LE CONTEXTE

Dès les années 1920-1925, commence à se poser l’utilisation des moyens de production.

Panhard et Levassor est à la recherche d’autres activités que les voitures de tourisme.

Mais que faire alors des 50.000 m2 couverts à Paris

Que faire des centaines de machines-outils et des équipements, modernisés en 1914-1918 ?

Que faire, surtout, des 4 000 à 5 000 ouvriers, ingénieurs et employés, de leurs compétences et de leurs journées de travail ?

La stratégie voulue pour la gamme des modèles de tourisme est maintenant figée dans ces « voitures de luxe et de sport » dont Georges Corlin et d’autres concessionnaires parisiens ont fait leurs fonds de commerce et leur slogan, et que le conseil d’administration a choisies.

Elle impose de maintenir durablement les cadences à un niveau artisanal, variable d’année en année, mais qui se situera toujours en dessous de la dizaine de voitures par jour.

C’est donc la question fondamentale de l’utilisation des moyens de production qui commence à se poser au début des années 20, et c’est elle qui ne cessera de se poser avec obstination aux dirigeants et aux administrateurs pendant une trentaine d’années, avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale.

Apparemment, la réponse est d’une grande simplicité, presque gênante à énoncer : il convient, il est impératif de faire autre chose et, sans doute, plusieurs autres choses.

C’est ainsi que l’on va voir se développer une palette impressionnante, regroupant les activités les plus diverses où les savoir-faire et les moyens de la SAAE Panhard et Levassor vont avoir à s’exercer.

Sous la même raison sociale et la même marque, sous les mêmes toits, parfois dans les mêmes ateliers, on va voir cohabiter, à côté des voitures particulières qui restent le porte-fanion officiel, des machines à bois imperturbablement présentes, des camionnettes et des camions équipés de moteurs à essence, ou parfois Diesel, des camions à gazogène, des moteurs destinés à des autorails, d’autres destinés à l’aviation, des omnibus pour les transports urbains de passagers, des véhicules blindés militaires, des monoplaces chargées de conquérir de nouveaux records de vitesse.

On verra même des huiles vendues sous la marque Panhard et Levassor ou des modèles réduits pir Princes ou gens aisés

1923 : LES VOITURES PARTICULIERES

A partir de 1923 Panhard, encore plus que les autres marques, va connaître l’engouement de la clientèle pour les carrosseries Weymann.

Les clients de l’avenue d’Ivry sont amateurs de silence et de vitesse (le moteur sans soupapes a tout pour les satisfaire), ils n’en apprécient que plus les carrosseries souples, silencieuses et légères dont plusieurs carrossiers (Labourdette et Million-Guiet entre autres) ont acheté la licence.

A l’époque où de toute façon, même en tôle, les carrosseries sont faites sur une armature de bois, il est rationnel de tendre des panneaux souples et légers plutôt que de l’acier.

En 1923 Panhard se limite cette année à une seule nouveauté : la 12 CV sans soupapes-Typ X39 qui remplace la 12 CV à soupapes Type X31.

Désormais, la gamme comporte uniquement des modèles sans soupapes, repartis en 5 puissances : 10, 12, 16, 20 et 35 CV.

Cette dernière profite depuis peu de freins à l’avant car Panhard a vite compris que les seuls freins AR des premières 35 CV ne suffisaient pas pour une voiture aussi lourde et rapide.

Assez particuliers, ces freins comportaient un segment unique dont le guidage concentrique lui permettait de s’appliquer en totalité sur la circonférence interne du tambour ; les deux extrémités de segments étaient munies de mini-crémaillères, commandées par deux pignons et une tige crantée actionnée par la timonerie.

Doté d’un excellent rendement, ce nouveau système de freinage Panhard ne nécessitait pas de servo-frein et n’exigeait pas de réglages trop fréquents.

Montés d’origine sur les 35 CV, les freins AV pouvaient aussi s’obtenir en supplément sur les 16 et 20 CV.

LA GAMME

La gamme des cinq Panhard sans soupapes 1923 se présentait ainsi :

10 CV S / S TYPE X37 : Modèle inchangé ; mêmes caractéristiques qu’en 1922, sauf poids du châssis nu (600 kg) et prix des modèles carrossés : 24 900 F pour le torpédo ; 29 400 F pour la conduite intérieure. Prix du châssis nu maintenu à 19 000 F.

12 CV S / S TYPE X39 : Focus sur ce nouveau modèle

  • MOTEUR – Type SK4D sans soupapes. 4 cylindres en ligne monobloc. 2300 cm3 (75 X 130 mm). Vilebrequin à 3 paliers. Graissage par barbotage et circulation continue, sans pompe, avec débit d’huile proportionnel à la puissance développée (brevet Panhard).Allumage par magnéto. Carburateur Panhard ; réservoir à l’arrière du châssis. Refroidissement par eau avec pompe.
  • TRANSMISSION – Embrayage à disque unique et boîte 4 vitesses formant un seul bloc avec le moteur, fixé en trois points sur le châssis. Flector. Arbre de transmission enfermé dans un tube central de poussée et réaction solidaire du pont arrière (montage commun à toutes les Panhard de l’époque).
  • CHASSIS – Trapézoïdal. Direction à vis et écrou, volant à droite. Freins à commande mécanique avec tambours AR. Suspension à essieux rigides, avec ressorts à lames longitudinaux AV/AR ; sur demande : amortisseurs Houdaille ou Hartford sur les 4 roues. Poids du châssis nu :1000 kg.
  • DIMENSIONS – Empattement : 302 cm. Voie :138 cm. Pneus : 820 X 120. PRIX – Châssis nu 28 500 F ; torpédo: 34 800 F ; conduite intérieure 6 glaces : 44 000 F ; coupé de ville ou petit coupé-limousine : 44 500 F.

16 CV S / S TYPE X36 Modèle inchangé ; mêmes caractéristiques que l’année précédente, sauf freins AV disponibles sur demande et avec supplément ; poids du châssis nu 1200 kg. Prix : 33 500 F pour le châssis nu ; 42 300 F pour le torpédo; 51 000 F pour le coupé-limousine ; 52 500 F pour la conduite intérieure 6 glaces.

20 CV S / S TYPE X35 Modèle inchangé ; mêmes caractéristiques qu’en 1922, sauf : freins AV disponibles sur demande ; poids du châssis nu : 1400 kg. Prix des modèles carrossés : 56 500 F pour le coupé-limousine; 58 500 F pour la conduite intérieure 6 glaces avec strapontins face à la route. Prix du châssis nu maintenu à 38 500 F.

35 CV S / S TYPE X38 Modèle inchangé ; mêmes caractéristiques que l’année précédente, sauf freins AV montés d’origine et poids du châssis porté à 1550 kg. Prix du châssis nu maintenu à 60 000 F ; les 35 CV 8 cylindres sont pratiquement toutes carrossées à l’extérieur de l’usine, soit en France, soit à l’étranger.

SAGA DES CARROSSERIES SUR CHASSIS-MECANIQUE PANHARD



Charly  RAMPAL  (Archives Panhard)