Trois officiers français ont réussi l’exploit extraordinaire de relier le Cambodge à Paris en 40 jours à bord d’une Panhard !

Relier le Cambodge à Paris (16.000 km) , en 40 jours à bord d’une Dyna Z , tel est l’exploit qu’ont accompli trois audacieux officiers français : la capitaine Pailla (33 ans), le lieutenants Jacques de Lalande (31 ans) et Roland Bouzigues (30 ans).

Performance étonnante si l’on considère qu’il leur a fallu traverser trois déserts et de nombreux pays où les routes s’appellent pistes et où les rivières se franchissent autrement qu’avec des ponts…

Instructeurs auprès de l’armée du Cambodge durant 29 mois, ils furent rappelés en France en septembre1956.

C’est alors que tous les trois décidèrent de rejoindre Paris à bord de leur voiture personnelle : une Panhard.

Le 9 octobre, ils quittèrent Pnom-Penh, capitale du Cambodge. Dès lors les difficultés, dont la principale fut le mauvais état des routes, s’accumulèrent.

Par Bangkok, Singapour, Colombo, la Panhard gagna les Indes qui furent traversées du Sud au Nord.

Lahore, Béloutchistan ; l’Iran, la Turquie, où, à Ankara et Istanbul les trois officiers furent l’objet de chaleureuse réceptions, lesquelles ne le cédèrent en rien à celle qui leur fut faite à Sofia.

Puis, par la Yougoslavie, Trieste et Milan, la Panhard parvint sur les routes françaises et par Grenoble, Lyon et Dijon, relia Paris.

« Nos joies durant ce long et brillant voyage furent grandes, nous a déclaré la capitaine Pailla, mais nous eûmes une grande part d’inquiétudes et de peines. »

Vingt deux frontières ne se traversent pas aussi aisément que la Place de la Concorde au mois d’août. C’est ainsi qu’à l’une d’elles, entre Ceylan et les Indes, nous attendîmes près de huit heures le bon vouloir d’un douanier intrigué par un bidon de rhum que nous avions à bord.
Là se situe une amusante histoire qui vaut la peine d’être contée.

Le rhum ne peut franchir nos frontières déclara le douanier et, joignant le geste à la parole, il s’apprêtait à en verser le contenu dans la mer toute proche, lorsque le lieutenant de Lalande , lança malicieusement : goutez-le au moins !

L’intransigeant douanier y gouta si bien et nos trois hommes également, que quelques instants plus tard, la douane, la Panhard et tout ce qui les entourait prirent un air penché puis s’estompèrent.

Quelques heures plus tard, nos amis se retrouvèrent, sans savoir comment, de l’autre côté de la frontière..

A l’autre poste de douane, il fallut payer le douanier pour qu’il veuille bien consentir à faire son travail.

Aux Indes où les officiers s’arrêtèrent pour faire réparer le pare-brise, brisé par une pierre , le capitaine Pailla fit la connaissance d’un jeune étudiant pakistanais lequel entretint longuement l’officier sur les peintures françaises et notamment Picasso qui est, parait-il, très populaire au Pakistan.

« Ce qui me toucha le plus, nous a confié le lieutenant Bouzigues, c’est l’accueil chaleureux que nous reçûmes chaque fois que l’ont su que nous étions français.

En Serbie, par exemple, un vieux bulgare, assis devant sa maison et à qui nous demandions notre route, nous considéra avec un certain mépris, pensant que nous étions Serbes ou italiens, mais lorsqu’il apprit que nous étions français, il tomba dans nos bras et nous fûmes l’objet de nombreuses sollicitudes et d’une hospitalité touchante.

UN VERITABLE ENFER

Les difficultés majeures se situèrent en Thaïlande où notre équipage eut à traverser des routes inondées, aux Indes, où ils furent surpris par la mousson et sur les épouvantables pistes d’Iran.

Durant 3.000 km, ils traverseront un véritable enfer car ils roulèrent sur des pistes aux incalculables obstacles.

En quelques jours, ils passèrent par des variations de températures extraordinaires de 30° au Cambodge à -12° en Turquie.

Grace au refroidissement par air de la Dyna, elle ne risque ni gel, ni ébullition, même lors de parcours prolongés en deuxième ou même en première.

Mais comment c’était comportait la voiture ?

Les réponses jaillirent instantanément : « Très bien ! »

« Nous eûmes en tout et pour tout, nous déclara le capitaine Pailla, le pare-brise cassé et 5 crevaisons.
Notre Panhard fut sensationnelle. Elle a souffert croyez-moi ! Mais jamais elle n’a failli à sa tâche.
Sa faible consommation nous a évité de graves ennuis quant au ravitaillement en essence, notamment durant une partie du trajet où nous eûmes à couvrir 800 km sans rencontrer une âme.
Ni l’eau, ni la neige, ni le sable n’auront prise sur notre mécanique.
Nous lui avons fait confiance, mais elle ne nous a pas déçus.
Elle fut d’une incroyable robustesse.
Le moteur et la carrosserie Panhard se sont magnifiquement comportés et ont vaincu les milles surprises de ce long et difficile parcours ».

« Et dire, nous a déclaré le lieutenant Lalande, que c’est à notre arrivée en France que nous avons connu l’angoisse de ne pas trouver d’essence… Quel travail nous avons eu pour faire le plein de Grenoble à Paris ».

Et il eut la gentillesse de conclure : »nous avons ajouté la 751ème victoire au Palmarès Panhard et Levassor ! »

Charly RAMPAL (D’après la documentation d’usine).