Ces épreuves, déjà répandues aux USA et en Grande-Bretagne, commencent à s’imposer en France.

C’est que l’intérêt d’une course réside davantage dans la lutte des concurrents que dans leur vitesse propre.

Or, le public s’est rendu compte que ces petits engins nerveux et maniables, sont bien faits pour valoriser au maximum les qualités des pilotes.

La marque anglaise « Cooper » qui travaille depuis longtemps le problème, a réalisé sous ce rapport un modèle qui tient pour l’instant le haut du pavé.

Actionné par un moteur JAP qui fournit quelque 40cv à 6.000 t/mn avec une compression de 14 ou par un Norton ACT, le Racer Cooper atteint une vitesse de près de 170 et bénéficie en plus d’une parfaite mise au point.

Reine des 500, les Cooper en cette année 1950, viennent de triompher notamment à Monaco, à Aix les Bains, Angoulême, Grenoble et à Zandwoort, en Hollande.

A Aix les Bains, par exemple, Harry Shell a réalisé une moyenne horaire de 74 km184 , alors que Sommer, le vainqueur de la catégorie supérieure sur Ferrari 2 litres, n’a réalisé que 74km537. Ce qui en doit long sur les étonnantes possibilités de ces petits engins.

En France cependant, deux sportifs et techniciens remarquables, sont entrain de rattraper le retard et peut-être même de conquérir la première place, je veux parler évidemment de Deutsch et Bonnet.

Ils ont eu le mérite de relever le défi en réalisant un châssis entièrement nouveau, spécialement adapté pour recevoir le moteur de la Dyna.

Ce moteur ramené à 500 cc a servi de façon remarquable ce châssis en montrant qu’elle n’est pas très éloignée de la Cooper en vitesse pure et qu’au point de vue tenue de route et freinage, elle lui était même supérieure grâce aux trains roulants à base conceptuelle Panhard.

C’est ce qu’on allait voir, en lever de rideau du Grand Prix de Paris automobile, sur la première course en circuit des Racer 500 en région parisienne.

Cette course, disputée sur 22 tours du circuit spécial de 3 km 660 (soit 80 km 252) de Montlhéry, remporta un très vif succès auprès du public, succès confirmé par la magnifique bagarre qui se déroula tout au long des 22 tours.

D’Angleterre, berceau des Racers 500, étaient venues :

- 5 Cooper que l’on vit enfin à l’œuvre en France, aux mains de pilotes réputés outre-manche comme Carter, Coldham, Aston, Sir Francis Samuelson et Léonard, ce dernier s’alignant pour la première fois en compétition au volant d’une Cooper.
Toutes les 5 étaient propulsées par des moteurs JAP.

- La France était représentée par 6 DB, pilotées entre autres par les constructeurs Deutsch et Bonnet et par le marseillais Elie Bayol, et par 7 voitures construites entièrement par des amateurs, selon la pure formule Racer 500 : Richl pilotait la Freiss à moteur BMW, Otterbein, la Simca-Surva, Denis, la D.S., Hardy la H.S., Debuire, la Debuire-spécial, toutes les trois équipées de moteurs Zundapp, tandis que Jean Térigi (que possède aujourd’hui notre ami Gilbert Lenoir) présentait une machine extrêmement intéressante équipée d’un moteur Triumph Grand Prix, et Pousset sa Delanne dotée d’un vieux bicylindre MAG.

Si une Cooper, ce qui ne surprit personne, enleva la victoire, on peut dire que la maison DB, pour sa première sortie en course, remporta les honneurs de la journée avec Elie Bayol qui prit la seconde place du classement Général.

Regrettons l’abandon de Térigi qui semblait avoir la possibilité d’amener sa spéciale sur la ligne d’arrivée avant quelques voitures d’usine.

C’est donc 18 voitures qui prirent le départ lancé sur l’anneau de vitesse, derrière la Delahaye de Pozzoli.

Désillusion dès le départ pour Pousset et Hardy en proie avec des problèmes de pompes à essence pour mettre en route leur moteur.

Passant devant les tribunes, la Delahaye s’efface et le peloton accélère et disparait au goulet dans un nuage de fumée.

Deux minutes plus tard apparaissent les leaders, et c’est Aston et sa Cooper qui vire en tête à l’épingle des tribunes, précédant Carter (Cooper) de 1’’, Coldham (Cooper) de 6’’ et de 7’’ René Bonnet et Bayol, qui, à la surprise générale, devancent les Cooper de Samuelson et de Léonard.

Puis, débouchent roue dans roue : Chaussat, Deutsch, Pagnibon (qui pilote la machine de Jean Lucas) et Aunaud sur DB.

La brigade des Spéciales suit étroitement, avec en tête Térigi, victime d’un piston percé aux essais, il a pris le départ avec des pistons de Tourisme qui remontent l’huile.

Il précède quand même Otterbein, dont le moteur n’est pas tout à fait rodé, de 3’’ ainsi que Riehl qui ne peut se servir de sa deuxième vitesse, Debuire et Denis (DS-Spécial).

Au deuxième tour, Bonnet a passé Coldham pour la troisième place, mais Bayol a du laisser la sienne à Samuelson.

Otterbein a déjà 1’40’’ de retard sur l’homme de tête,

derrière lui vient Rielh sur sa Freiss.

Et voilà Aston qui s’arrête : il a des ennuis avec son roulement de tête de bielle qui le contraint à l’abandon.

Bonnet tente vainement de rattraper Carter pour prendre la tête, et réussit le meilleur temps des DB qui ne sera égalé qu’à la fin de la course par Deutsch : 2’ 9’’ 6/10.

Au huitième tour, au désappointement général, il s’arrête pour changer sa commande de levier de vitesses.

Simultanément Pagnibon dont le moteur qui n’était pas assez rodé, a serré et a du abandonner.

Auparavant, Aunaud avait cassé le changement de vitesses de sa DB et au 5ème tour Debuire (Debuire-Special) avait abandonné également sur rupture de l’arbre de transmission.

De sorte qu’à la mi-course le classement s’établit ainsi :

1 – Carter (Cooper)
2 – Samuelson (Cooper)
3 – Bayol (DB
4 – Coldham (Cooper)
5 – Leonard (Cooper)
6 – Deutsch (DB)
7 – Chaussat (DB)
8 – Otterbein (Simca-Surva)
9 – Riehl (Freiss)
10 – Denis (D.S.)
11 – Hardy (H.S.)

Otterbein qui doit s’arrête pour rajouter de l’eau, laisse sa place à Riehl qu’il ne pourra pas remonter, tandis que Coldham ne peut donner son maximum : son flotteur de carburateur étant percé, la carburation est beaucoup trop riche et le moteur manque totalement de reprise.

Bayol talonne Samuelson de si près que, pour la plus grande joie du public, à la sortie de l’épingle des tribunes, sa roue avant gauche escalade la roue arrière droite de l’Anglais !

Quant à Léonard, il se bagarre aussi fermement avec Deutsch qui veut lui ravir sa place.

Au 13ème tour, Bonnet repart avec 5 tours de retard,

et quatre tours plus tard, c’est Chaussat qui va casser à son tour le changement de vitesse de sa DB et abandonner.

Il est suivi par Samuelson qui laisse la deuxième place à Bayol dont la conduite adroite et extrêmement régulière fut remarquable tout au long de la course.

Mais Bayol ne peut rejoindre Carter qui a pris le large. Aussi Elie décide d’assurer la fin de la course.

Aussi l’attention se porte sur la lutte entre Deutsch et Léonard pour la 4ème place.

A quatre tours de la fin, dans le feu de l’action, Deutsch parvient à égaler le meilleur temps des DB que Bonnet avait établi au 4ème tour et il parvient à sauter la Cooper qui, prévenue du danger, avait pourtant accéléré nettement.

Ayant accompli près de 100 km/h de moyenne et établi le record du tour en 2’ 7’’ 2/10, Carter franchit en vainqueur la ligne d’arrivée, devant Bayol d’une vingtaine de secondes :

CLASSEMENT GENERAL DES 22 TOURS

1 – Carter (Cooper) en 48’ 19’’ 9/10
2 – Bayol (DB) en 48’ 38’’
3 – Coldham (Cooper) en 49’ 44’’ 1/10
4 – Deutsch (DB) en 49’ 57’’
5 – Léonard (Cooper) en 50’ 4’’ 3/10
6 – Riehl (Freiss) à 4 tours
7 – Otterbein (Simca-Surva) à 4 tours
8 – Samuelson (Cooper) à 5 tours pour abandon sur casse mécanique
9 – Chaussat (DB) à 5 tours abandon au 17ème tours)
10 – Bonnet (DB) à 5 tours (s’est arrêté pendant 5 tours pour réparer son changement de vitesses)
11 – Denis (D.S.) à 6 tours
12 – Hardy (H.S.) à 11 tours


Ont abandonné sans avoir parcouru un nombre de tours suffisants pourv être classé :

Térigi (Térigi) et Pousset (Delanne) au deuxième tour.

Aunaud (DB) et Aston (Cooper) au quatrième tour, Debuire (Debuire) au cinquième tour.

LES MEILLEURS TEMPS :

1 – Carter (Cooper) 2’ 7’’ 2/10
2 – Samuelson (Cooper) 2’ 8’’
3 – Aston (Cooper) 2’ 8’’ 1/10
4 – Deutsch (DB), Bonnet (DB) 2’ 9’’ 6/10
6 – Léonard (Cooper) 2’ 10’’ 7/10
7 – Bayol (DB) 2’ 11’’
8 – Coldham (Cooper) 2’ 14’’ 7/10
9 – Chaussat (DB) 2’ 18’’ 5/10
10 – Pagnibon (DB) 2’ 20’’ 3/10
11 – Aunaud (DB) 2’ 25’’
12 – Riehl (Freiss) 2’ 38’’ 3/10
13 – Otterbein (Surva) 2’ 39’’ 4/10
14 – Debuire (Debuire) 2’ 54’’ 6/10
15 – Denis (D.S.) 2’ 58’’
16 – Hardy (H.S.) 3’ 20’’ 6/10

Ont tourné insuffisamment longtemps : Térigi et Pousset.

Remarque : le premier tour étant donné avec départ lancé sur l’anneau de vitesse, il ne peut être comparé à un tour normal sur le circuit.

Charly RAMPAL (D’après le compte rendu d'époque de Gérard Crombac, Photos DB et des propriétaires des véhicules cités).

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