Paul Armagnac a été l’un des meilleurs pilotes des D.B. Panhard. Avec Gérard Laureau, ils formaient un tandem et une grande complicité s’était installé entre les deux pilotes.

La carrière sportive de Paul Armagnac, je vous l’ai racontée dans un article mis en ligne le 12 novembre 2012

En cette année 2022, ce 20 octobre 1962, Paul Armagnac se tuait sur le circuit de Montlhéry, pendant les essais des 1000 km de Paris.

1962 : L’ANNEE DE LA RUPTURE

C’est l’année de la séparation des deux francs tireurs qu’étaient Deutsch et Bonnet, le D et le B de notre si chère marque sportive : D.B..

Si Deutsch restera fidèle à Panhard, René Bonnet va utiliser la mécanique Renault et créer sa propre marque « René Bonnet », avant de céder deux plus tard son entreprise à Matra.

Etait-ce une erreur ? Je vous ai raconté cette analyse dans un article publié le 10 octobre 2013 .

Paul Armagnac restera avec l’écurie D.B., engagé avec René Bonnet qu’il était avec son ami Gérard Laureau.

Tous les deux mirent les bouchées doubles pour mettre au point la nouvelle barquette René Bonnet en vu des 24 Heures du Mans où ils termineront seconds à l’indice de performance derrière la CD-Panhard de Guilhaudin / Bertaut.

Il participera également au Rallye de l’Armagnac avec Bernard Zubléna et à la course de côté du Mont Dore, toujours sur la barquette René Bonnet 1000.

Côté monoplace, il dispute le GP de Nogaro, son fief, sur Cooper de Formue 2.

Paul savait tenir un volant !

Au retour du Mont-Dore, il apprend le décès de sa femme suite à une hémorragie lors de la naissance de leur quatrième fille.

Ce terrible coup du destin, décida Paul à ne plus courir en circuit afin de ne pas mettre sa vie en danger, ayant ses filles désormais à son unique charge.

Cependant René Bonnet insista pour qu’il participe aux 1000 km de Paris pour permettre à Gérard Laureau de gagner le championnat de France.

Hélas, en ce 19 octobre nous apprenions par la radio, le terrible accident da Paul Armagnac aux essais.

A cette occasion, il s’était plaint de la tenue de cap de l’avant de la voiture à vitesse élevée : le moteur central arrière, contrairement au CD à moteur avant qui appuie sur la train avant, alors que sur la René Bonnet l’avant s’allégeait aux alentours des 200 km/h, un peu comme Pescarolo cause de son accident en 1969 où la Matra décolla.

L’écurie René Bonnet lui mis alors un sac de sable à l’avant, comme nous en mettions au temps des Dauphine Gordini, mais sans l’attacher.

A partir de ce moment là, Paul ne cessa d’améliorer ses temps jusqu’au moment de plus en plus rapide et en passant sur la bosse avant la cuvette de Couard, le sac de sable a été projeté, délestant l’avant.

L’air s’est alors engouffré sous la voiture qui s’envola…

Le journaux de la presse automobile s’emparèrent de ce fait de course pour essayer d’en connaitre les causes, pourtant bien expliqué par Roger Masson présent dans le stand.

Ainsi on pourra lire dans l’Equipe du lundi 22 octobre 1962 sous la plume de Pierre About :

« C’est en abordant la cuvette de Couard que la René Bonnet que pilotait avec sa dextérité habituelle Paul Armagnac, a quitté la piste samedi quelques minutes avant la fin des essais, à cet endroit du routier qui est si délicat, mais qu’un pilote de métier corner Armagnac sait franchir sans commettre de faute de conduite.

La voiture vient d’être ralentie par un premier coup de frein qui pour une 1000 cm3 expérimentale fait tomber la vitesse de 200 à 170 km/h environ.

Puis au moment où la voiture plonge en sautant dans la cuvette, le pilote lâche le frein pour ne pas bloquer ses roues, il prend bien soin de garder sa voiture en ligne, avant de recommencer à freiner.

Pour Armagnac, il est probable que la voiture, après ce léger saut, n’est pas revenue correctement pour prendre contact avec le sol.

En tout cas, déséquilibrée, elle se mit immédiatement en travers de la piste, alla toucher le talus du côté droit et s’immobilisa 50 mètres plus loin, après s’être retournée plusieurs fois.

Pourquoi la René Bonnet de Paul Armagnac a-t-elle été déséquilibrée à cet endroit du circuit qui fait particulièrement ressortir les qualités et les défauts de conception des voitures, surtout en ce qui concerne la suspension, la répartition des poids, en un mot la tenue de route ? »

Le 8 octobre dernier (2022) a été déposée sur le circuit de Nogaro une plaque « Lieu de l’Histoire Automobile » par la Fédération Française des Véhicules d’Epoque. 

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Pour nous, panhardistes sportifs et Débéistes Paul Armagnac restera à jamais gravé dans nos cœurs et notre mémoire…

Charly  RAMPAL