Pour ce 5ème Rallye l’Automobile Club du Rhône et les dirigeants du Casino de Charbonnières, inauguraient une nouvelle formule tenant compte pour la première fois du rendement des moteurs.
Ils ont réussi à mettre au point une épreuve de grande classe, qui s’est révélée à la fois intéressante pour les participants et pour le public et propre à faire accomplir de grands progrès à la voiture particulière.

Mais le mieux est quelquefois l’ennemi du bien et cette discrimination dans les performances des voitures a incité trop de concurrents à suspecter leurs adversaires, ce qui a provoqué finalement quantité de réclamations assez peu sportives et dont certaines étaient même injustifiées. Par exemple une réclamation contre Mme Alziary de Roquefort (Dyna Panhard) parce que sa voiture n’était pas équipée, parait-il, d’un volant et d’un… bouchon de radiateur d’origine ! On frôlait là une absurdité totale.

Le résultat c’est que pour la deuxième fois, il n’a pas été possible de publier le palmarès le soir même de l’épreuve et que le classement officiel n’a été finalement connu que dix jours après.

Nous croyons savoir d’ailleurs que les organisateurs ont la ferme intention d’empêcher l’an prochain de tels abus et de modifier à cet effet leur règlement afin qu’il ne puisse plus prêter à équivoque.

Cette réserve faite, ce rallye a été particulièrement probant du côté technique, puisqu’il a permis à des voitures de cylindrées, de marque et de puissance très différentes d’accéder aux meilleures places.
Ne trouve-t-on pas, en effet, dans les 8 premiers : un 11 Citroën « améliorée » , une Dyna X 3 cv de série, une 203 Peugeot « sport », une Simca de série, une Alfa-Roméo « à haute performance », c'est-à-dire des modèles figurant dans toutes les catégories, depuis 610 cm3 jusqu’à plus de 3 litres.

La sévérité de cette épreuve, où les conducteurs devaient effectuer en moins de trois jours et sur un parcours difficile, quelque 2.000 km, avec 3 montées chronométrées et un essai d’accélération en palier, a été encore accrue par le mauvais temps qui n’a cessé de sévir.
Cela s’est traduit par 41% d’abandons, ce qui, étant donné la valeur des pilotes et des mécaniques, démontre mieux que tout, les difficultés qu’il a fallu surmonter.

En l’occurrence, les embrayages, les freins, les boites de vitesses, l’équipement électrique, les pneus, etc,… ont été durement éprouvés, ce qui a permis d’en vérifier les points faibles. Rien de tel, en définitive, qu’un tel banc d’essai pour faire progresser la voiture de Monsieur Tout le Monde.

La victoire de Pouderoux et Quincien, sur un modèle déjà ancien, mais « amélioré » est celle d’une excellente équipe locale du Puy, connaissant bien le parcours et qui a déjà gagné de nombreux rallyes.

Quant à Mme Alziary de Roquefort, sa 2ème place est remarquable, étant donné que sa Dyna strictement de série, avait la plus faible cylindrée de toutes celles engagées.

Une fois de plus, la classe de cette fine conductrice est mise en valeur et son mérité est grand d’avoir triomphé de toutes les difficultés… y compris les nombreuses réclamations (six au total !) qu’elle eut à subir de la part de ses adversaires !

Les épreuves chronométrées en palier et en côte démontrèrent, d’autre part, la supériorité de vitesse des Jaguar qui furent les plus rapides à la Baraque (avec Heurteaux-Crespin), ainsi qu’à la Faucille, à Charbonnières et au kilomètre lancé de la Doua, avec Descollonce-Jacquin et Hervet-Baudouit.

Dernier mot pour souligner la remarquable organisation de ce rallye, rendu cependant difficile tant par la formule adoptée que par la variété des épreuves : elle peut être donnée en exemple.

Il convient de féliciter d’une part les dirigeants de l’A.C. du Rhône et leur dévoué Président, M. Morin, qui assurèrent les contrôles techniques, et, d’autre part le Casino de Charbonnières, dont le Directeur M. Bassinet et surtout le très actif neveu, M. Blanchon, se dévouèrent sans compter, et avec le sourire, afin que tout le monde soit satisfait. Ils y réussirent si bien que leur Rallye est en train de devenir l’un des plus importants de tous sur le plan international.

Charly RAMPAL (Photos "L'Automobile")