RACER 500 : GP DE ROUEN 1950
C’est le 30 juillet 1950 que l’Automobile Club Normand avait organisé sur le circuit des Essarts, le premier événement automobile rouennais autour des voitures de sport et les Racer 500, nouvelle formule équilibrée et pleine de promesses pour enchanter les spectateurs avides de sensations après des années de privations.
Ce circuit très rapide par son tracé basé sur cinq lignes droites dont la plus longue ne dépasse pas 1 km, reliées entre elles par quelques successions de virages et de courbes en descente et en montée.
Cependant, il porte encore les stigmates d’un mauvais entretien de sa chaussée dont l’état dans la montée sinueuse d’Orival et le chemin de l’étoile fait craindre pour la suspension et les pneumatiques.
Le dimanche sera consacré à deux courses : les Racers 500 le matin et les voitures de sport l’après-midi.
Dès le petit jour, les spectateurs se pressent aux portes du circuit et on n’en compte pas moins de 60.000 au moment du départ de l’épreuve internationale des Racers 500 dont la finale, pour les 10 pilotes les plus rapides, se déroulera sur 61,2 km, soit 12 tours du circuit.
Pour arriver à cette sélection des meilleurs temps, deux éliminatoires sur 8 tours voyaient s’affronter les meilleurs pilotes du moment qu’ils soient Belges, Britanniques, Néerlandais, Français et Allemands.
Dans leur jardin, les Français sont en majorité : on n’en compte pas moins de 14 dont les volants se répartissent en 7 voitures d’amateurs, 6 DB-Panhard et une Cooper.
Les Britanniques sont au nombre de 11 venus avec 8 Cooper, 2 Kieft et une Grose (non, pas grosse voyons !) spéciale.
Les autres concurrents resteront minoritaires avec un Allemand de l’Ouest sur un Monopoletta, 3 Belges sur F.N., Telna et V.S.N. enfin le Néerlandais sur une Cooper.
Les pilotes DB-Panhard :
- Michel Aunaud
- Elie Bayol
- Louis Pons
- Ronert Charrier
- Francis Liagre
Si les essais eurent lieu le samedi pour affiner les réglages, les choses sérieuses commenceront le dimanche à 10 heures 30 avec la première éliminatoire et à 11h30 pour la deuxième.
La finale est programmée à 13 heures pour une meilleure audience.
Comme prévu, les Cooper sont dominatrices, bien supérieures en vitesse pure.
C’est Aston qui part en tête mais il ira malheureusement au fossé, trop de pression ?
Seules les DB-Panhard du marseillais Elie Bayol et d’Aunaud résistent honorablement par leur tenue de route et le pilotage, mais elles ne pourront pas faire mieux à cause du manque de puissance par rapport aux moteurs Norton et JAP.
Les éliminatoires sont gagnés par Whitehouse et Brandon tous deux sur Cooper évidemment.
Le départ de la finale est donné à 15 concurrents.
La lutte sans pitié que se livrent les pilotes des Cooper tient en haleine le public enthousiaste de cette formule 500 où les puissances sont sensiblement équivalente.
4 d’entre elles se disputent la première place et l’expression « roues dans roues » prend son sens véritable.
Whitehouse, signera un week-end parfait tant aux éliminatoires qu’en courses et confirme sa victoire du précédent week-end, devant ses compatriotes : John Cooper, le constructeur de cette formidable machine à gagner et Brandon, malgré un retour canon d’Elie Bayol.
Le succès sportif de cette épreuve rouennaise, assoie définitivement le circuit des Essarts dans les épreuves internationales du sport-automobile, sous réserve de l’amélioration de la chaussée par endroit.
Egalement l’heure trop matinale du samedi matin (5 heures !) pour une courses 11 heures plus tard ce qui a perturbé les réglages carbu dans un air de densité différente.
Si l’attractivité d’un duel Anglo-Français n’a pas tenu ses promesses à une époque où le nationalisme faisait vibrer les foules, la domination des britanniques n’a pas permis au suspense de demeurer bien longtemps et notre chauvinisme tricolore en a pris un sacré coup, tant la domination des Cooper fut écrasante.
Même si nous avions deux ans de retard dans cette formule, nous aurons fort à faire pour lutter à armes égales avec nos voisins insulaires, même si seul Elie Bayol avait maintenu notre espoir en se classant 4ème, le premier des autres !
CLASSEMANT FINAL :
- 1er Bill Withehouse, Cooper en 34’14’’ 4/10
- 2ème John Cooper, Cooper en 34’15’’ 5/10
- 3ème Eric Brandon, Cooper en 34’46’’ 5/10
- 4ème Elie Bayol, DB-Panhard en 35’27’’ 5/10
- 5ème Michel Aunaud, DB-Panhard en 35’39’’ 5/10
- 6ème Otto Dillenius, Cooper, 11 tours en 36’31’’ 8/10
- 7ème Francis Liagre, DB-Panhard, 11 tours en 36’46’’ 1/10
- 8ème Lambert Delhaes, F.N. spéciale, 10 tours en 38’32’’ 8/10
- 9ème Stan Coldham, Cooper
- 10ème Jean Debuire, Debuire-Zündapp
La moyenne du vainqueur s’établira à 107,242 km/h que l’on peut mettre en regard avec celle de Louis Rosier qui remporte le GP des voitures de sport sur une Talbot de 4500 cc à 115,653 km/h, soit un écart de 7,5 km/h pour une cylindrée 9 fois plus petite !
Sachant aussi que le record du tour établi par Withehouse à 109,481 km/h, démontre que les Racers 500 ne sont pas des voitures pour fillettes où le rapport cylindrée/performance, n’a pas à rougir et démontre que cette formule a toute sa place dans les épreuves du sport-automobile de haut niveau.
Charly RAMPAL d’après la revue des Racers 500 et les journaux d’époque. Enfin, ma photothèque pour les photos