Robert Sobeau est né en 1929. Après avoir fréquenté à mi-temps – à cause da la guerre – l’école d’Asnières et avoir suivi les cours d’un collège technique où il apprend le dessin, la mécanique, la ferronnerie et l’ébénisterie d’art pendant 5 ans, il part à l’armée.

A son retour, il ne peut retrouver d’emploi et doit travailler dans plusieurs Maisons avant d’entrer chez Rosengart où il est d’abord affecté au département « Bois » (traçage des nervures de frêne) pour transformer les Simca et les Ford en Canadiennes, qui était à la mode à cette époque et qui consistait à réaliser l’arrière des break en bois, leur donnant une touche nord-américaine.

Mais, il demande très souvent à changer de poste afin de connaître toutes les phases de fabrication d’une automobile. Très entrepreneur et intelligent, ses capacités sont vite reconnues par les chefs d’entreprise qui le considèrent un peu comme l’homme orchestre, susceptible de remplacer n’importe qui pour résoudre n’importe quel problème.

Hélas, la société qui a déjà fermé ses portes plusieurs fois, est finalement reprise par Farman et plusieurs centaines d’ouvriers sont licenciés.

On fabrique alors le break Rosengart puis l’Ariette et la Starlet à mécanique Panhard.

Robert Sobeau participe ensuite à la construction de la maquette grandeur nature puis à la réalisation de la carrosserie de la Marathon qui est une des première voiture en stratifié-verre-polyester » .

LES ANNEES CHAUSSON

En octobre 1953, on crée un département « polyester-plastique » chez Chausson pour la création de modèles en Araldite (résine sans retrait) et des outillages correspondants.

Robert Sobeau est la seul ayant déjà travaillé sur des carrosseries de ce type et il est chargé pendant 6 mois de construire des maquettes et des modèles avec ses compagnons d’équipe.

Début 54, les premiers contacts sont pris avec la Société EPAF pour concevoir les maquettes (bois et plâtre) du futur coach et Robert Sobeau est nommé « chef de l’équipe DB ».

Malgré une semaine de travail acharné où même les nuits ne sont pas comptées, le 1er prototype n°100 est tout juste prêt pour le salon d’Octobre.

Tellement juste que l’équipe terminera le proto sur le stand.

Quelques exemplaires seront mis au point avant la fin de l’année, mais la fabrication ne débutera réellement qu’au début 1955.

La caisse et le soubassement sont réalisés en polyester de 2,5 mm d’épaisseur d’après le moule en Araldite.

Le pare-choc avant et les 2 pare-chocs arrière, sont rapportés.

195 coachs seront construits en deux ans et demi.

L’AVENTURE S.P.C.A.V.

En Avril 1957, Chausson décide de cesser la fabrication des carrosseries DB, trop peu importantes pour l’entreprise, ne permettant pas non plus d’employer les 15 ouvriers spécialisés à plein temps.

La dernière DB sortira fin avril et portera le n°205.

Robert Sobeau est alors détaché pour 6 mois par la direction de Chausson afin de créer la « Société Plastique de Construction Automobile des Vosges) et de former le personnel.

En septembre, Chausson propose à Robert Sobeau un choix cornélien : la création d’un atelier plastique à Reims ou la direction de l’usine des Vosges.
Mais sa fidélité légendaire le pousse à rester dans les Vosges.

Inaugurée le 6 décembre 1957 par M.Lemaire , Ministre de l’industrie et député des Vosges, en présence de Deutsch et Bonnet, l’usine de Contramoulin St Léonard, près de St Dié, peut fabriquer une carrosserie par jour.


Mais en fait, 2 ou 3 seulement par semaine sortiront de ces ateliers, à partir du 11 juin.

La première, porte le n°206 sur le macaron fixé à la joue d’aile avant gauche.

1958, restera la meilleure année de production : une centaine de coach DB majoritairement partant pour les USA.

Comme je le disais plus haut, les commandes sont insuffisantes pour occuper les 80 ouvriers. La production doit se diversifier pour survivre.

L’équipe se tourne alors vers la construction de : coques de bateaux, chariots de manutention, pompes à essence, barrières de passages à niveau… qui reflètent l’âge d’or pour ce nouveau matériau.

A l’automne 1959, EPAF cesse la production du coach DB. Le n° 518 sort de l’usine le 25 septembre à 16h. Mais une dizaine sera encore fabriquée après son départ pour habiller les derniers châssis en stock.

RETOUR EN REGION PARISIENNE

Robert Sobeau revient en région parisienne pour créer au sein d’une petite société déjà existante et implantée au Plessis Trévisse, le département plastique baptisé « Polyest-Azoulay ».

D’octobre 1959 à juillet 1961, il produit 11 carrosseries du coach surbaissé, dont l’idée de départ viendra d’André Guilhaudin afin de gagner de la vitesse de pointe en réduisant le maitre couple.
Pour faire simple et rapide, André découpe le pavillon. Comme celui-ci marche bien, on y voit cause à effet. Aussi des clients demandent à Bonnet de faire surbaisser le coach. Aussitôt, Bonnet répercute l’idée à Robert Sobeau qui ne va pas se contenter de tronçonner le pavillon ! Il reprend l’étude générale de la coque et redessine pratiquement une nouvelle voiture. Capot moteur plus bas de 6cm, des portes et des ailes redessinées, pare-brise bien plus incliné (un DS retaillé) de 9cm…

Puis de 1960 à 1962, des centaines de pièces moulées des modèles « Le Mans » dans une autre usine en location qui emploie 90 personnes.

Signalons que les parties avant et arrière de Le Mans sont confiées à CG qui moulera les CD un peu plus tard.

Fin 1961, Deutsch et Bonnet se séparent.

C’est l’arrêt de la fabrication des caisses du cabriolet.

Robert Sobeau revient au Plessis Trévisse où l’usine a été agrandie. On y assurera les réparations des carrosseries jusqu’en 1970 mais la production s’oriente désormais vers d’autres débouchées industriels : Alpine, BMW, Saviem, Aster, Aubry-Simonin…

Voilà rapidement brossé la carrière automobile de cet homme d’exception qui s’est fait lui-même

C’est incroyable tout ce que cet homme a pu faire. Aussi je vous renvoie à son livre en forme de biographie en s’appuyant sur la montagne de notes qu’il avait consignées au jour le jour.

Robert Sobeau a été pour moi, un personnage important de ma vie. A Castel Launay en 1991, il a posé les bases, avec JL Allain, de la création de l’Amicale DB et nous a fait côtoyer tous les pilotes DB de cette époque en bleue, blanc et rouge..

Le voici, ce jour là en compagnie de Claude Bonnet, le fils de René. « Il avait 14 ans lorsque je l’ai rencontré la première fois », nous disait-il.

Pour toute son œuvre, sa gentille et sa fidélité, il restera à jamais un grand Monsieur du monde de l’automobile.

Charly RAMPAL