Après les premières escarmouches et les brillantes victoires de la Dyna Z dans les Economy Run des années cinquante, c’est au tour de la PL17 à prendre le relais.

LA PL 17 OU LA CONTINUITE

Quand se déroule ce quatrième Mobil, la PL17 qui succède à la Dyna Z vient seulement d’être présenter et doit donc attendre un peu pour faire ses preuves.

L’économie est d’ores et déjà inscrite dans les gènes de cette voiture dont la dénomination commerciale résulte officiellement de l’addition de « 5 chevaux + 6 places + 6 litres », ce dernier chiffre annonçant une consommation inchangée par rapport à la Dyna.

En attendant, la victoire de Jules Favières est présentée dans la publicité comme illustrant la sobriété « d’une Panhard », sans autre précision puisque la fabrication des berlines Z11 et Z16 est arrêtée.

Dès 1960, les pilotes qui s’étaient illustrés lors des éditions précédentes récidivent avec le nouveau modèle.

Ils engagent évidemment des PL 17 normales, dont le moteur est moins nerveux mais plus sobre que le Tigre disponible en option sur les Panhard depuis les dernières Z16 (mars 1959).

Le Caltex Economy Test ouvre la saison mais ne sourit pas à la marque doyenne, le premier classé étant Parayre avec une modeste place de septième : cependant, les sœurs Kissel emportent la coupe des Dames.

Panhard va se rattraper avec le Mobil Economy français.

La cinquième édition se court cette année entre Utrecht et Cannes via Le Touquet, Bourges et Grenoble, et confirme les qualités d’Hébrard et de son épouse, qui remporteront aussi l’épreuve autrichienne.

Leur L1 Luxe – une version un peu allégée par rapport à la Grand Standing plus répandue – est classée première à l’indice de rendement énergétique (5,241 litres aux 100 km).

Cependant, la victoire de catégorie ne revient pas à Panhard mais à une Dauphine, redoutable concurrente sportive et commerciale : il est vrai que les PL1 17 sont lestées d’un poids équivalent à six occupants ‘438 kg, soit 1235 kg au total !), alors que la petite Renault ne part qu’avec un handicap de 292 kg, correspondant à ses quatre places.

Dans ces conditions, le résultat de Jules Favières est éloquent : l’équipage qu’il forme avec Claude Courbe se classe deuxième de la catégorie, avec 5,06 litres contre 4,78 pour la voiture de Billancourt, soit moins d’un quart de litre de différence.

Le concessionnaire de Dreux a d’ailleurs emporté en juin le Mobil italien ( 4,36 litres).

Les autres engagés sur PL 17 sont relégués en fond de tableau : D’Espouy par exemple ne parvient pas à se classer mieux que neuvième, et André Parayre, lui, est carrément éliminé.

DOUBLE VICTOIRE

Parayre et Espouy vont s’associer pour prendre leur revanche en 1961, avec une double victoire à l’indice énergétique, d’abord en avril au Caltex Performance Test (4,253 litres), puis en juillet au Mobil français (4,657 litres).

Ce dernier concours comprend désormais une épreuve d’efficacité, courue cette année-là sur l’autodrome de Miramas : pour allier moyenne élevée et consommation réduite.

Les qualités routières sont déterminantes et c’est une Panhard qui emporte la victoire absolue en ce domaine : la P 17 de Courbe et Molina qui s’est contentée de 4,749 litres à la moyenne de 96 km/h.

Pour rouler à peu près à la même vitesse, la 403 Peugeot engagée en catégorie III exige presque 3 litres de plus !

Notons aussi à l’actif des sœurs Kissel, un nouvelle victoire au Caltex.

Au Mobil français de 1962, André Parayre et Philippe d’Espouy se classent encore premiers.

La création de cette épreuve entraine d’ailleurs la suppression du Trophée Mobil décerné à la voiture  présentant le meilleur rapport entre le poids transporté multiplié par la distance d’une part, et la consommation d’autre part.

Panhard, qui a détenu ce Trophée pendant quatre années consécutives, le conserve  définitivement, par dérogation au règlement qui stipulait qu’il resterait acquis non à un constructeur, mais à un concurrent vainqueur de l’épreuve de années de suite, cas qui ne s’est pas présenté.

On voit ci-dessous, Paul et Jean Panhard recevant ce Trophée :

RECETTES POUR UN SUCCES

De son côté, Jules Favières gagne le Mobil italien et le Mobil autrichien.

Il va livrer le secret de ses réussites au journaliste de l’Aurore qui l’interroge le 3 avril : « Pour m’entrainer, j’ai disposé dans ma PL 17 une éprouvette de 200 cm3 qui me renseigne au centilitre près sur la consommation.

Ainsi, je puis vous dire qu’une voiture bien réglée… et bien conduite, ne doit pas consommer plus de 3,7 litres aux 10 km sur le plat, 5,5 en montée, 1 litre en descente.

Au Mobil italien, dans l’étape des Dolomites, les journalistes transalpins, avec une pointe d’ironie, m’ont demandé avant le départ combien j’allais brûler. Je leur ai répondu : 15,530 litres. Le soir à Trente, ils étaient autour de ma voiture.

On fit le plein : il manquait 15,600 litres. Ils me regardaient comme si j’avais été un sorcier. Donnez-moi l’itinéraire et le profil de la route, et je vous calcule votre dépense en carburant.

Je n’ai même pas besoin d’anémomètre pour calculer la vitesse du vent. »

On voit ci-dessous le couple Favières devant leur garage de Drouais. Sur leur vitrine, l’affiche de leur victoire en 1959 avec une Dyna. Ils viennent de toucher la première PL 17 de démonstration.

UNE SUPREMATIE  DECLINANTE

Au Salon 1962, les PL 17 sont assez profondément remaniées esthétiquement (feux, pare-chocs, baguettes) et bénéficient de progrès techniques (moteur M6 de 848cc) plus puissant et plus souple, nouvelle boite, freins à tambours ailettés).

Est-ce alors leur nouvelle visière de toit qui les handicape (elle est réputée faire perdre 5 km/h à la voiture ) ?

Toujours est-il que 1963 est à marquer d’une pierre noire, du moins pour Panhard car François Landon, directeur sportif de la Régie, peut se réjouir du triplé Ondine-Gordini.

La suprématie des berlines Panhard arrive décidément à son terme.

En 1964, la PL 17 Luxe de Courbe et Molina court encore aux côtés de la nouvelle 24, mais doit lui concéder la victoire (elle finit troisième de sa catégorie).

Ce sera la fin des berlines 4 portes Panhard : la place est laissée au 24.

Fera-t-elle aussi bien ? vous le saurez dans un prochain article.

En attendant bon apéro avec les acteurs et Etienne de Valance à l’extrême droite de la photo…

Charly  RAMPAL  avec l’aide  de Yann LELAY et Bernard VERMEYLEN + photos archives Panhard