Le 14 mars 1967, les 20 premières MEP étaient présentées sr la place de La Concorde.
Leur voisinage avec l’Obélisque n’étaient pas leur vocation première et elles ne tardèrent pas à démontrer qu’il fallait compter sur elles.

Après la brillante saison 69 où Roger Dubos survola le championnat et passer à l’échelon au-dessus, laissant la porte ouverte à un autre brillant successeur : Alain Couderc.

Durant toute la saison 1970, les mépistes se sont mesurés aussi bien sur les circuits qu’en course de côte.
La lutte fut acharnée, et Alain Couderc domina souvent les épreuves, il n’était jamais à l’abri d’une faute.
A chaque nouvelle épreuve ses rivaux et néanmoins amis, ne se sont pas privés de l’attaquer à l’occasion d’un freinage ou d’un virage délicat à négocier, et de fameuses empoignades animèrent les épreuves.
Quelque peu délaissés autant par le public que par les spécialistes, les pilotes des petites voitures bleues se sont bien vite imposées et ont fait l’unanimité, quant à la valeur de leurs efforts, de leurs talents et de leurs performances.
Les organisateurs eux-mêmes ont, au fur et à mesure, consenti à donner le départ à des heures où les spectateurs étaient encore sur le circuit, ces spectateurs qui se sont rapidement passionnés pour cette formule de promotion.
Le mot est lâché : promotionnelle ou simple défouloir pour amateur en manque de moyen ?

Bon nombre de mépistes ont prouvé en cette année 70 qu’ils avaient l’étoffe de pilotes valables pour passer à la Formule France qui a été le véritable tremplin vers une carrière sportive de haut niveau.

Handicapée par le moteur Panhard en raison de sa conception même et du bruit ingrat dont il est l’auteur, la MEP X2 s’effacera en cours de saison au profit de la nouvelle création de M.E Pezous : la MEP X27 à moteur GS.

Mais, ce qui a fait sa force tout au long de cette saison 70, c’est l’ambiance extraordinaire qui a régné au sein de « leur Formule » grâce à Raymond Audiger, clé de voûte de cette organisation. Une ambiance que nos animateurs d’aujourd’hui, les Gayraud et Honoré Durand’ essayent de conserver en fil rouge.

Cette saison 1970 a donc établi le classement suivant :
1er – Couderc
2ème – Gougeon
3ème – Gardet
4ème – Picolet
5ème Jaeger
6ème Morello
7ème – Guinand
8ème – Tholin
9ème – Gonnétant
10ème – Benoit
…..

Faisons donc connaissance de la plupart d’entre eux.

LES PRINCIPAUX PILOTES 1970

A tout seigneur tout honneur, commençons par Alain Couderc.

Agé de 23 ans à cette époque, il est aide-comptable à Bordeaux et court depuis 1969.

Tout a commencé pour lui en 1969 donc lorsqu’il débuta sur une NSU groupe 2 (encore ? Eh oui… ! NSU un jour, NSU toujours…) avec laquelle il obtint quelques victoires de classe, n’ayant pour toute expérience de la compétition que les tours de piste effectués en 1968 à Nogaro au cours des stages de pilotage.

Très attiré par la piste, mais ne disposant pas des fonds nécessaires à une saison de Formule France, le futur champion de France a fait l’acquisition d’une MEP pour 1970.

Dès les premières courses, la petite voiture 19 allait truster les premières places.

Sans être exempte de défaut, cette Formule représente un grand nombre de qualités : l’ambiance qui est excellente et, si le manque de puissance du moteur Panhard empêche de doser avec l’accélérateur dans les virages, on apprend à piloter une monoplace et à rouler en peloton.
Un autre point positif est la solidité du moteur Panhard. A ce titre Couderc n’a eu pratiquement aucun problème et n’a jamais démonté son moteur en cours de saison.

En cette saison 70, Alain Couderc s’est uniquement consacré à la Formule bleue à travers 17 courses en circuit et 5 courses de côte.

Depuis l’âge de 15 ans il en rêvait et la révélation de sa passion lui vint un jour où il trouva, par hasard sur une revue, de magnifiques photographies en couleur représentant les voitures des 24 Heures du Mans.

Cette passion latente se mua bien vite en désir irrésistible.
Sa détermination et sa persévérance, malgré les obstacles qui paraissaient insurmontables, l’on conduit en cette fin de saison sur la plus haute marche du podium.

Animé tout au long de l’année par la volonté de vaincre, de gagner chaque course, Alain couderc pense que s’il allait vite, c’est parce qu’il freinait bien.

Dans une Formule où pilotes et machines sont si près les uns des autres, où chaque adversaire se bat à armes égales, il est bien difficile de s’imposer et si Alain est parvenu à le faire, cela est dû en grande partie à sa volonté de ne pas se contenter de ses premiers lauriers.

Alain Couderc se souvient de sa saison : « ce qui m’a marqué tout au long de cette année, ce sont, bien sûr, les déceptions causées par les sorties de routes, mais je n’ai pas connu de véritables émotions.
En fait, j’ai été très affecté par l’accident de Rouen. Ce sont les satisfactions dont on se souvient volontiers et mes victoires de Pau et Nogaro sont encore présentent à mon esprit. J’ai également été très heureux de courir au circuit Paul Ricard que j’estime être le numéro 1. »

MARCEL GOUGEON

Agé de 28 ans en 1970, Marcel Gougeon est essayeur de pneus à Istres. Il ne pilote que depuis cette année.

Cette saison, il a participé à 20 courses en circuit et 7 en côte. Il a été finaliste du fameux Volant Schell.

« J’avais l’habitude de conduire, avoue Marcel Gougeon, mais pas de la compétition.
Ma grosse surprise fut de remarquer que, si j’étais sûr de moi, l’auto comptait pour moitié des résultats. »

Il est 20ème lorsqu’à Magny-Cours, au cours de la manche de consolation, il tourne plus vite que le vainqueur de la course.

Passionné de compétition, il ne s’est révélé qu’à la mi-saison, en prenant confiance. Il a entrepris alors de s’assurer la deuxième place, le leader était pratiquement hors de portée.

Attiré par la monoplace, c’est en raison de son prix abordable qu’il a choisi la Formule Bleue.

Connaissant des problèmes financiers, il s’est donc tourné vers la MEP.
« C’est excellent pour apprendre à piloter, c’est une très bonne école, mais l’auto manque de puissance pour être conduite à l’accélérateur ».

Séduit pas l’ambiance régnant dans le parc concurrent parmi les pilotes de la Formule Bleue, Marcel Gougeon, course après course, s’est attaché à progresser et à évoluer en corrigeant ses fautes.

On le voit ici mener la course devant Couderc

De nombreux problèmes sont apparus et après le manque d’argent qui l’a handicapé en début de saison, les déplacements, ces derniers mois, lui créèrent beaucoup de soucis.

Sa voiture, achetée avec l’aide d’un ami, une fois rodée, lui donna toutes satisfactions.
« Pour une MEP X2, il n’y a que l’allumeur qui compte, et peu de problème de mise au point, mais il fallait progresser à chaque course. En fait, je n’ai jamais démonté mon moteur. »

Bien que sa carrière n’en soit qu’à ses débuts, il a déjà connu une forte émotion : « A la course de côte du Haut Cantal, la voiture a quitté la route et s’est immobilisée sous une glissière. J’avais la tête à quelques centimètres de l’obstacle. »

A la fois ravi et déçu, Marcel Gougeon est à ce moment là, fort préoccupé par son avenir dans le monde de la compétition : « Pour les mépistes, la voie est sans issue en fin de saison. Nous voudrions monter en Formule France mais pour obtenir une aide quelconque, il est nécessaire de disposer de l’auto et d’être attaché à un préparateur ».

C’est tout le problème de cette Formule…

Charly RAMPAL sur des croisements de divers documents d’époque