LES LEÇONS DES 12H DE SEBRING 1952
Vainqueur en Floride aux 12 Heures de Sebring, épreuve d’endurance calquée sur les 24H du Mans, René Bonnet obtient ainsi la preuve éclatante des possibilités de ses automobiles dans les courses internationales et la reconnaissance de ses pairs.
Leur présence dans les épreuves sportive à l’étranger ne peut que leur être profitable. C’est donc à partir de cette date du 12 mars 1952 que l’équipe DB a obtenu ses lettres de noblesse en sortant du cadre étroit de l’hexagone.
Cette deuxième épreuve d’endurance et de vitesse des 12H de Sebring avait recueilli environ 45 engagés. 31 seulement prirent le départ par suite des forfaits et, en dernière, en raison d’un violent orage, qui contraignit les organisateurs à retarder la course d’une heure.
Treize furent classés à l’arrivée, la plupart des favoris américains, dont Spear sur Ferrari, durent abandonner laissant la victoire à la distance aux Britanniques Grey et Kulok, sur Frazer-Nash, 1.971cm3, couvrant 1.213 kl 580 et, à l’indice de performance, à Bonnet-Cook, sur DB-Panhard 750 cc, couvrant 1.129 km 800.
Deux DB étaient au départ. Une seule a réussi à se classer brillamment, celle de René Bonnet que l’on voit ci-dessous posant avec sa femme :
la seconde étant 12ème à la distance.
Cette seconde voiture était primitivement celle que pilotait Bonnet, mais un malencontreux incident avec sa dynamo amena notre compatriote à prendre la voiture de Morehouse et Lansing et à terminer victorieusement la course.
S’il convient de féliciter Bonnet de ce succès, il faut aussi associer dans les louanges, tous ceux qui ont contribué avec lui, à la mise au point et à l’équipement de la voiture.
Au tout premier plan, M. Jeudy des « soupapes Jeudy » mérite d’être félicité pour la sportivité dont il a fait preuve. Avec lui René Bonnet a fondé l’écurie « DB-Jeudy » et, grâce à lui, il a pu rallier l’Amérique et s’y distinguer. On le voit ci-dessous entre les deux voitures :
Cette victoire rejaillit également sur Panhard, créateur du moteur Dyna (merci Louis Delagarde) qui, aménagé par René Bonnet a fait merveille pendant 12 heures. Pour Panhard, la victoire de Sebring sera un sérieux motif de satisfaction et c’est avec plaisir que MM. Paul et Jean Panhard rappelleront à cette occasion qu’en 1904 exactement Panhard inscrivait déjà son nom au palmarès d’une des plus grandes épreuves américaines : la Coupe Vanderbilt.
Avec DB et Panhard, tous les équipementiers français sont mis à l’honneur. En effet, Marchal, qui triomphait il y a quelques mois dans la course Panaméricaine au Mexique, avec les Ferrari, est cette fois encore à la première place puisqu’il équipait, en projecteurs Equilux, bobine et bougies la voiture victorieuse, Celle-ci avait, en outre, des soupapes Jeudy, des amortisseurs Houdaille, un carburateur Solex et des pneumatiques Dunlop, pour lesquels ce succès aura les plus heureuses répercussions dans le milieux sportifs et de l’automobile des Etats-Unis.
Entre autres leçons, la victoire de la petit DB-Panhard de Deutsch et Bonnet confirme le potentiel de l’équipe de Champigny que l’avenir viendra confirmer au-delà de toute espérance.
En remportant cette course rendue particulièrement difficile par l’âpreté de la lutte d’une part, par les conditions atmosphériques de l’autre, René Bonnet a non seulement bien servi ses intérêts propres, ceux de l’industrie française toute entière, mais encore et surtout la propagande de notre pays en mal de reconnaissance au sortie de la guerre.
Bonnet fut un merveilleux ambassadeur et les propos, comme les écrits qui ont suivi sa victoire, montre que la France ne doit pas négliger toutes occasions d’aligner dans les épreuves internationales d’automobiles des engins de notre production.
En effet, comme la montré leur prestation à Sebring, ceux-ci, en s’affirmant égaux et parfois supérieurs aux autres productions étrangères, apportent à des publics ignorants de nos capacités la preuve qu’on sait aussi, ailleurs qu’en Amérique, faire de belle et bonne mécanique.
Ces enseignements sur le plan sentimental, on peut les tirer également sur le plan de la réalité.
En effet, en ce début des années cinquante, le marché renaissant de la voiture de sport aux Etats-Unis tournait ses yeux vers l’Europe, où les industriels ont réalisé des mécaniques aux ressources considérables. Ferrari en Italie, Jaguar, Allard, MG, Riley ou Morris en Grande Bretagne, cherchent leur voie et pensent à résoudre tous les problèmes que pose la vente de leurs voitures.
Après le succès de la DB-Panhard de Bonnet – succès qui a suscité un énorme intérêt dans les milieux sportifs des Etats-Unis – on devrait chez nous exploiter à fond le bénéfice d’une telle victoire.
Comme nous le vivrons dans les années suivantes, DB exportera beaucoup aux Etats-Unis et on assiste depuis quelques temps déjà au retour de « nos » voitures par l’intermédiaire de nos correspondants : James Bandy ou Jacques Grelley : preuve du succès de cette marque française sur le nouveau continent.
Charly RAMPAL