Poursuivons la saga des pilotes MEP de la saison 1970. Après Couderc et Gougeon, les têtes d’affiche, tournons-nous vers Gardet, Guinand, Jaeger, et Picolet.

En troisième du classement final du critérium :

JEAN-LOUIS GARDET

Agé de 25 ans en 1970 ; maçon à Boisseron, il court depuis cette année.

Cette saison, il a participé à 12 courses en circuit et 11 en course de côte.

En 1969, Jean-Louis Gardet participe aux cours de pilotage de l’école Windfiel et il est sélectionné parmi les 20 meilleurs élèves.

Attiré par la Formule France, il parvient à trouver un contrat publicitaire mais les inscriptions sont déjà closes.

Il se tourne alors vers la Formule bleue dont il pense le plus grand bien pour améliorer son expérience en course, mais il n’est pas totalement satisfait : »C’est la seule formule de promotion. Mais qu’appele-t-on promotion ? Les pilotes ne sont pas suivis, et s’ils n’ont pas le soutien et l’argent nécessaires, ils n’ont que la possibilité de recommencer en MEP. »

Pour les futurs pilotes, c’est en effet bien triste. Conquis par l’ambiance, il avait tenu à rendre hommage à Frédéric Jaeger : »Deuxième du championnat, alors que j’étais troisième, il me prêta à deux reprises la pièce qui me permettait de participer à l’épreuve. »

Quant à la MEP X2, elle-même, sa tenue de route en fait une excellente auto d’initiation : « La MEP, qui est, après l’école de pilotage, le meilleur test par sa tenue de route d’un degré élevé, ne m’a, je dois le dire, rien appris sur le plan pilotage. Elle restera cependant la solution idéale pour celui qui peut se permettre financièrement de faire une saison de Formule bleue. Ensuite, il faut trouver un mécanicien suffisamment compétent pour accomplir le minimum exigé par la voiture.
Maurice Trintignant, qui m’a beaucoup aidé, me fit connaître Vaxelaire, un mécanicien très sérieux établi à Nîmes. La saison allait bientôt finir, mais sans son aide, j’aurai été contraint d’abandonner. »

Des problèmes mécaniques, Jean-Louis Gardet en rencontra beaucoup, même si la MEP est remarquable par sa solidité et sa facilité d’entretien, et le seul reproche qu’il puisse adresser aux organisateurs est le manque de matériel mis à la disposition des pilotes.

Bien qu’ayant dépensé environ 18.000 F au cours de la saison, Jean-Louis Gardet a eu la chance de trouver un contrat publicitaire de la société « Royal Canin » qui lui a permis de continuer : « j’ai eu la chance inouïe de me voir confier une voiture. Mes camarades, qui eux achètent leur matériel, devraient exiger qu’une sélection soit faite parmi les pilotes. La course devrait être prise plus au sérieux. »

Sa déception sera vite oubliée, puisque Jean-Louis Gardet passera l’année suivante en F3 grâce à son contrat publicitaire.

GERARD PICOLET

Agé lui aussi de 28 ans , mécanicien à Macon, il court depuis 1964.

Sa saison 1970 de Formule bleue, se réduira à 9 courses en circuit et 14 courses de côte.

Gérard Picolet a partagé sa carrière entre les épreuves sur pistes et les courses de côte.
« Sélectionné à l’opération Ford-Jeunesse, j’ai participé à quelques courses de côte avec une Lotus Seven prêtée par l’AC du Rhône, puis avec une R8 Gordini 1100 personnelle.
J’ai couru en MEP ensuite, sur la voiture de l’école de pilotage du Sud-Est, sous le contrôle de M. Bonnet de l’Ecurie Noire. »

Comme la majorité des pilotes, c’est en fonction du prix de revient qu’il a choisi la Formule Bleue mais aussi « pour l’amour de la monoplace ».

Se consacrant presque exclusivement à cette Formule, Gérard Picolet avoue son intérêt au caractère promotionnel de cette compétition et est conscient des nombreux enseignements que lui procure chaque course.

« Le fait de courir pratiquement tous les dimanches, du mois d’avril au premier novembre est excellent. J’ai obtenu beaucoup de précision et de sureté dans ma conduite. De plus, j’ai complété mes connaissances en ce qui concerne les réglages de suspensions et des mises au point des moteurs. »

Gérard Picolet après un début de saison difficile du à son moteur non rodé, s’est déchainé au cours de la saison et, bien qu’il ne soit pas sorti de la route, il se remémore une série de tête à queue, notamment à l’épingle du Faye à Monrthléry et à la course de côte du Pertuis où il a passé la ligne d’arrivée en marche arrière à la suite d’un dérapage sur le goudron fondant.

Le manque d’argent l’obligera à rester en Formule Bleue mais avec une X27 fraichement promue.

FREDERIC JAEGER

Agé de 22 ans, il court depuis 1969.

Sa saison 70 se résume à 9 courses de côté et 16 en circuit.

Collectionnant les premiers prix aussi bien que les places d’honneur en début de saison, Frédéric Jaeger a soudain été victime de malchance et s’est vu relégué peu à peu à la cinquième position du classement du critérium de Formule Bleue.

C’est après la course de Bergerac qu’il a connu de graves problèmes sous la forme de pannes de moteur.

Si ce type de compétition lui plait en raison de son prix et de ce qu’il apprend, il souhaiterait avoir une voiture plus puissante.

Allant de difficulté en difficulté, il pense que les metteurs au point auxquels il s’est adressé étaient, soit peu consciencieux, soit peu qualifiés, et sa saison en fut très contrariée.
Son bilan financier reflète fidèlement l’ampleur des problèmes auxquels il a du faire face.
Ainsi, 15.000 F d’entretien et de réparations lui ôtaient tout espoir d’équilibrer ses dépenses et ses gains.

Sa participation lui coute ainsi 30.000 F sans compter l’acaht du matériel ; mais il reste persuadé qu’une saison en Formule Bleue peut rester d’un prix abordable. Déçu, certainement, Frédéric Jaeger est satisfait de ses résultats obtenus en début d’année : « Je me suis redu compte que j’étais capable de gagner avec un matériel qui marche. »

Loin d’être découragé, il ne pense, au contraire, qu’à continuer dans la même voie : « Pour quelqu’un qui veut faire son métier de la compétition, une saison de MEP suffit. »

FRANCOIS GUINAND

Agé de 24 ans, étudiant à Paris, il court depuis cette année 70.

Sa saison l’a vu participer à toutes les courses en circuit et à 4 courses de côte.

François Guinand avait trois semaines d’entrainement à Nogaro pour toute référence, lorsqu’il se présenta à la première épreuve.
Ses meilleurs résultats, il les réalisa au circuit Paul Ricard où il termina second à deux reprises, derrière Couderc :

mais aussi à Monthléry où il prit une brillante troisième place.

Deux raisons l’on conduit à choisir la Formule Bleue pour débuter : « J’ai acheté une MEP pour son faible prix et son entretien facile, mais je désirais également m’initier à la compétition sur une auto pas trop rapide. C’est une excellente formule de promotion, exception faite du manque d’accélération du moteur Panhard. »

Favorablement impressionné par l’ambiance qu’il découvrit, François Guinand émet toutefois une réserve : »L’ambiance était vraiment sympathique. Personne ne refusait d’aider un autre pilote – sauf peut-être sur la piste ! Je pense qu’elle aurait pu être encore meilleure s’il y avait eu des démontages plus nombreux et surtout, complets et sérieux. »

Connaissant des problèmes de mise au point du moteur et surtout de réglage du freinage, ce fut une très bonne expérience de pilotage : « J’ai à présent, quelques notions sur les réglages du châssis (hauteur de caisse, pincement, carrossage, barre anti-roulis) et j’ai appris à rouler en peloton. Je connais aussi quelques astuces d’aspiration, de trajectoire. »

Comme tous les pilotes, il a fait son bilan financier : « j’ai dépensé plus de 10.000 F en comptant les frais de déplacement, les hôtels, les restaurants, et tous les autres frais. »

Son moral est de nouveau excellent, après les deux dernières courses durant les quelles il lutta avec les meilleurs.

Charly RAMPAL sur des croisements de divers documents d’époque