Apparue au Salon de l’Automobile d’octobre 1963, la 24CT a fait l’effet d’une bombe tant sur le plan de son esthétique que celle de son ingénieuse conception.

Les médias ont unanimement salué ce nouveau modèle Panhard malgré les contraintes drastiques imposées par son mentor : Citroën.

Je ne vais pas vous faire l’injure de vous relater la litanie des essais qui eurent lieu en son temps par les grands mensuels ayant pignon sur rue ( A.J., L’Automobile, A.A.T. etc…).

Je vais m’attacher à énumérer ce qui fait que la 24CT est une voiture sûre. En ces temps nouveaux où le principe de précaution bât son plein et où la multiplication des limitations des vitesses semble être l’unique voie à notre sécurité routière, la 24CT a en elle tous les critères d’une voiture sûre.

Ces critères ayant une place prépondérante en ce début du 21ème siècle. Et si les crashs tests d’aujourd’hui rassurent nos conducteurs assistés, la 24CT (ou BT) présentait à sa sortie une assurance tout risque de bon aloi.

Si la 24 est sans conteste une parfaite réussite esthétique, c’est une des rares automobiles présenter, pour le prix proposé, autant de soin, de confort et des « prévenances », un ensemble de qualités qui font les voitures sûres parce qu’elle donne confiance et donc sécurise ceux qui la conduisent.

On peut souvent remarquer qu’à voiture exceptionnelle, il ne faut pas pour autant un conducteur exceptionnel, mais du moins, un automobiliste consciencieux qui voudra bien se donner la peine de comprendre, d’assimiler et de maîtriser, en fin de compte, une voiture qui n’est manifestement pas « comme les autres… ».

Notre grand ami Maurice Trintignant ne disait-il pas : « les Panhard sont de belles maîtresses qui ne se donnent qu’aux initiés » ?

Du seul point de vue sécurité, tout à l’avant ou tout à l’arrière présente des avantages certains.
Mais à une seule condition : que ces réactions ne viennent pas surprendre l’automobiliste, mais qu’elles soient, au contraire, parfaitement connues, jusqu’à leurs limites, afin qu’elles deviennent des atouts supplémentaires à une conduite sûre.

Le premier agrément de cette voiture est d’y trouver une position de conduite toujours parfaite : voir les multiples combinaisons de position des sièges AV et du volant réglable.

Le volant ovale qui dégage la visibilité vers le haut et la liberté des cuisses par le bas.

Une direction relativement ferme qui permet de bien sentir les réactions par un toucher de route parfait, contrairement aux directions assistées des voitures actuelles faites plutôt pour le stationnement en ville, sans parler du mode « city » de mes chères FIAT…

La 24, n’est pas une voiture de ville, mais une grande routière.

Pour cela, elle en a toutes les caractéristiques : confortable, très bien suspendue, une adhérence absolument parfaite lorsqu’elle est chaussée de Michelin XZX ou mieux encore de XAS.

Une vitesse de croisière de 130 km/h (compteur) qui peut-être soutenue pendant des heures sans aucun mal pour la mécanique : c’est entre 4.600 et 5.200 que le moteur est le mieux. Vous ne serez donc pas ridicule sur les autoroutes et mieux encore sur les voies rapides à 110.

Des doubles phares extrêmement puissant d’autant qu’on peut remplacer (comme je l’ai fait) les ampoules d’origines par des iodes blancs…

Une carrosserie ne présentant aucun angle saillant. Des pare-chocs robustes encastrés et arrondis qui permettent de faire glisser la voiture sur un choc ¾ AV ou AR.

Une structure AV déformable absorbant progressivement l’énergie emmagasinée.

Une cellule rigide qui protège les passagers indépendamment du train AV ou AR.

Un freinage qui, sans être exceptionnel est néanmoins suffisant pour cette vitesse de croisière (je parle ici des tambours).

La nervosité est moyenne, mais pour doubler, un coup de troisième vous permet d’atteindre 122 km/h ce qui est largement suffisant sur nos nationales aujourd’hui bien aménagées et limitées à 90.

Ce qui n’empêche pas d’avoir une belle souplesse, pour un bi-cylindre. Bien sûr, rien à voir avec les petits moteurs diésel d’aujourd’hui !

Pensez qu’elle a quand même 50 ans dans les jantes…

Quant à la tenue de route, c’est un régal quand on a compris ses réactions.
Comme toujours, ne pas hésiter à accélérer progressivement : ce qui implique automatiquement d’avoir à rentrer doucement dans un virage pour en ressortir plus vite.
Avec cette conduite à l’accélérateur, la 24 se coulera tout au long des courbes ou des virages, sans heurt ni dérapage.

Quant à l’équipement général il est aussi orienté vers la sécurité.

En plus de l’excellente position de conduite déjà citée, il faut mentionner la visibilité.

Ici, elle est vraiment panoramique, les angles morts étant aussi réduits que possible.

Rien à voir avec une AUDI TT plus proche du concept d’un Junior capoté (elle a certes d’autres qualités ! … Mais à quel prix !) Et puis, avec ce type de voiture l’important c’est d’être vu et pas de voir…

Et le rétroviseur Panhard est le seul permettant d’avoir une vue complète de se qui se passe à l’arrière et même sur les côtés !
Aujourd’hui, il faut de véritables appendices d’éléphant pour avoir autant de vision !

S’il diminue les images, c’est néanmoins un rétroviseur qui prend toute la visibilité de la lunette arrière.

Mais cette visibilité n’est pas réalisée au détriment de la solidité de la caisse et du pavillon. Ici encore, la superstructure a fait l’objet d’une étude très poussée : voir mes deux articles.

Il y a encore cet astucieux feu rouge encastré dans l’épaisseur des portières et qui s’allume dès que les portes s’ouvrent (concept repris depuis…). Que de motards sauvés la nuit…

Il ne faut pas non plus négliger tous les accessoires du tableau de bord, très bien dessiné, très esthétique lui aussi.

Très bonne chose également que ces essuies glace à deux vitesses et l’avertisseur lumineux et tout un tas d’instruments utiles à la sécurité mécanique.

Au niveau sécurité passive citons : le volant rembourré, les sièges avant dont le dossier arrondi est matelassé, une ceinture antichoc qui couvre la totalité du pavillon et le tableau de bord sans angles vifs.

Mais le meilleur de tous ces éléments de sécurité est sans doute la climatisation.
Un enfant de 2 ans pourrait le faire fonctionner sans erreurs possibles : il suffit de choisir une figurine qui représente tout ou partie de l’habitacle (pare-brise, chauffage d’ambiance, lunette arrière, etc…) et un simple levier, allant de gauche à droite, donnera plus ou moins de chaleur.

Rien n’est plus simple, rien ne demande moins d’attention.
Et la lunette arrière sera désembuée grâce aux canalisations qui ceinturent la caisse en passant à travers les portières.

Quant à l’air frais, il sera amené par deux sphères mobiles et orientables places à chaque extrémité du tableau de bord.

Enfin, l’éclairage du tableau de bord est réglable par un rhéostat : sécurité encore, car sur les longues routes de nuit rien n’est plus désagréable qu’une lumière insidieuse qui ôte insensiblement l’acuité visuelle.

Il faut enfin noter que la 24 (CT en particulier) a une consommation raisonnable, même si elle ne peut pas soutenir la comparaison avec les moteurs d’aujourd’hui bourrés de capteurs électroniques en tout genre qui règlent la carburation aux petits oignons.

Mais pour tourner vite, les 60 chevaux ont soif…

Avec les restrictions et la pression actuelle sur les automobilistes à cause d’une minorité délinquante,, la meilleure façon de conserver son permis et de se faire plaisir dans la plénitude du verbe « piloter », la 24 CT (plus que la BT) reste une automobile « plaisir ».

La Panhard 24 CT sera la dernière grande date dans l’histoire de la firme de la Porte d’Ivry.
Elle le mérite largement puisqu’elle a ouvert la voie à des constructeurs qui règnent en maître aujourd’hui.
Elle a payé de sa vie en voulant être à la fois, conservatrice et innovante, le tout avec un caractère bien humain…

Charly RAMPAL