ALAIN GAWSKI : IL EST ENTRE DANS LA LEGENDE

Pour combler le silence assourdissant ayant accompagné la mort le 22 septembre dernier d’Alain Gawski, l’ensevelissant une seconde fois, j’ai demandé à son épouse, Anne-Marie de me raconter Alain côté sport en illustrant son épopée à travers quelques clichés marquants d’une photothèque impressionnante.

Authentique passionné de bel ouvrage, il savait pratiquement tout faire de ses mains. Une intelligence rare, calme dans son travail et pragmatique, au service d’une scrupuleuse droiture. Un « honnête homme » au sens littéral du terme. Très grand, mince, très tôt doté d’une belle chevelure grisonnante qui lui donnait fière allure, il était d’un abord un peu bourru qui cachait un cœur énorme pour ceux qu’il aimait. Il s’avait juger les gens qui le courtisaient et peu faisaient partie de sa garde rapprochée : le clan Gawski était né.

ALAIN : RACONTES-MOI TES DEBUTS !

Notre première rencontre eu lieu au Castelet en 1995 où je venais étrenner ma MEP X2 fraichement acheté à PM Fournier. Je sortais de 8 années de compétitions avec ma 24 CT rouge dans le plateau des « Tourismes » avec des furieux allant de la Ford Mustang aux Morris Cooper.

Je connaissais la chanson, mais me retrouver dans ce plateau des monoplaces dominé par la « secte Gawski » n’était pas chose facile. Il n’était pas question de nuire à ses protégés. Ce que j’appris à mes dépends quand j’eu l’occasion de taquiner Karim en le poussant légèrement pour reprendre une place dans le peloton. Mal m’en a pris, car à l’heure de l’apéritif, je vis soudain arriver comme une légion romaine le « clan » emmené par « Le grand gourou» !
Après explication réciproque, nous avons pris le verre de l’amitié ensemble, mais je n’étais pas encore estampillé « Gawski Racing Team ». Il aura fallu quelques courses pour qu’un jour il vienne me chercher de dessous ma bâche tendue entre ma BX et ma remorque, seul sous la pluie du Vigean ! « Je vois que tu es un pur, me dit-il, vient avec nous, ne reste pas tout seul ». Je fus baptisé « le SDF ». Depuis ce jour là, nous ne nous sommes plus quittés et une grande amitié est née.

Après ma déconvenue de toute une saison avec un moteur préparé par Michel Normand, Alain me proposa ses services. Avec un de ses arbres à cames, le n°2 « pour les Amis », me dit-il, il réalisa en une journée un moteur fantastique que je montais sur ma MEP, soudainement transformée. Il en fit de même pour Gégé. Il ne nous demanda jamais un sou, impensable dans ce milieu ! Toujours soucieux de notre bien être, il me prodiguait des conseils ou des engueulades, mais ça finissait toujours dans les bras l’un de l’autre.

Les costauds avec leur X27 étaient devant, seuls Alain, Bernard et arrivaient à suivre et même à les dépasser. Mais derrière je m’amusais bien au cœur de bagarres mémorables avec Anne-Marie surtout, mais aussi avec « Hibernatus », Le Foll, Payen, Apied, etc…

Au Mans Classic 2008, nous étions côte à côte, lui avec la barquette à Nono et nous avec le DB HBR de Gégé. Le capot ouvert, il inspecta les lieux : « Les gars, vous avez 36 raisons de tomber en panne ! » Une à une, il nous les fit éliminer et demanda même à David son mécano, de nous aider ! Viril, mais correct : ça c’était Alain Gawski ! Pas un des 350 pilotes présents et tous concurrents n’aurait eu ce geste où le chacun pour soi est la règle principale. Lui, c’était sur la piste, au volant et à armes égales qu’il fallait prouver son talent. Et du talent, il en avait à revendre : on ne compte plus ses podiums !

SON PLUS BEAU PODIUM : MONTHLERY 1998

Car ce qui le faisait vibrer, c’était la compétition sur deux, trois puis quatre roues et ses copains !

Les amoureux des courses de monoplace bleue, ne se sont jamais vraiment rendus compte de toute la place qu’avait eue le Plateau des MEP/ Monomills dans le cœur d’Alain. Il le portait à bout de bras malgré les attaques venues de toutes parts.

Jusqu’au bout du possible, il aura défendu ces frêles insectes et ses copains pilotes. Blagueur à souhait, aimant la vie par tous ses bouts, il mettait une ambiance de feu dans les paddocks : Il donnait à l’automne un goût de printemps !

De par sa taille, il dominait son monde, toujours la tête dans les moteurs, ceux des copains surtout, car il n’était pas question d’abandonner.

Vous ne pouviez pas le louper vous n’aviez qu’à suivre ses coups de gueule : « Putain les gars, mais sortez vous les doigts du cul bordel !!!!! »

Il n’arrêtait jamais, toujours a racontez des histoires à la con pour faire marrer son entourage et si vous le preniez mal, alors là, il vous mettait KO !

C’est sur le circuit du Bourbonnais en Août dernier qu’il me prit une dernière fois par l’épaule et me dit : « Charly, ça ne va pas, je dois faire une dépression, la maladie d’Anne-Marie, la mort de ma jument en sont peut-être la cause… ». Pour la première fois, il ne montera pas dans son Monomill , mais ça lui fit du bien de retrouver son monde.

Le 29 août, j’ai eu très peur de le voir pour la dernière fois !

Il s’est éteint quelques jours après, la tête pleine de projets nouveaux, pour rejoindre les immensités infinies des « justes ».

« Ne pleurons pas la disparition de l’être aimé, mais au contraire, réjouissons nous de l’avoir connu … » K. Gibran .

A mon Ami, Charly RAMPAL