VHC 1994 MONTHLERY : HEUREUSEMENT, LA COURSE
Comme chaque année, le petit monde des panhardistes, dispersés aux quatre coins de l’hexagone, attendait ce rendez-vous incontournable que sont les coupes de l’Age d’Or de Monthléry pour une fois encore se rassembler sous la bannière des différents clubs, mais aussi pour assister aux joutes sportives proposées par l’ASAVE.
Hélas, en cette année 1994, une baisse de fréquentation était à noter. Déjà ? Eh oui, l’amour s’use avec le temps.
Si l’on veut à tout prix chercher des excuses, peut-être que la météo maussade du samedi, l’éloignement, le temps qui passe, le prix des entrées, font que peu à peu une certaine désaffection s’opère.
Cependant du côté piste, les pilotes eux, étaient bien présents, ne boudant pas leur plaisir dès qu’il s’agit de baisser la visière et d’en découdre.
LES MONOPLACES A MOTEUR PANHARD : LA COURSE A NE PAS MANQUER
Il suffisait de lire le classement pour constater le triomphe de la mécanique Panhard dans le plateau hétéroclite mais très relevé des monoplaces.
En effet, ce plateau faisait figure au départ de fourre-tout, dont le noyau dur restait les monoplaces à moteur Panhard, qui côtoyaient des voitures d’années, de cylindrées et de conception très différentes.
Si les Lotus 20,
Les Lotus 22
et les MEP représentaient le sport automobile des années soixante, les Alvis, Masérati, Talbot, Cooper et autre Napier écrasaient de leur masse les frêles monoplaces françaises.
Au fil des tours, on sentait la « légende des siècles » se répéter : Davis allait-il battre Goliath ?
Comme chaque saison, l’organisation soucieuse de se débarrasser de ces encombrants et dérangeants insectes que sont les monoplaces à moteur Panhard, avait programmé la course le samedi, obligeant des essais presque à huit-clos.
Le dimanche étant réservé aux plateaux vedettes ( ?) et aux amis. Circulez, il n’y a plus de Panhard à voir pour un podium !
Et pourtant, quelle course ! Les Lotus 20 et 22, très vite éliminées (1er et 5ème tour), le terrain fut occupé par ces araignées bizarres au bruit anachronique.
Il fallait se rendre à l’évidence : le spectacle allait être grandiose : la grille proposée avait déjà de la gueule !
Pas besoin de centaines de chevaux, ni de milliers de dollars pour tenir en haleine les rares privilégiés clairsemés le long de la piste.
Si les néophytes ne retiendront que la lutte entre « la bleue » et « la rouge » , entendez par là entre Gawski
et Farin,
la course au sein du peloton était aussi prenante. Chaque parcelle de terrain gagnée était reconquise un tour plus tard : du grand art !
Devant, c’est à coup de jantes et de freinages hyper-tardifs, qu’Alain Gawski et Christian Farin se disputaient la suprématie suivis à quelques mètres par Le Prince qui guettait la moindre faute.
Plus loin Marpinard rendait coup pour coup aux MEP X27 plus puissantes.
Claude Le Foll, mécaniquement handicapé, ne pouvait se mêler à la lutte.
Dommage, car avec le 3ème temps aux essais, on aurait atteint les sommets.
Par contre, Serge Mace faisait une course superbe, prouvant qu’une MEP X2 bien conduite, pouvait viser le premier tiers du plateau malgré un moteur qui restera toujours en-dedans, handicapé par les 3cv de la turbine et un seul carburateur qui ne pouvait nourrir aussi bien que le double.
On le voit ci-dessous avec son inséparable compère, Claude Le Foll, concentrés lors du briefing.
Notre ami Dominique Delcros avait enfin trouvé la bonne carburation (gicleurs) en se maintenant en haut du 2ème tiers, place remarquable quant au poids et au maitre-couple de son Monomill Hampe.
Pourtant, les essais avaient mal commencé pour certains dont Apied et Gawski.
Il faut dire que la chaleur record joua un rôle destructeur sur des moteurs sensés être refroidis par l’air ambiant : les pistons crevés se ramassèrent à la pelle !
Aussi la nuit de vendredi fut bien courte pour Gawski notamment, au four et au moulin, pour faire en sorte que ses boys ne restent pas sur le carreau !
On voit ici Denis Payen terminer les finitions de son moteur :
Quant à PM Fournier, la poisse le poursuivait encore, puisque dans un tour de qualif, il vit sa route barrée par une MEP X27 et une Masérati.
Sans dégagement, la seule solution était de passer … au-dessus.
Il choisit la MEP, beaucoup moins haute, mais le beau Racer couleur Ecolo ne supporta pas le retour sur la plancher des vaches ! Transformé en une sculpture de César, il relégua son pilote (légèrement touché au genou) au rang de spectateur forcé.
Une bonne surprise m’attendait à mon arrivée le vendredi : le retour de Georges Philippe sur sa MEP X2.
Décidément, il adore tellement Monthléry qu’il se serait engagé sur un vélo !
Bien placé aux essais, il ne fit que deux tours en course : goupille de commande de boite cassée.
Pour mon plaisir, j’ai fait un petit montage pour mes deux copains en MEP X2 en tête du cortège : Georges Philippe et Serge Mace !
Mais tous ces malheurs (et j’en passe) furent oubliés quand le drapeau à damiers s’abaissa sur Alain Gawski, précédent d’un souffle l’agile Farin (auteur du meilleur temps en course ave 1’46’’74) et le ténébreux Le Prince.
Marpinard, surprenant, finissait 5ème devant deux MEP X27 !
A noter la très belle 10ème place d’Anne-Marie Gawski, qui remporta la coupe des Dames.
Grâce à ce trio infernal, le podium fut monopolisé par la mécanique Panhard et si l’ASAVE se montra étonnamment discrète, les vrais supporters du bicylindre leurs firent une ovation, d’autant plus émouvante qu’Etienne de Valance ne pouvait retenir des larmes de joie : tout son passé de Directeur de course Panhard ressurgissait en un instant.
Encore 3 courses sur le podium et Alain Gawski se succèdera à lui-même au championnat de France.
Il sera temps alors de changer les règlements !
TOURISME : GUERRIER PREND LE RELAIS EN 24 CT
Mais le week-end sportif des panhardistes n’était pas fini, puisque la belle 24 CT gris métal à parements verts, aperçues au Castelet se retrouvait en « Tourisme » en lutte avec une BMW 700 et une Abarth 1000.
Christophe Guerrier avait retenu la leçon du Paul Ricard. Un moteur affuté et une suspension remarquablement travaillée, l’avait propulsé dans des temps à la hauteur de l’ex-écurie Philippe.
Aux essais, la pluie l’avait placé devant une Alfa-Giuglia et la BMW 700.
Hélas, la piste sèche du dimanche, permettait à l’Alfa de refaire son handicap.
Si son moteur ne cachait une belle santé, je fus impressionné par la tenue de route.
Très surbaissée, bien guidée, très dure, la 24 collait au bitume.
Fini la position du « chien qui pisse », avec les quatre roues au sol, l’adhérence en virage n’avait plus rien à voir.
Ajouté à cela des Dunlop Racing, chers mais efficaces, et vous aurez tout compris.
Aucune dérive, virant bien à plat, les temps tombèrent vite : meilleur tour en 2’11’’56. Encore 1’’20 à gagner et mon meilleur temps sur ce circuit en 24 sera égalé !
Battu par l’Abarth, mais devant la BMW (qui abandonna), Christophe Guerrier apprend vite bien aidé par une très belle et efficace voiture : du très beau travail !
Charly RAMPAL