La mécanique Panhard au sens général du terme, a animé, toutes sortes de dérivés dont j’en ai fait largement écho dans mon site, elle a aussi revêtu se habits de routier, d’aviateur, de marin, d’autorail, de moteur d’appoint, de militaire surtout, mais plus surprenant encore celui d’agriculteur.

Pourtant, notre petit moteur ne semblait pas avoir les muscles nécessaires pour ces travaux de force sur un petit tout-terrain appelé tracteur agricole !

Et pourtant, deux constructeurs de tracteurs à ma connaissance ont fait appel au bicylindre Panhard dans sa version industrielle : les Etablissements Gloppe situés à Lyon, et Derot-Tecnoma, résultant de l’association Dérot, située dans l’Aisne, qui est le constructeur de l’engin, et Tecnoma, une firme champenoise spécialisée pour sa part dans la fabrication de pulvérisateurs pour le traitement des vignes.

LA SOCIETE DEROT

C’est en 1920 que Philippe Dérot, crée l’entreprise artisanale DEROT.

Il fabrique du matériel viticole à traction animale (houes, charrues, petits matériels de manutentions…).


Après guerre, l’entreprise DEROT profite de la reconstruction des locaux pour agrandir et rationaliser l’implantation de l’usine.


Les fabrications se diversifient (extension des fabrications de matériel d’équipements pour motoculteurs, équipements viticoles maraîchers, fabrication de pulvérisateurs à vignes à traction animale).

En 1946, M. Jean-Marie DEROT, ingénieur ICAM, fils du fondateur, entre dans l’entreprise. Grâce à son dynamisme, DEROT passe d’une fabrication artisanale à une fabrication industrielle.

En 1953, L’entreprise entame un virage dans son orientation. Elle se tourne vers la conception et la fabrication d’outils vignerons (buttoirs, bineuses, décavaillonneuses) pour équiper les Tracteurs-Enjambeurs. 


C’est à cette époque, que l’ancêtre du Tracteur-Enjambeur actuel est né : simple, léger, à quatre roues et enjambant un rang.

En 1958, création de la Société Anonyme DEROT et agrandissement des bâtiments couvrant 5 000 m2 sur un hectare.

De 1958 à 1975, le capital et l’effectif du personnel augmentent. La production de Tracteurs-Enjambeurs passe de quelques dizaines à près de 300 unités par an.


DEROT se diversifie vers d’autres matériels : rogneuse à vignes interlignes et chevauchantes, prétailleuse broyeuse à sarments pour vignes en gobelets.

Enfin, c’est en 1998, que la société Derot a été reprise par le groupe BOBARD.

Le tracteur Gloppe a été fabriqué de 1950 à 1956 avec plusieurs types de moteurs, dont un à mécanique Panhard.

Sa particularité principale était de proposer un châssis type enjambeur facilement adaptable, permettant une double utilisation : pulvérisation au moyen du châssis enjambeur, les labours, les transports et les opérations de chaussage et déchaussage s’effectuant en version étroite susceptible de circuler dans les vignes.

LE DEROT-TECNOMA

Le seul Dérot-Tecnoma encore en circulation a été repéré près de Troyes par François Cherrier, dans le département de l’Aube.

Ce tracteur possède un moteur Panhard GMI (indistriel) n° de série 249.017.

D’après les archives Panhard, ce moteur fait partie d’une série de 180 livrés aux Etablissements Auby et Simonin, entre décembre 1958 et décembre 1961.

Il s’agit d’un type M5 AS 324 (AS étant l’abréviation d’Auby et Simonin qui était distributeurs exclusif des moteurs industriels depuis 1958).

Ce moteur porte sur le carter le n° 317746 PL et, sur le bossage du démarreur, le n° *027.709*N ; il est équipé d’une magnéto et d’un carburateur Solex 34 PBIC.

Il semblerait que les premiers essais de Dérot-Tecnoma remontent à l’année 1952.

En effet, c’est le 14 février, qu’un premier moteur de type GM600 (3 cv – n° de série 213.002) est livré aux Ets Dérot.

Un second exemplaire (231.003) est livré le 11 janvier 1954.

Entre août 1954 et fin novembre 1955, 77 moteurs (GM750 ou 850 ?) sont encore facturés, et portent des numéros compris entre 218.111 et 220.198), mais ces numéros ne donnent qu’une idée partielle du nombre de tracteurs à moteur Panhard commercialisés entre 1954 et 1964, parce qu’ils pouvaient transiter (entre autres) par Auby et Simonin.

Globalement, le nombre de tracteurs de cette marque à mécanique Panhard est estimé à 500 environ.

En effet, parallèlement au moteur Panhard, d’autres mécaniques, en version essence ou diésel, provenaient de chez Renault et Lombardini.

Le moteur Panhard agricole est spécialement adapté à cet usage particulier, avec un taux de compression ramené à 7,25 et le montage de deux carburateurs Solex 34 PBIC (un par cylindre) avec starter, mais sans pompe de reprise, on obtenait une puissance de 27 ch, ce qui semble suffisant vu l’utilisation prévue pour ces tracteurs : le traitement de la vigne plutôt que la traction.

On notera par ailleurs qu’un régulateur Moisy type RIA fait varier la quantité de carburant en fonction de la charge, pour maintenir un régime constant limité à 2.800 t/mN.

Sur les premiers modèles, le moteur Panhard était associé à une boite de la marque, mais elle fut jugée un peu faible et remplace ultérieurement par une boite RLG sous licence ZF, comportant 6 vitesses + marche arrière et un système de blocage du différentiel.

Cinq modèles étaient disponibles avec les trois motorisations :

  • type G : moteur Panhard,
  • type J : moteur Renault
  • type H : moteur Lombardini

correspondant en fait aux cinq types de voies :

Le groupe motopropulseur se situe au-dessus de l’essieu arrière.

La transmission aux roues arrière s’effectue via une chaine à bain d’huile sous carter étanche.

La voie des essieux est ajustable par déplacement des roues et la suspension se fait par tiges télescopiques et ressorts hélicoïdaux.

Enfin, la direction est à crémaillère et les freins Bendix à tambour.

FICHE TECHNIQUE

Charly RAMPAL  sur des informations de Bernard Vermeylen