La MEP X2 vendue pour le Critérium de Formule Bleue, se présente comme une monoplace très fine dont la remarquable finition surprend agréablement.

La ligne est pure, seul le nez effilé peut surprendre mais il est dû à l’absence de radiateur et contribue à l’aérodynamisme de l’ensemble.

Pour à peine plus d’un million en 1970, la voiture est prête à courir, il manque seulement un extincteur et une ceinture de sécurité !
Le coupe-batterie extérieur est en place. Un coup d’œil sur les niveaux, un coup de pouce sur le démarreur style 403 Peugeot et le compte-tours s’ébranle.
Le grand défaut que l’on reprochait à cette voiture éclate immédiatement aux oreilles : le bruit. Le bicylindre Panhard n’a jamais été sur ce point égalé, mais pour nous panhardistes cela ne nous dérange pas ! Mais, ce son incomparable a sans aucun doute, fait du tort aux monoplaces de Formule Bleue. Il sera remédié avec l’apparition de la X27 à moteur de GS.

En revanche, l’endurance de l’ensemble mécanique est irréprochable. N’étant pas modifié, le moteur conserve ses qualités de série et l’absence de circuit de refroidissement par liquide ajoute un avantage important. Pas de radiateur ni de durits, pas de fuites.

Le « baquet » d’origine est en fait un rectangle de skaï rembourré, épousant la forme du réservoir d’essence situé dans le dos du pilote.

Le volant de très petit diamètre possède une jante épaisse. Le tableau de bord possède un compte-tours mécanique bien lisible et précis, un témoin de contact, un manomètre de température d’huile et un autre de pression d’huile (l’architecture du groupe motopropulseur est telle, qu’il fonctionne avec l’aiguille à peine décollée du zéro à chaud).

Le levier de vitesse tout petit tombe bien en main. La grille est celle des berlines 3CV Citroën inversée, C'est-à-dire première en haut à gauche, seconde en bas au milieu, troisième en haut face à la deuxième, quatrième en bas à droite (attention au début, dans l’excitation à ne pas reprendre le rapport inférieur).

Les rétroviseurs d’origine obligent à pencher la tête et ont tendance à vibrer.

Le pédalier est bien disposé, les pédales sont réglables et chaque individu trouve sa position qu’elle que soit sa taille.

Bien entendu, la mousse que chacun rajoute de ci-de-là, joue un grand rôle et fait partie de la préparation.

En montant régulièrement les tours à partir de 3.000 tr/mn jusqu’aux 6.500 tours autorisés, il faut un bon moment pour prendre en main les différentes commandes, comprendre la voiture et connaître ses réactions suivant les positions de la barre antiroulis arrière. On peut jouer aussi sur le carrossage et le pincement, c’est permis, mais c’est tout ce qu’on peut faire.

La voiture doit demeurer parfaitement conforme à ce qu’elle est le jour de sa livraison, toute incartade étant sanctionnée d’un pur et simple retrait de licence !

L’important pour un débutant et de multiplier les kilomètres avec sa voiture, avant la première course et pendant las saison.

L’expérience est, lorsque les voitures sont identiques, un facteur énorme de succès. Avant chaque épreuve, il faudra procéder à une révision méthodique : vérifier le point d’avance et l’écartement des vis. Contrôler les tiges de culbuteurs, allergiques aux surrégimes et les jeux des soupapes.

Sur sa remorque, la MEP peut vibrer, il faut resserrer les écrous importants et examiner les réglages des trains.
La pression des pneus ne doit pas être négligée non plus.

Graissage complet enfin.
Si la voiture est bien entretenue, il ne s’agit que de quelques minutes.

Les plaquettes de freins d’origines sont bonnes mais la plupart des pilotes préféraient monter des ABEX plus endurantes à la chaleur et que la firme offrait gracieusement.

Celui qui n’a jamais roulé en monoplace ne peut pas savoir, pas même imaginer ce que c’est.
Assis au raz du sol, entouré d’un tas de roues ennemies, assourdis par le bourdonnement des moteurs qui chauffent, c’est le frisson qui court le long du dos, l’angoisse du départ.

4.500 tours/mn. Le drapeau s’abaisse ou comme aujourd’hui, les feux rouges s’éteignent. Embrayage. C’est parti. On se frôle à se toucher. Premier freinage. Celui qui n’a encore jamais couru laisse passer. Tous les « anciens » sont devant. Quelle école ! Surtout que le dixième au premier passage, n’a guère de chance de revenir aux avant-postes.

La voiture tient remarquablement la route, ses réactions sont saines. J’ai toujours roulé avec des XAS FF, mais je serai curieux de voir ce que les Dunlop SP Sport que nous avons sur le coach vaudraient sur la MEP, car je les ai trouvé supérieur sur le coach.
Dans le plateau MEP-Monomill, ils nous étaient interdits pour un soi-disant équilibre des performances avec le Monomills qui les utilisaient. Mais nous, les X2 (Mace, Dantan et moi) étions les bâtards de l’affaire, situés entre les Monomils et les X27 : nous avions tout à perdre.

Le freinage est parfait à condition que la purge ait été bien faite, sans quoi une ou plusieurs roues bloquent.

A la descente de la voiture, pardon, après s’être extirpé du fuselage, les membres font mals, l’entrainement physique est primordial, surtout à 67 ans !

Les X2 de Formule Bleue faisaient à l’époque à peu près les mêmes temps que les FF avec 54 cv contre 105 ! Comment se fait-il ? J’aimerai que les détracteurs inconditionnels de la Formule Bleue me répondent !

LES PILOTES

La Formule Bleue était une grande famille. Au début de la saison, de petits groupes se formaient, par région surtout. Il faut remarquer que bien souvent celui qui achetait une MEP était le meilleur de son Club. Il avait déjà connu quelques succès, en rallye par exemple.

Ils connaissaient un seul circuit sur lequel, à force d’entrainement, ils réalisaient de bons temps. Mais quand le plateau de la FB venait dans son jardin, tout changeait et le « champion « local redescendait sur terre et se mettait à parler avec les autres dans le même bain !

Mais le moral était toujours au beau fixe et à mi-saison chaque adversaire était devenu un copain, ainsi que ceux qui l’accompagnaient, souvent les mêmes : Les amies, petites-amies, femmes, enfants etc…

Les impressions étaient échangées : les pilotes de Formule Bleue avaient des buts différents mais la même passion de la course.

Certains venaient se jauger, par rapport à eux-mêmes et aux autres. D’autres désiraient passer plus tard à la FF et à la F3 et… la MEP était un premier échelon.

Une dernière catégorie enfin considérait, et c’était très important, la Formule Bleue comme la seule possibilité de pratiquer le sport automobile en tant que sport à moindre frais.

Tous ceux qui couraient ne voulaient pas forcement devenir professionnels. Les MEP X2 étaient donc très proches les unes des autres et les hommes seuls faisaient la décision.

La plupart de ceux qui cherchaient une excuse à leurs mauvaises performances n’étaient pas sincères.

La voiture ne regorge pas de chevaux et n’est pas très rapide mais il faut savoir s’en servir correctement. Chaque freinage en fournit la preuve et c’est là, avec des trajectoires et des glissades contrôlées au millimètre que les eux champions de l’époque, Couderc et Dubos, faisaient la différence.

Derrière, dix pilotes se tenaient à un poil près et tournaient régulièrement à quelques chouia des temps des deux leaders. Après ce groupe, ce sont ceux qui traînent la poisse, ceux qui n’avaient pas le temps de participer à un assez grand nombre d’épreuves pour rester « dans le coup », enfin, ceux qui ne sauront jamais rouler en peloton.

Fiche technique de la Formule Bleue :

Charly RAMPAL