C’est le week-end des 6 et 7 août que se déroulait sur le circuit anglais de Croft des courses réservées aux voitures de compétition des années 50 à 70.

Les anglais, très friands de ce type de « nostalgia week-end » présentaient des plateaux allant de la F1 aux Racers 500 en passant par les Tourismes et toutes les formules de monoplaces de l’époque, le tout, encadré par la présence des clubs et de marchands liés à ce type d’évènement.
Cette manifestation n’était pas sans rappeler les heures glorieuses des Coupes de l’Age d’Or à Monthléry des années 80 avec en plus la présence d’avions et des clubs militaires. Il faut dire que les anglais sont fiers de leur armée et surtout de leur aviation sous la bannière de la Royal Air Force !

Mais pourquoi diantre, l’Angleterre ? Le territoire national ne nous suffisait donc pas ?

C’est grâce à Gilbert, propriétaire de la monoplace Monopole et d’un Racer 500 Cooper ex-Harry Schell, que nous avons pu participer, Gérard Dantan et moi, à la course des Racer 500 en répondant à l’invitation du Club Racer 500 anglais.

En effet, Gilbert dispute pas mal de courses avec ce plateau et notamment le célèbre rendez-vous de Goodwood, point d’orgue de ces manifestations très british.
Aussi, la présence des Frenchies au volant de DB Panhard était un atout supplémentaire à leur plateau traditionnel : le succès populaire ne se fit pas attendre et les appareils photos crépitaient autour de nos 2 monoplaces.

Les circuits anglais, on les connaît par la F1 : Silverstone, Brands Hatch, Donington, Goodwood, Aintree, Oulton Park, Snetterton, Mallory Park, etc…, mais c’est à Croft que je devais mettre pour la première fois, les pieds et les gommes sur le sol anglais !

Mais où se situait ce circuit ?

Le circuit de Croft se trouve près de Dalton-on-Tees ou encore de Darlington dans le North Yorkshire.
Ce circuit développe un peu plus de 2 miles (3 km) de long et comme le plupart des autres circuits, il est dessiné à partir d’une base d’aérodrome très nombreuses au royaume de sa Majesté.

Les premières courses à Croft datent des années 1920, mais ce fut après la deuxième Guerre mondiale que le circuit de Croft est devenu un lieu de sport automobile important.
C’est au début de la Seconde Guerre mondiale qu’un aérodrome de la RAF a été construit sur le site actuellement occupé par le circuit.
Elle a été principalement utilisée comme une base de bombardiers et ainsi, elle accueillait les célèbres Wellington, Lancaster, Whitley, Stirling et Halifax.

Cette piste est émaillée par de nombreux accidents principalement des bombardiers notoires qui ont manqué leur atterrissage, comme par exemple celui qui, revenant d’une mission en Allemagne, est venu s'écraser sur un arbre à Atley Hill, à environ 4 miles (6 km) de distance. Tous les membres d'équipage ont été tués. La souche morte de l'arbre a survécu comme un mémorial sur la colline Atley jusqu'à ce qu'elle soit arrachée par le propriétaire dans le milieu des années 1990.

A la fin des hostilités, l'aérodrome a été abandonné par la RAF, il est encore possible de voir certains bâtiments et structures militaires survivre sur les terres agricoles à proximité, même si la plupart des grandes constructions, comme les hangars, ont été démolis ou utilisés dans les villages voisins du Nord Cowton, Dalton-on-Tees et Croft-on-Tees.
En 1947, un homme d'affaires et conseiller municipal, John Neasham, en acquis le bail.

Durant la fin des années 1940 et dans les années 50, le Motor Club de Darlington a tenu des réunions de courses automobiles dans différentes configurations en utilisant les pistes et routes périphériques.

Au fil des ans le circuit a accueilli de nombreuses célébrités et a organisé des réunions nationales et internationales.
En Décembre 1967 Croft a commencé à accueillir du Rallycross.
En 1981, la rentabilité était tombée et le circuit nécessitait une remise à neuf de la piste.
Après quoi, Croft a été homologué par la FIA et a servi de terrain de jeu aux FIA InterNations-Cup événements majeur des années 1987 et 1990 ainsi que le tour 1994 britannique de la FIA européenne Rallycross.

Avec l'intérêt porté au Rallycross, la décision a été prise de réintroduire les courses asphalte et Croft est devenu un site populaire des courses de motos et de voitures.

En 1997, le circuit a subi une transformation majeure - le circuit a été étendu à 2.127 miles (3.423 km)

et de nouvelles enceintes, paddock, tour de contrôle et les zones spectateurs ont été construits.

En 2000, avec la montée du mouvement écologiste, une plainte officielle a été déposée par des résidents locaux à cause du bruit produit par les moteurs des voitures de course, poussant la mauvaise foi à affirmer que cela avait un effet sur la santé de certaines personnes !

Le circuit a perdu un procès en avril 2008 et les demandeurs ont reçu un total de £ 149 600 en compensation pour le bruit subi mais leur demande d'injonction contre l'exploitation actuelle du circuit a été refusée.
Les deux parties ont fait appel de ce jugement. L'appel a été entendu le 15 Janvier 2009 avec la décision rendue le 26 Janvier 2009.
Un compromis a été trouvé en limitant les manifestations à 40 jours / an.
Mais ce problème acoustique aura des répercutions sur notre amis Gérard Dantan…

Arrivé le jeudi soir, nous étions pratiquement les premiers participants en place. Fort aimablement accueillis par le plateau de la Formule Junior, nous décidâmes, avec leur insistance, de rester avec eux sur leur paddock, au lieu de celui réservé aux Racers 500, perdu dans le fin fond du circuit. Cet emplacement de rêve si situait contre la piste juste après la ligne de départ : une position idéale pour suivre les différentes courses !

Hélas, une pluie diluvienne et continue décida de nous accompagner les vendredi et samedi.

Heureusement, nos prestations n’étaient prévues que pour le dimanche : essais vers 12h30 et course à 19h !
Il faut dire qu’à cause des intempéries, la programmation avait été bouleversée et de nombreuses courses reportées.
Néanmoins, le spectacle fut de toute beauté dans chacun des plateaux que l’adhérence précaire rendait encore plus spectaculaire.
Entre deux averses, nous profitons pour affiner nos voitures. C’est ainsi que David, venu nous assister (pilote de Racer : voir mon article sur Portimao et ex-coéquipier d’Alain Gawski au Mans Classic) me « nettoya » le Monomill de ses « herbes de Provence » et sécurisera au maximum mon circuit électrique resté d’origine et présentant une foultitude de causes de panne ! Puis il m’installa un transpondeur qu’il me prêta aimablement.

Le samedi soir, à l’abri sous un immense chapiteau, une soirée dansante costumée et animée par un orchestre qui égraina nos succès d’adolescent, nous fit prendre conscience de la bonne humeur anglaise et de leur convivialité.

Le Dimanche matin, il n’était pas question de démarrer les moteurs avant 10h30 (je me suis fait rappeler à l’ordre !), messe oblige ! Et c’est à la poussette que nous allions rejoindre les contrôles techniques.

Malgré mes craintes, mon Monomill reçu son sésame de participation : une première étape était franchie.
En effet, au milieu de Racer rutilants, ma monture avec sa carrosserie d’origine décorée de ses innombrables stickers défraichis, détonnait à tous les niveaux !

La Cooper de Gilbert en particulier, qu’il a fait restaurer totalement :

Ce sont 21 Racers qui se présentèrent à la séance d’essais chronométrée.

Comme je le laissais entendre tout au début, moment de panique pour Gérard Dantan dont le Racer DB (que lui a aimablement prêté Gilbert) affichait plus de 136 décibels contre 106 acceptés : il fut refusé sur le champ ! Après discussion et intervention de Gilbert, un compromis a été trouvé : faire 3 tours au ralenti pour être qualifié et mettre un silencieux avant la course du soir. Ce qui sera fait avec l’aide d’un généreux conçurent, Simon Frost, qui lui donna un silencieux (j’ai bien dit « donner ») : c’est ça l’esprit sportif !

Pour ma part, je partais à la découverte du circuit en augmentant la cadence et au troisième tour dans une grande courbe à droite à fond de 4ème (160 environ), j’ai perdu l’avant du Monomill qui partit tout droit traversant à fond le bas-côté en herbe et je ne du mon salut qu’à un champ de blé qui jouxtait le circuit ! Impossible de m’en dégager malgré l’intervention de 5 commissaires : il fallait attendre la fin des essais et la dépanneuse.

La cause de cette perte d’adhérence était due aux pneus Michelin XAS trop vieux et donc très secs qui n’avaient aucun grip et la voiture avait les mêmes réactions qu’une savonnette dans un lavabo !
Je me retrouvais donc en fin de grille mais juste avant Gérard contraint d’appliquer sa sanction.

Heureusement que Gérard avait amené un jeu de roues équipées des Dunlop du Mans Classic que JMR me monta à l’avant pour retrouver un pouvoir directionnel : mais l’arrière restait en l’état : voir photo ci-dessous..

Du coup, pendant la course c’est naturellement l’arrière qui voulait passer devant, mais plus contrôlable au volant.
En revanche, je pris un excellent départ qui me porta au milieu du peloton et pu ainsi participer aux bagarres du début de course. En travers partout, j’essayais de garder ma place. Mais un énorme tête à queue me fit perdre le bénéfice d’un bon début de course. Néanmoins, je pu remonter une nouvelle fois et finir 14ème au milieu d’une fumée bleue due aux vapeurs sortant de la boite à huile (un demi litre) remplie jusqu’à la gueule ! Il va me falloir en trouver la cause, plusieurs hypothèses ont été exprimé lors du débriefing :

Gérard Dantan fit sa course en solitaire en queue de peloton et termina avec 2 tours de retard.

Cependant il n’en a que plus de mérite, car à 80 ans, il faut le faire ! En effet, c’est sur ce circuit qu’il fêta ses 4 fois 20 ans dans un flot de champagne en décidant d’arrêter de vieillir !

Côté Racer 500, notre ami Gilbert n’eut pas de chance avec sa Cooper puisque dès le début, il du abandonné sur un problème de son moteur JAP.

Le niveau élevé de ces bolides à moteur JAP, Norton, Triumph dont les plus rapides tournaient en 1’ 50’’ alors que j’étais en 2’02’’ montre bien la qualité de ces mono ou bi-cylindre issus de la moto...

…, face au 850 Panhard !

Aux dires des spectateurs, la course fut passionnante et spectaculaire à tous les niveaux comme à l’époque des MEP-Monomill, avec le même esprit de combat et de respect mutuel…

Pour conclure, je dois remercier publiquement Gilbert de nous avoir convaincu de l’accompagner dans sa campagne d’Angleterre avec son équipe du « Valnay Historic Racing Car » : la haut, Alain Gawski peut être fier de ses émules :

Un grand merci également à nos amis anglais dont leur représentant, Nigel, vint partager un verre de Casanis : il parait qu’il est toujours à Croft et entend chanter les cigales… ! .

Pour finir, je vous emmène faire une visite des lieux et un tour de circuit…

Texte et vidéo : Charly RAMPAL Photos : Philippe LENOIR