Après l’outrancière domination des Cooper britanniques lors de la précédente et première édition de 1950 que je vous ai relatée dans cette même rubrique dédiée aux Racers 500, l’année 1951 va voir un redressement de nos couleurs et plus particulièrement des DB-Panhard, porte drapeau du sport-automobile français dans les années cinquante.

C’est le dimanche 8 juillet 1951 que 70.000 spectateurs ont fait le déplacement pour assister au Grand Prix International de Rouen et aux courses associées pour étoffer une manifestation sportive déjà bien fournie.

Si l’Automobile Club de Normandie en est l’organisatrice, les journaux écrits de l’époque sont venus épauler ce renouveau du sport-automobile en France, citons : L’Equipe, Paris-Normandie et l’Action-Automobile qui mettra en valeur les DB-Panhard et sur lequel je m’appuie pour ce compte-rendu, ainsi que sur ma collection des petits livres « Racers-500 ».

C’est toujours le circuit des Essarts qui tient lieu de cadre à cet évènement, mais suite aux critiques sur le revêtement imparfait de l’édition 1950, il a subit d’importantes améliorations dont la chaussée en a été le point principal.

Pas de voitures de sport cette année, mais uniquement réservé aux monoplaces dont la tête d’affiche sera la Formule II jusqu’à 2 litres.

Le programme annonce 3 épreuves phares : une course de motos à 9h45, notre plateau des Racers 500 toujours à 13 heures sur 24 tours soit 122,300 km et la course de Formule II sans compresseur sur 60 tours soit, 306 km.

Ayant retenu les critiques de l’année précédente, les essais du vendredi eurent lieu à 7 heures pour les 500, soit une heure après les motos.

Des essais peu significatifs puisque seuls Chaussat, Liagre, Azéma, Riou et Charrier pour les 500 se sont entrainés.

Tous les autres concurrents n’arriveront que le lendemain, samedi : travail oblige.

Cette année, les français ont eux aussi retenu la leçon précédente et ce sont les DB-Panhard qui sont majoritaires avec 9 voitures dont deux pilotées par un Belge, Raymond, Van Hauw et un Allemand Helmut Glöckler.

Le patron de Champigny, himself, a fait le déplacement : René Bonnet.

Il sera accompagné par : Azéma, Charrier, Chaussat, Lecerf, Liagre et Riou.

Au moins si la performance nous échappait, la quantité devrait compenser..

En face, les irréductibles Britanniques tous sur Cooper : Bill Aston, Ken Carter, John Cooper, Ray Merick, Robert Montgomerie-Charrington.

La course va donc se jouer entre les voitures usines françaises et Britanniques.

Seul Georges Aghion sur J.B. a vu de la lumière et est entré, représentant ce qui reste des constructeurs amateurs ! Evidemment, il ne se classera pas…

C’est bien entendu la course de Formule II qui a boosté le succès populaire de ce GP de Rouen, car les Ferrari sont là et c’est justement Marzotto sur la marque de Maranello qui triomphera devant, la Simca-Gordini 1litre 5 du marseillais Robert Manzon.

Petit retard de 30mn pour la course des Racers 500, puisqu’elle démarre à 13h30.

Les problèmes mécaniques et la casse lors des essais ont réduit le nombre des partants à 10 !

Qu’à cela ne tienne, la « grinta » des pilotes compensera en qualité, la quantité manquante !

Le public ne s’y trompe pas et encourage bruyamment les pilotes français malgré le départ en trombe des Cooper, dont celle de John Cooper : patron contre patron :

Va-t-on de nouveau subir l’humiliation de l’an dernier ?

Carter prend la tête dès le départ suivi par Withehouse, le vainqueur de l’an dernier et John Cooper.

C’est mal barré… Heureusement Mme la Chance était aussi à Rouen ce dimanche là.

D’abord Carter : en tête pendant 19 tours, il doit abandonner pour laisser la victoire au Patron, John Cooper, car Withehouse sera disqualifié pour s’être fait pousser lors de son arrêt au stand.

Tout cela est bénéfique pour les DB-Panhard régulières et bien conduites attendant leur heure.

Et c’est le méritant et fidèle Fernand Chaussat qui se classera deuxième entrainant sur le podium Francis Liagre, un autre fidèle à DB.

Cette fois-ci, l’honneur est sauf pour DB-Panhard.

La marseillaise ne sera pas pour cette fois, mais la progression est palpable : on va y croire pour l’an prochain.

CLASSEMENT FINAL

  • 1er John Cooper, Cooper-Norton, en 1h 07’ 52’’ 9/10 à 108, 178 km/h
  • 2ème Fernand Chaussat, DB-Panhard , en 1h 03’ 43’’ 4/10
  • 3ème Francis Liagre, DB-Panhard, en 1h09 14’’ 2/10 à 1 tour
  • 4ème Ken Carter, Cooper, en 52’ 08’’ 5/10 à 5 tours
  • 5ème Bill Aston, Cooper, en 52’ 41’’ 9/10 à 5 tours
  • 6ème André Charrier, DB-Panhard, en 1h 09’ 28’’ 7/10 à 5 tours
  • 7ème Félix Lecerf, DB-Panhard, en 1h 10’ 04’’ 5/10 à 8 tours

C’est Ken Carter qui réalise le meilleur chrono en 2’41’’5/10 à 113,684 km/h, battant du coup nettement, le record de Withehouse de l’an dernier qui était de 2’45’’7/10.

Vous aurez noté que René Bonnet ne se classera pas, mais il aura sa revanche l’an prochain en 1952.

A suivre…

Charly RAMPAL   D’après les journaux d’époque et mes livrets « Racers-500. Photos de ma photothèque.