La saison 1995 avait ouvert son championnat par le circuit du Val de Vienne, mais la véritable entrée en matière se trouvait dans le sud de la France et au Castelet plus précisément, anciennement nommé « le circuit Paul Ricard ».

Ce circuit avait été créé sous l’impulsion de Paul Ricard, le créateur de cet apéritif symbole de tout le peuple marseillais : il avait mis la main au portefeuille pour créer ce bijou d’asphalte.

L’objectif du départ était de créer un aéroport d’affaire sur le plateau du camp alors jonché de rocaille, pour desservir l’ouest varois : nous étions en 1962.
Paul Ricard, visionnaire de grands événements eu immédiatement une autre idée : celle de construire un circuit automobile.

Sitôt dit, sitôt fait : le projet fut bouclé en dix mois. Conseillé par Beltoise et Pescarolo, les vedettes françaises du moment, le circuit s’avéra avant-gardiste au point qu’il allait bientôt accueillir la Formule 1.

Cette piste développait 5,810 km dont la caractéristique principale est sa longue ligne droite dite du Mistral, un vent fort réputé dans la région !

Il fut inauguré le 19 avril 1970. C’est donc sur ce magnifique enclos entouré des montagnes varoises que le petit monde du VHC, allai user de la gomme.

350 pilotes avaient répondu à l’appel de l’ASAVE, maitre d’œuvre des divers championnats de véhicules historique de compétition.

Nous étions le 16 avril et le temps était encore un peu frais, mais un soleil estival avait attiré une foule assez dense, même si, un mois auparavant, les passionnés de sport automobile avaient déjà mis quelques deniers pour assister à une manche du championnat des GT modernes.

L’ASAVE, remise sur pied par un changement d’organisateur (anciennement Peter’s que nous allons retrouver bien plus tard, comme quoi !), c’est J.M Reisser qui avait tenu à labéliser cette manifestation par le sceau de « L’Age d’Or », rendu célèbre par la classique appellation européenne de Monthléry.

Entre les plateaux prestigieux de Formule 1 et des célèbres Can-Am, notre cœur allait vibrer pour nos couleurs dans le plateau des « Tourismes », où Christophe Guerrier restait l’unique représentant avec sa très belle 24 gris métallisée à parements verts.
Mais le plateau des Monoplaces à moteur Panhard, Citroën, VW, restait l’objet de tout nos désirs.

Pour compléter ce plateau, quelques anglaises étaient venues s’y égarer comme ces deux Lola et une Huffaker d’Indianapolis ! Et si le côté « fourre-tout » sautait aux yeux, l’ensemble des MEP (X2 et X27) et des DB-Monomill et Racers avait de la gueule, malgré des différences de puissances évidentes.

Si entre les MEP X27 et les DB-Racers le combat restait équitable, les MEP X2 seront larguées au rythme de 5’’ au tour sur ce circuit rapide avec la ligne droite avant le virage de Signes.

Mais le plaisir de se retrouver parmi les « siens » efface quelque peu l’amertume des fonds de grille.

DU BLACKSON POUR LA 24…

Seule véritable Panhard, la 24 CT de Guerrier, après une fin de saison 94 en net progrès, s’était vu greffer un moteur « powered by Gawski », qui devait l’aider à chatouiller les Alfa.
Hélas, dès les essais du samedi, le carbu dévora le blackson du capot moteur !
Nettoyée, la belle connaissait néanmoins des soucis d’alimentation.
Ratatouillant tout au long de la course, elle devint rapidement une chicane mobile.

Christophe Guerrier, toujours aussi combattif et tenace, la mènera jusqu’au bout, se forçant à se tenir en dehors des plus élémentaires trajectoires pour ne pas gêner : la frustration sera grande.

Mais on sentait déjà avec plaisir que le mélange allait être bientôt détonant !

LA DOMINATION DES GAYRAUD

Les essais du plateau des monoplaces se déroulera sans trop de problèmes, sauf pour Jacques Apied et son DB-Racer jaune « made in Janiaud » (support d’amortisseur).

De mon côté, j’étrennais la MEP X2 que je venais d’acheter à PM Fournier (sans le moteur).
C’était la première fois que je montais dans une monoplace après mes années « Tourisme » sur la 24 CT rouge.

Je n’ai pas pu en faire totalement le tour, car ma commande de boite (le doigt qui se termine par une petite boule) avait cassée.
Je du m’arrêter au stand sur la vitesse alors enclenchée.
Mes essais avaient un goût d’inachevé et la dernière place m’était réservée.

Heureusement, mon ami Michel Norman, enfila sa combinaison de mécano aux couleurs jaune d’Ifremer, dont il était ingénieur, et assura ma maintenance technique après un aller-retour dans les ateliers de la Seyne sur Mer, pour une soudure de fortune.

Une première hiérarchie se dégageait, écrasée par la Lola MK5-A

Derrière, Philippe sauvait l’honneur des bleus, suivi d’Alain Gawski à 2’’.

Malgré l’heure avancée (9h30) de la course, les nombreux panhardistes de la région avaient tenu à être présents pour nous encourager.

La course fut passionnantes et les bagarres nombreuses à tous les niveaux.

Dominatrices, les deux Lola s’échappèrent et seul Philippe Gayraud sur sa MEP X27, réussira à rester dans le même tour. Maltraitée aux essais, la Lola MK2 avait rejoint sa sœur en tête, mais loin derrière : la MK5-A plus puissante avait fait cavalier seule.

Quant à Alain Gawski, il avait pu s’intercaler entre les deux X27 du fil et du père Gayraud, ce qui était pour lui un bel exploit où la vitesse pure, prime sur ce circuit.

Au milieu du peloton, la bagarre fut intense et le résultat indécis entre Jacques Apied, Bernard Marpinard et Denis Payen, s’aspirant mutuellement dans la célèbre ligne droite.
Finalement, c’est Apied qui aura le dernier mot sous le drapeau à damiers.

Suivait deux autres MEP X27 de Daniel Boyer et Honoré Durand dans un mouchoir..

En queue de peloton (puissance oblige) les MEP X2 de Georges Philippe et de votre serviteur se livraient une belle bataille puisque une seconde nous séparait à l’arrivée.

Plus en retrait Gérard Albert, complétait la belle prestation des MEP à moteur Panhard.

Des 3 MEP X2, celle de Georges Philippe restera la plus rapide couronnant la qualité de préparation de Georges :

Derrière, le dernier DB-Racer de Karim Kherouf me devança de 30/100ème , résumant mathématiquement ce qui a été notre lutte dont la carrosserie portait la signature !

Ce premier contact avec le plateau dit des « MEP-Monomill » me conduisit à penser qu’il me restait beaucoup à faire sur ma MEP, pour espérer un jour, lutter avec la « secte Gawski ».

Mais ce fut un plaisir chaque année renouvelé que de se retrouver sur ce circuit provençal entouré de mes amis sudistes emmenés par Claude Bonanséa chargé de croissants et de brioches pour des petits matins des plus conviviaux entre panhardistes.

Charly RAMPAL

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