Le Rallye Alsace-Lorraine, dans sa formule 59, se décomposait en deux parties :
Une longue promenade en Allemagne pour aller au Nurburgring où s’est courue la première épreuve du classement, ensuite une nuit dans les Vosges, avec des routes difficiles découpées en secteurs n’autorisant aucune défaillance.

Cette nuit vosgienne était encadrée de deux courses de côte dans le col de la Charbonnière et dans Sewen.

A l’issue de l’épreuve de 100 kilomètres courue sur le Nurburgring, déjà Bernard Consten au volant de son extraordinaire Alfa Gulietta Zagato à moteur Conrero développant 118cv, avait pris la tête du classement.

Auteur du meilleur chrono (46’3’’ 1/5) devançant en temps réel José Berha sur Porsche (46’7’’3) dont le moteur s’obstina à ne marcher que sur 3 cylindres, puis suivait Nerrière sur Mercédes 300SL et Roger de Lageneste dont la 403 spéciale avait réussi l’étonnat chrono de 48’26’’3.

Au classement à l’indice , Hébert-Consten étaient suivis par l’Alpine 904 de Maurice Michy-Dujoncquoy, la Porsche de José Berha, la DB-Panhard de Bartholoni-Tassoul et l’Alfa TI d’Oreiller-Marbaque.

Notre représentant René Bartholono dit « Bartho » ; avait cette année, remplacé son coéquipier Zimmermann de 1958 avec lequel il avait terminé 2ème des moins des 1.000 cc, par Robert Tassoul, moins connu et qui avait failli disparaître quelques mois plus tard à l’occasion d’une reconnaissance pour le Tour Auto et qui vaut d’être racontée

Rassoul voulait essayer seul le virage de St Estève et y entra sur la DB de « Bartho » sous une pluie battante, trop vite sur une mauvaise trajectoire et freina roues braquées.
Il fit un tonneau et fut victime d’un sérieux traumatisme crânien, ayant négligé de mettre son casque !

René Bartholoni joua alors le rôle d’infirmier improvisé dans l’ambulance qui filait à l’hôpital.
L’oreille calée sur le thorax de Tassoul entre la vie et la mort, il dut en surveiller les battements du cœur. Le malheureux ne se réveilla que quelques jours plus tard dans un triste état.

Dans le col de la Charbonnière, Consten et Michy conservaient leur position de leaders tandis que l’on voyait Henri Oreiller prendre une excellente troisième place devant José Berha et Roger De Lageneste qui avait réalisé dans ce col le troisième temps absolu !

Puis, dans la nuit, sur des routes pleines d’embûches, de nombreux équipages disparaissaient, comme José Berha, victime d’une erreur de navigation de son coéquipier Marx, se retira, Maurice Michy quitta la route sans trop de mal, ainsi que Guérineau-Thomas.

Puis au petit jour, ce fut Sewen.
Bernard Consten y réalisa le meilleur temps, battant le record établi voici deux ans par Willy Mairesse sur Mercédes 300 SL.
Il était suivi, en temps absolu, par Roger DE Lageneste et Henri Oreiller.
A l’indice : Hébert-Consten précédaient Oreiller , De Lageneste et Bartholoni sur sa DB-Panhard.

La cause était entendue et pourtant un accident ne permit pas à Roger De Lageneste de goûter le fruit de ses beaux efforts.

Peu après la course de côte il dut, en effet, jeter sa voiture dans le fossé pour ne pas percuter les deux Jaguar le précédent qui s’étaient embouties à la suite d’une erreur de parcours de Scwindenhammer, premier concurrent parti.

Un bel embouteillage s’ensuivit mais De Lageneste en fut la seule victime.

Au classement général on trouve donc dans l’ordre :

Consten-Hébert (Alfa Roméo Zagato
Oreiller-Marbaque (Alfa TI)
Bartholoni-Tassoul (DB-Panhard) que l’on voit ci-dessous avec son casque de l’époque, en compagnie de Jean Favarel.

BARTHOLONI-FAVAREL

Mlle Spiers-Edgar Berney qui réussit à amener leur petite Fiat Abrth-Zagato à la 4ème place.

FIAT-ABARTH

Puis, Vittori et Mme sur Porsche
Annie Soisbault-Renée Wagner gagnantes de la coupe des Dames sur leur Triumph TR3.

Dans les catégories, victoires de Consten, Oreiller, Bartholoni, Vittori déjà cités et de Bouillier-Picut (Citroën ID 19) et de Ledy (Dauphine Gordini).

Pour l’anecdote, signalons que les organisateurs s’apprêtaient à fêter les grands vainqueurs : Consten et Jean Hébert.

Pour Consten c’était la troisième victoire consécutive, pour Jean Hébert, la seconde.
Et pourtant, à l’heure de la distribution des prix, les lauréats étaient absents.
Les deux « cousins » avaient jugé que les coupes qu’on leur destinait n’étaient pas en rapport avec leurs performances dans les diverses épreuves de classement !

Sachant qu’il n’y a pas de format réglementaire pour les coupes et les organisateurs ne leurs doivent rien.
En tout cas, les prix en espèces, eux, n’ont pas été refusés : belle mentalité !

Charly RAMPAL sur des infos documentaires de l’époque.