, avant le tunnel. On aperçoit derrière l’Osca de Laroche et la Salmson de Lotte-Michelet :

L’épreuve vous sera racontée plus en détail dans un article à part.

Cette année 1955 se termine donc sur la note sombre des tragiques 24 Heures du Mans dont la conséquence immédiate sera l’annulation des épreuves suivante comme le Tour de France, limitant ainsi le nombre des épreuves où Monopole-Panhard aurait pu se refaire.

Charly RAMPAL (Photos Panhard-Monopole)