Pour la cinquième année consécutive, notre marque était uniquement représentée par la Dyna Z1 de Pierre-Henry Mahul accompagné de son équipier Thierry Arrais.

La voiture bien préparée mécaniquement par Pinon que servait une boite de vitesses concoctée par Bertrand Hervouet et adaptée aux Rallies : rapports de CD Rallye et 4ème longue pour les parcours de liaison.

Le circuit électrique avait été particulièrement soigné avec un alternateur nécessaire pour la puissance d’éclairage demandée.


Les suspensions sont restées d’origine avec les Houdailles à l’arrière.

Seule amélioration visible celle du freinage où les tambours ETA avaient pris la place des fontes et des roues en 400.

Sans oublier le frein à main transféré sur les roues arrière : je ne vous fais pas un dessin sur l’objectif de son utilisation !

Et puis, c’est un « outil » précieux pour les demi-tours sur ces petites routes…

PLACE AU RALLYE

C’est le vendredi 2 février que l’équipage n°312 sur leur Dyna Z1 prenait de départ de Barcelone pour cette 21ème édition.

Mais laissons la parole à Pierre-Henry Mahul qui nous raconte sa participation de l’intérieur :

« Nous partons pour mon cinquième départ du Monte Carlo de Barcelone.

Première agréable surprise la Z1 avec son moteur et sa boite super longue ne fait qu’une bouchée des 500kms de liaison autoroutière de la Cadière d’azur à Barcelone qui seront avalés à 130 compteur en cinq heures comme n’importe quelle voiture moderne .

Le départ est donné cette année du port Vell et non plus du centre ville.

Nous sommes 37 concurrents. Rejoindre la France à Bourg Madame n’est qu’une formalité.

Nous traversons les Pyrénées enneigées par les routes principales, sans grand intérêt, jusqu’à Carcassonne où nous sommes vers 21 h au pied des murailles de la cité.

Accueil chaleureux de l’ASA locale qui nous régale avec de succulentes saucisses grillées, des bons fromages et du vin rouge.

C’est ça l’ambiance du Monte Carlo, Thierry mon coéquipier dont c’est le premier Monte-Carlo, en est tout surpris.

Il fait froid mais la nuit est dégagée et nous partons vers 23H pour traverser la montagne noire et rejoindre Mazamet ma ville de naissance par des petites routes bien viroleuses qui me rappellent mon enfance.

Pratiquement pas de verglas ni de neige.

La Dyna fait merveille dans les passages lents et accidentés et nous doublons régulièrement les concurrents partis devant nous, seule une des Mercedès 220SE espagnole résistera quelques virages, malgré son poids
sur le routier de fond de vallée, assez rapide de Labruguière jusqu’à St Pons, dont je connais chaque virage.

Nous sommes toujours autour de 120, nous semons tout le monde, y compris deux Porsche 911.

Seule la toute nouvelle Seat Arona d’une équipe d’assistance nous emboite respectueusement le pas.

Le lendemain matin ça sera un beau rassemblement d’espagnols enthousiastes autour de la Z1 : ils ne connaissent pas les Panhard et n’en reviennent pas de découvrir le bicylindre qui ne fait pas 70cv.

Ils ont 150cv et ils nous disent qu’il les leur fallait tous pour nous suivre, le poids étant l’ennemi de la vitesse…

Toute la nuit se poursuit sur le sec, nous doublons des grappes de concurrents qui roulent ensemble, certains se trainent, d’autres roulent à un rythme plus enlevé.

Outre le fait que je n’aime pas suivre, je m’aperçois que je ne peux pas suivre les autres.
Car la traversée de la France profonde que nous faisons par les départementales, est rythmée par les centaines de ronds-points et les milliers de gendarmes couchés qui semblent être la fierté de la plupart les villages.

Si pour les autres pilotes qui ont tous des freins à disques, faire un freinage de 100 à 40kmh avant chaque rond-point n’est pas un problème, pour nous cela en est un véritablement.

Il est clair que si je ne ménage pas les freins, nous n’arriverons pas au bout du rallye.
Même chose sur les gendarmes couchés que certains négocient à 30kmh tandis que la Panhard les avale sans problème à 50.

Donc nous roulons plus vite que les autres pour économiser nos freins… et ça nous va très bien ! D’autant que Thierry a des yeux de chat et plusieurs fois m’annonce des radars au dernier moment.

Nous passons tous les CP et CH et arrivons au regroupement de Bourgoin Jallieu largement dans les temps.

Première spéciale dans l’après-midi, première déception 43 kmh de moyenne pour tout le monde sur une route sèche et sans difficultés alors qu’on nous annonçait des conditions exceptionnelles !

Il s’agit de conduire l’œil rivé sur le Crisartech et le pied sur le frein, aucun intérêt.

Deuxième spéciale idem, après plus de douze heures de route, le plus grand risque est l’endormissement à ces vitesses où le moindre Partner de la poste nous dépose sans aucune difficulté.

Dans la deuxième spéciale, nous nous remotivons et nous appliquons vraiment, nous n’avons qu’une poignée de secondes de pénalités mais nous nous retrouvons 135 èmes au général !

Dès le premier soir il est déjà très clair que nous n’avons aucune chance de bien figurer dans ce rallye au vu de la régularité d’escargot qu’on nous impose.

Au Tour de Corse qui nous réussit si bien, la régul consiste à attaquer 90% du temps et à se réguler les 10% restants, nous aimons cette formule qui met en avant les qualités du pilote comme celle du navigateur.

Ici le navigateur est bien sur énormément sollicité mais pour le pilote, ce sont surtout ses nerfs et sa capacité à ne faire qu’effleurer l’accélérateur qui sont mis à rude épreuve.

Ce n’est pas ma spécialité, pas plus que celle de Thierry qui est un très bon navigateur mais aussi un excellent pilote.

Nous arrivons à Valence où tout le monde nous prédit des conditions apocalyptiques pour le lendemain qui se situe dans la Drome avec le Burzet, le Moulinon et Entraigues.

Comme aujourd’hui, c’était décrit comme exceptionnellement difficile
alors que nous n’avons pas eu de neige, nous décidons d’attendre le lendemain pour chausser ou pas les pneus à clous.

Nous roulons depuis le départ avec des pneus neige que j’avais eu du mal à faire accepter à Thierry qui voulait rester aux merveilleux Michelin XAS FF !

Nous partons dans les derniers, peu avant midi, le temps est très froid mais dégagé et nous décidons de ne pas mettre les clous.

Bien nous en prît car nous avons très peu de neige et pas de glace.

Quel contraste avec mon dernier Monte-Carlo et la PL17 il y a trois ans, nous avions alors roulé avec Reynald Vercoutter sur un tapis de neige sur lequel la PL 17 démontrait un équilibre stupéfiant.

Dans ces conditions les moyennes demandées, autour de 45 kmh, avaient tout leur sens.
Cette année ce n’est pas le cas et sur ces routes sèches.
Thierry a du mal, comme moi, à rester concentré, aussi pour la première fois il commet quelques erreurs de navigation.

Nous sommes définitivement largués au classement.

Le lendemain c’est le Vercors, nous rendons visite à mon ami Jean Favarel que je m’étonnais de ne pas avoir vu la veille à Valence.

Il était bien venu mais un officiel lui avait interdit de pénétrer sur le parc avec mon ancienne PL17 toujours décorée de ses numéros du Monte 2015

Nous nous arrêtons chez Jean pour une petite visite, nous le trouvons dans son antre au milieu des Panhard, toujours en pleine forme.

Nous n’avons toujours pas mis les clous mais aujourd’hui nous sommes moins certains de notre choix au fur et à mesure de notre montée vers le col de l’Écharasson, sous un ciel bas et avec des chutes de neige par intermittence.

Heureusement, une fois passés au-dessus de la couche, voilà le soleil qui brille.
Le col de l’Écharasson fidèle à lui-même est assez enneigé.

Nous partons dans la spéciale juste derrière une Vespa 400 qui, très sportivement, se range sur le bas-côté pour nous laisser le passage pour la doubler.

Malheureusement ils vont se planter dans de la neige fraiche dont ils mettront un quart d’heure à s’extraire.

Nous rencontrons ensuite la belle petite Moretti 850 belge qui s’était plantée elle aussi. Elle reprend la route juste devant nos roues et nous bouchonnera jusqu’à la route sèche. Pas de chance.

La journée se déroule bien, sans erreurs notables : col de Carri, col de Menée, col de Croix, col de Chamauche, col de Planlara et retour à nouveau par le col de l’Écharasson.

Là un concurrent sur une Simca 1100 TI s’est mis en travers et bloque tout simplement une quinzaine de concurrents dans la spéciale.

Heureusement que nous ne sommes plus dans le classement !

Nous arrivons le soir à Valence avec près d’une heure d’avance sur l’horaire.
Nous sommes fatigués, nous avons faim car nous n’avons pas mangé à midi, aussi aucune envie de passer encore une heure à poireauter dans la Panhard.
Nous décidons de pointer à Valence avec une heure d’avance.

Nous avons hâte de retrouver le bistrot de la belle et sympathique Mme Chabran et sa cuisine de terroir.

Au diable la pénalité, qu’importent trente places de plus ou de moins au classement général quand on est 200èmes !

Le dernier jour, c’est le départ de Valence pour Monaco à travers le Dauphiné.

Les routes sont magnifiques, toujours pas de neige et nos roues à clous resteront chez l’ami Dominique Barrial de « Barrial Pneus » à Valence pour une année de plus.

Dans le joli village de Saint Nazaire le désert nous nous arrêtons, comme la dernière fois, chez le sympathique agent Citroën déguster la traditionnelle omelette aux truffes qu’il organise pour ses copains, ses clients et quelques équipages privilégiés dont nous sommes.

Là les habitués nous reconnaissent et se souviennent très bien de la PL 17 rose dont ils nous demandent des nouvelles.

C’est vrai que notre Z1 noire, bien que décorée aux noms de nos entreprises (Mahul Classic et Ferronnerie Arraïs) avec les couleurs de Lustucru et Cochonou (damiers bleus et damiers rouges) a de la gueule mais elle reste un peu fade par rapport à la PL 17 Lilas et Quetche (rose et prune).

Nous arrivons à Monaco après avoir fait notre meilleur temps dans la ZR 11 avec 60 points soient seulement 6 secondes de pénalités sur la spéciale et pourtant nous ne sommes que 67èmes !

Thierry et moi ne sommes pas faits pour ce genre d’épreuves, au moins par temps sec.
Nous aimons nous battre contre les éléments et non pas avoir en permanence le pied sur le frein.

Du coup nous nous amusons à attaquer dans la suivante (cf vidéo) où nous reprenons 6 minutes sur le temps idéal ce qui nous vaudra 30 000 points de pénalités pour vitesse excessive.

C’est vers la fin d’une liaison, dans le sud de la Drôme que nous croisons avant un virage, deux spectateurs qui font des bonds et nous encouragent de leurs gestes depuis le bord de la route.

Une fois arrivés dans le virage qu’elle n’est pas notre surprise de voir deux grands panneaux où s’étalent en énormes lettres noires sur fond blanc « MAHUL » et « PANHARD » !

En vingt-deux ans de rallyes, cela ne m’était jamais arrivé, et je dois dire m’a fait très chaud au cœur.

Si nous avions pu voir ces panneaux plus tôt nous nous serions volontiers arrêtés pour faire connaissance avec ces supporters.

Qu’ils en soient sincèrement remerciés, j’espère qu’ils liront cet article et se feront connaître.

C’est ça aussi le Monte Carlo, une quantité incroyable de spectateurs qui font l’effort de rester sur le bord des épreuves par des températures glaciales pour voir passer les concurrents et soutenir leurs équipes favorites.

Le soir c’est la nuit du Turini qui sera plus régulière mais au final moins sympa que la précédente où avec Reynald nous avions doublé trois fois certains concurrents.

Au final c’est une belle semaine d’automobile que nous avons vécu, la Panhard Z1 dans son développement actuel est une auto fantastique qui est non seulement fiable, performante et plaisante à piloter mais aussi très confortable pour son équipage tant au niveau des suspensions, pourtant durcies, que du niveau sonore et du chauffage.

Nous n’avons eu à déplorer que la perte, le dernier jour, d’une entretoise de support de boite de vitesse.

Nous aurons consommé moins de 10 litres aux cent kilomètres pendant tout le rallye et un demi litre d’huile en 3500kms.

Un grand merci à notre préparateur Mr Pinon et à Thierry. »

CONCLUSION

Engagé en « moyenne basse », l’équipage de notre Dyna Z1 a une nouvelle fois terminé cette compétition internationale et de très haut niveau, sans pépin mécanique.
15 épreuves spéciales ont déterminé un classement général, dont je vous livre celui à l’issu de la dernière Z15, au nombre de points :

Finalement, ce rallye ne s’est pas déroulé dans des conditions de neige extrêmes : La Z1 n’a pas eu à chausser les pneus cloutés, sa brillante tenue de route a suffit.

Sauf peut-être à cause d’inconscients montés en température par des degrés d’alcool qui se sont « amusés » à répandre de la neige dans quelques virages cachés qui auraient pu coûter cher au concurrents n’ayant pas les moyens de se payer une voiture ouvreuse, obligeant Mahul à sortir de la route sans dommage heureusement !
Vu de dos ..

… Et de face

Préparée et réglée pour être survireuse, Mahul se jouait des enchainements serrés en évitant de freiner en se servant de la mise en travers pour ralentir la voiture : un art dont il excelle !

Tout au long de cette épreuve, la Dyna Z1 a pu engranger un énorme capital sympathie et des encouragements à l’égard de son pilote puisque Pierre Henry a pu lire son nom Mahul en lettre capitale à côté de celui de Panhard.
Si Pierre Henry ne pouvant pas s’arrêter pour les saluer, il s’appuie sur cet article pour les remercier chaleureusement.

Pour voir la vidéo, cliquez sur le triangle...

Charly RAMPAL (sur des informations et récit de Pierre-Henry MAHUL)

Rappel : pour agrandir les photos, cliquez dessus, pour revenir au texte, cliquez sur la flèche du retour en haut et à gauche.