Pour parler de l’essai de la PL17, j’aurai pu bêtement et sans effort, vous recopier l’une des nombreuses parutions de l’époque qui avait pour nom : l’Auto-journal, L’Automobile ou l’AAT.

Mais quel intérêt pour nous panhardistes qui la connaissons par cœur ?

Comme pour le coach D.B. que j’ai opposé à l’Alpine A106, j’ai voulu mettre la PL17 en face d’un autre Flat-Twin de la même époque : la BMW 700LS Luxus.

Une même philosophie sportive et un rapport poids / puissance équivalent : 19,4 pour la BMW et 19,7 pour la PL17 en version normale, m’ont fait valider ce test comparatif, d’autant plus que certains d’entre nous ont et utilisent des pistons des motos bavaroises en compétition en faisant attention aux axes de 22 mm qui obligent à adapter.

 PRESENTATION DES CHALLENGERS

Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter la PL17, aussi, je mettrai un peu plus l’accent sur la BMW 700LS Luxus.

Un peu d’histoire pour savoir où l’on met les pieds.

C’est en 1957, que le pilote et mécanicien Wolfgang Denzel avait obtenu l’aval de BMW pour dessiner une berline basée sur le produit phare de l’époque : Iseta 600.

Avec l’aide du styliste Michelotti, cet exportateur exclusif de la marque pour l’Autriche avait conçu un véhicule équipé d’un moteur de moto de 700 cm 3. À cette époque, la firme allemande était encore une spécialiste des deux-roues.


Présentée au salon de Francfort, édition 1959, la BMW 700 était déclinée en version coupée et berline classique.

En 1963, le moteur du cabriolet deux portes passe de 30 CV à 32 CV : la LS était née. Une année plus tard, la déclinaison Luxus désignait des modèles avec une finition haut de gamme. Elle avait notamment une montre sur son tableau de bord.

Grâce à la BMW 700 LS Luxus – 1964, la firme de Munich a fait son entrée dans l’univers du haut de gamme.

La vitesse de pointe atteignait les 125 km/h. Son poids, limité à 650 kg, lui donnait des tempéraments de sportive.

Comme pour la BMW, la PL17 fut présentée officiellement au salon de Paris en octobre 1959, après un tour de France débuté le 29 juin 1959.

Outre son habitacle copié/collé de la Dyna Z, elle conserve aussi son moteur de 850 cc de 42 ch et son poids de 830 kg.

A ce niveau de comparaison, on note que le bicylindre Panhard a un rendement de 49,4 ch/litre alors que le BMW arrive à 45,9 ch/litre.

CARACTERISTIQUES TECHNIQUES

C’est avec un sourire d’étonnement que l’on soulève le capot qui cache ce bicylindre pour voir un moteur dont la partie visible est réduite.

Le filtre à air coiffe avec autorité les deux cylindres disposés en flat-twin, tandis qu’une bobine par cylindre assure l’allumage.

Le faible volume de la partie non ventilé s’explique par le fait que seul le refroidissement à air assure une température de fonctionnement normale au moteur.

La BMW 700LS Luxus :

Je ne vous ferai pas l’offense de vous rabâcher le moteur Panhard, je vous en livre un rare éclaté en forme de piqûre de rappel.

 La PL17 :

CONFORT-HABITABILITE

On s’installe aisément au volant de la BMW LS.

L’accès à la banquette arrière est sans doute un peu plus sportif puisqu’il s’effectue en escamotant le dossier du siège avant qui ‘est malheureusement pas verrouillé, ni verrouillable.

Le siège avant peut se déplacer longitudinalement sur une glissière dont le coulissement est trop ferme, l’inclinaison du dossier est réglable à partir d’une came dont le fonctionnement est enfantin mais l’efficacité discutable.

La manœuvre de la manivelle des vitres de portières avant est d’une douceur appréciable mais la main accroche au cours de cette opération la commande d’ouverture des portes.

Les poignées de maintien prévues aux places arrières sont précieuses.

La position des accoudoirs est rationnelle, mais cet accessoire tolèrerait des dimensions in peu plus généreuses.

Cela dit, la visibilité est excellente, bien mieux que sur la PL17, et l’habitabilité à toutes les places exempte de reproche.

Les garnitures intérieures sont claires et la finition carrosserie ne mérite que des compliments.

Comme sur la PL17, les frileux regretterons qu’il ne soit pas de même du chauffage dont le fonctionnement est tributaire du régime moteur.

Le coffre à bagages placé à l’avant et qui contient l’outillage et la roue de secours possède des dimensions qui pourront sembler assez restreintes à certains utilisateurs, contrairement à celui de la PL17, presque deux fois plus grand.

Il est maintenu en position ouverte par une béquille de soutien un peu trop rudimentaire, alors que celui de la PL17 se fait par ressorts compensateurs et sans forcer.

Concernant la PL17, c’est une bonne quatre place pouvant éventuellement accueillir six occupants des années soixante, mais pas ceux d’aujourd’hui élevés au Nutella !

Ce modèle comparé, possède heureusement des portières qui s’ouvrent dans le bon sens, comme sur la BMW.

La PL17 est très confortable en version grand standing, mais sa visibilité à l’ancienne et l’éloignement du pare-brise n’améliore pas les choses, d’autant que le bloc de direction a tendance  se refléter dans le pare-brise.

La finition est correcte, mais n’atteint pas le niveau de la BMW.

Comme on le sait, le capot moteur est très lourd à soulever et le maniement du commodo peut réserver des surprises, car il commande simultanément les projecteurs et les clignotants.

Les places arrière sont accessibles sans trop de problème même si la tête a du mal à passer et les genoux touchent les dossiers avant si le conducteur atteint les 1m80.

POSTE PILOTAGE (les croquis parlent d’eux-mêmes)

BMW 700LS :

PL17 :

DIMENSIONS 

BMW 700LS

PL17

LES PERFORMANCES

Pour la BMW 700LS, sans oublier que ce n’est qu’une 4cv de 697 cc, nous avons noté  22’’ 4/5 aux 400 m départ arrêté et 44’’ seconde au 1000 m départ arrêté.

Pour la PL17, le 400 m départ arrêté est de 23 1/10ème et le 1.000 m départ arrêté en 44 secondes.

La vitesse de pointe est identique pour les deux = 125 km/h.

Des chiffres identiques même si la BMW s’en tire mieux au 400m à cause de son poids.

Côté consommation moyenne, il faut compter 6,8 litres aux 100 pour les deux !

A grande vitesse, la BMW réaliste 9 litres et la PL17 8,8, certainement de par son aérodynamisme supérieur.

ESTHETIQUE

La BMW LS-Luxus porte avec beaucoup d’élégance une carrosserie qui ne renie pas la signature d’un certain couturier de l’automobile italienne.

Les lignes anguleuses sont soulignées avec discrétion par le dessin des pare-chocs et le décrochement des ailes arrière, l’ensemble respectant le louable souci de la proportion.

L’absence de porte arrière répond à une technique de construction chère à cette époque, aux fabricants d’outre Rhin, soucieux avant tout d’une rigidité de la coque sans faille.

La carrosserie est ainsi très rigide et aucun bruit imputable à cet ensemble n’est à déplorer.

Par contre, le tenue de la peinture semble un point faible, car on décèle des traces de rouille à l’accostage des tôles de celle essayée !

Si à côté de cette fringante, la carrosserie de la PL17 a bien vieilli, car elle a prolongé la boulimique Dyna Z, mais l’affinant grâce à ses sourcils avant et arrière qui allongent visuellement la ligne.

Mais ne dit-on pas « n’est pas beau qui est beau et beau qui plait ? »

IMPRESSIONS DE CONDUITE

Si les performances des deux voitures sont très proches, au moins pourra-t-on les séparer en les conduisant ?

Nous connaissons bien la PL17 et là encore au risque de me répéter, il est impossible d’en discuter la tenue de route.

La voiture obéit toujours fidèlement aux impulsions de la direction et l’on peut dire que les routes mouillées ne modifient pas son comportement.

En virage, l’adhérence n’est pratiquement limitée que par la force du conducteur qui doit pouvoir maintenir le volant, même si à la longue la fatigue peut se  faire sentir pour nos âges bien avancés.

La direction à crémaillère est très précise, voilà tout le secret et dans la plupart des cas, elle demeure ferme.

 Le rayon de braquage est de son côté très intéressant pour une traction avant, car il est relativement court.

Même si je ne suis plus habitué à la position avancée du volant par rapport à ma 24 BT, elle demeure non seulement dangereuse, mais ne permet pas de conduire avec des mouvements d’une amplitude suffisante.

Le freinage est correct sans plus, mais il ne faut pas en abuser, car on note une perte d’efficacité due à l’échauffement.

En ce qui concerne la BMW 700LS, le rendement de ce bicylindre ne souffre d’aucun reproche.

Seule l’insonorisation mériterait d’être plus poussé par rapport à notre PL17, car le niveau sonore est trop élevé au niveau de la banquette arrière et devient assourdissant à l’approche des hauts régimes.

La boite permet des changements de rapports sans aucun soucis de synchronisation et ses rapports permettent d’atteindre 40 km/h en 1ère, 70 en 2ème et 100 en 3ème.

On note toutefois une certaine fermeté de manœuvre lors des passages rapides de 3 en 2.

Si l’on veut chipoter, le guidage de la grille pourrait être un peu plus précis et les courses de levier moins grandes : mais j’ai la même sensation avec mes NSU.

L’embrayage manque de progressivité en début d’accouplement lors de la prise en main qui engendre des démarrages à contre temps, imprimant à l’ensemble de la voiture des spasmes hoqueteux.

Par contre la direction à crémaillère est d’une excellente précision et sa douceur est appréciable lors des manœuvres de parking, ce qui nous change de la PL17, traction avant oblige !

Il faut toutefois regretter qu’un si bel ensemble se prolonge par un volant décalé sur la droite et il en est de même pour le pédalier, exactement comme sur mes NSU où toutes les Renault à moteur arrière.

Rien à voir avec la position parfaite de la 24.

Cette dissymétrie donne naissance à une position de conduite qui n’est pas très naturelle et dont les effets se font douloureusement sentir au niveau des reins à la descente de la voiture après un long parcours.

Qui a dit « voiture de jeunes ? »…. Sortez !

Ceci dit, compte tenu de son gabarit, elle a un rayon de braquage trop important = 4,9 m.

En sortant de la PL17, on constate immédiatement que la suspension est dans son ensemble très ferme avec tous les avantages et les inconvénients qu’une telle caractéristique peut entrainer.

Sur le seul plan de la tenue de route, cette voiture est absolument remarquable : neutre en utilisation normale, elle devient survireuse quand on la pousse dans ses derniers retranchements mais toujours dans des limites parfaitement contrôlables = un régal pour nous autres sportifs.

Sa progressivité en dérapage à laquelle s’ajoute une réponse très saine au coup de volant en fait une voiture avec laquelle on se sent vite en confiance.

Les ornières les plus sournoises ne parviennent pas à la déstabiliser et les revêtements les plus glissants ne lui font jamais quitter l’axe d’un virage.

Il faut ajouter à ce bouquet de qualités, une inclinaison très réduite de la carrosserie dans les virages les plus serrés et une discrétion des pneus à l’épreuve des revêtements les plus chantants : tout le contraire de nos PL17 à l’épingle du circuit de Dreux lors des 24 Heures Panhard où le pneu avant-gauche souffrait le martyre !

Comme toutes les voitures à moteur arrière, la BMW souffre de la sensibilité au vent latéral. Mais là, j’enfonce une porte ouverte…

Surprenant encore cette suspension où sur toutes les déformations de grande amplitudes, comme ces p… de dos d’ânes qui pullulent comme les ronds points, l’amortissement est excellent !

On ne talonne jamais et aucun bruit des organes de suspension.

Mais j’ai noté des oscillations en forme de tangage qui influencent malheureusement de façon beaucoup plus désagréable les passagers arrière.

Cette grande fermeté très appréciable sur les gros obstacles maintient en permanence les roues en contact avec le sol, ce qui autorise des vitesses élevées sur des routes pourtant défoncées.

Mais, revers de la médaille, la suspension absorbe moins bien les déformations de faible et moyenne amplitude, accompagnés fréquemment de rebonds des roues arrière.

Le freinage quant à lui, ne pose aucun problème en utilisation touristique.

A vive allure, il convient d’être moins catégorique quant à l’efficacité, la pédale conserve une douceur trompeuse mais les distances d’arrêt augmentent alors dans des proportions qui vous obligent à lever le pied.

CONCLUSION

La BMW 700LS-Luxus est surprenante : voiture économique, spacieuse, rapide et sûre et dont on sent de suite les qualités de robustesse et d’économie.

Quant à notre brave PL17, elle est plutôt orientée « famille » : vaste, habitable, avec un coffre à bagages intéressant et un moteur agréable.

La tenue de route est très bonne au détriment d’une nervosité et d’une souplesse moindre.

Mais quelle excellente routière confortable si on exclut les escapades en montagne !

Combien de fois j’ai du passer la première en sortie d’épingle et je terminais mes vacances d’été avec des bras de déménageurs !

Charly RAMPAL  (supports graphiques de l’A-J et l’Automobile)