Je n’ai pas beaucoup d’affinité pour les concours d’élégance : la piste, l’odeur de la gomme brulée et de l’huile chaude, les bagarres les roues dans les roues sont à des années lumière de ces rassemblement mondains où chacun vient montrer sa puissance financière, ses placements boursiers, mais aussi et je l’espère, une marque de leur passion pour les belles autos sortant d’un ordinaire aujourd’hui devenu commun.

Des voitures proches des œuvres d’art au milieu d’une jet-set qui respire l’élégance, le savoir vivre et la propreté.

Mais cette fois-ci, je me sentais un peu concerné par ce type de manifestation, car j’avais été sollicité par Frédéric Leroux, nouveau propriétaire des deux CD à ailerons que je vous ai décrit en long en large et en travers.

En effet, pour étayer son dossier et le mettre en rapport avec les concepteurs de l’aventure CD, je lui avais fourni des pièces authentiques qui lui permettraient de se présenter devant le jury avec de solides arguments, plutôt que du tape à l’œil ou des historiques arrangées.

Il CONCORSO D’ELEGANZA VILLA D’ESTE

Et pourtant, les Concours d’élégance étaient à la base, une discipline française (principalement dans les villes thermales et/ou touristiques afin d’y créer une animation), cela n’est pas très étonnant car durant les années 20 et 30 la plupart des grands carrossiers de « haute couture «  automobile étaient français.

En cette année 2019, ce célèbre concours d’élégance fêtait ses 90 ans.

En effet, c’est le  1er septembre 1929 qu’est fondé le concours international d’élégance d’automobile « Coupe d’or Villa d’Este » (Coppa d’Oro en italien).

Durant la guerre l’heure n’était pas aux concours d’élégance mais Villa d’Este le vit renaître dès 1947 pour finalement s’éteindre deux ans plus tard, car la mode était plus aux salons.

En 1949 pas moins de 109 automobiles dessinées par 39 carrossiers différents étaient présentes.

Il était pourtant devenu immédiatement le plus important événement du genre en Italie.

Ceci était en grande partie dû à la réputation internationale du grand Hôtel Villa d’Este qui bénéficiait d’une excellente réputation auprès du gotha international.

C’est en 1995 que le concours est relancé sous le nom de Concorso d’Eleganza Villa d’Este pour trois éditions et se déroule dans la ville de Cernobbio de l’Italie.

Il faut attendre 1999 pour qu’il retrouve son lustre d’antan grâce au constructeur automobile allemand BMW qui le reprend à sa charge en l’améliorant sans cesse depuis !

De facto on ne peut s’empêcher d’établir des comparaisons avec Pebble Beach LA référence mondiale en la matière.

MAIS QU’EST-CE QUE LA VILLA D’ESTE ? UN PEU D’HISTOIRE

La Villa d’Este est un palais renaissance du 16ème siècle combiné à un jardin à l’italienne de 25 hectares devenu palace depuis 1873.

Construit au bord du Lac de Côme à Cernobbio, il fait partie des somptueuses villas : Villa Olmo, Villa Balbianello, Villa Carlotta, Villa Melzi…

Le palais est construit en 1568 par l’architecte et peintre Pellegrino Tibaldi à titre de résidence pour le Cardinal de Côme.

Le jardin à l’Italienne est décoré de mosaïques du 16ème siècles de statues, bassins, nymphée…

Le palais est vendu par les descendants héritiers du cardinal à de nombreux propriétaires aristocrates successifs dont le comte Mario Odescalchi, le comte Mariani, le marquis Bartolomeo Calderara, le Comte Domenico Pino.

En 1815 le palais devient la propriété de Caroline de Brunswick et de Hanovre, la villa est alors rebaptisée « Villa d’Este » en hommage aux origines de la Reine avec la célèbre maison d’Este de Tivoli (près de Rome).

La villa est surtout célèbre pour ses jardins à l’italienne dont les innombrables fontaines s’inscrivent dans un scénario naturel surprenant : c’est dans ce cadre magnifique que ces voitures prestigieuses s’harmonisaient avec ce décors naturel. 

UN JURY DE CONNAISSEURS ET DE GRANDE QUALITE

Pour tout concours de ce niveau, il faut un jury à la hauteur.

Celui du Concours d’élégance de la Villa d’Este 2019 est de ceux-ci.

Il était composé de :

  • Lorenzo Ramaciotti : ex-directeur du design Pininfarina
  • Ian Cameron : ex directeur du design Rolls-Royce
  • Winston Goodfellow : écrivain et historien américain spécialiste des marques italiennes
  • Harm Lagaaj : chef du design Porsche durant 15 ans
  • Patrick Le Quement : Ex-chef du design Ford et Renault. Récompensé à maintes reprises
  • Adolfo Orsi : historien automobile issu de la famille propriétaire de Maserati
  • Stefano Pasini : historien automobile, auteur d’une 30taine d’ouvrages
  • J.Philip Rathgen : Directeur du magazine Classic Driver
  • Lord March : créateur et organisateur de Goodwood
  • Laura Kukuk : ingénieur automobile et passionnée d’automobiles classiques
  • Yasmin Le Bon : ex-super model et passionnée d’automobiles anciennes
  • Quinna Louwman : Pilote Le Mans Classic & Goodwood ainsi que Musée Louwman
  • Shino Nakamura : Ex chef du design Nissan…

LA CD-PANHARD AILERONS REMPORTE LE TROPHEE ASI

C’est au milieu de voitures plus belles et plus rares les unes que les autre que notre CD s’était immiscé dans sa belle robe bleue de France et remarquablement restaurée, marqué du sigle CD qui réveille en nous tout un passé rempli d’émotions d’autant plus fortes qu’elle n’était pas attendue dans ce contexte : mais n’est-elle pas aussi une œuvre d’art ?

En l’absence de Frédéric, c’est Vincent Leroux qui avait la lourde charge de conduire et mettre en évidence les qualités technique et d’élégance aérodynamique de notre belle bleue.

La famille Leroux put ainsi argumenter et surtout s’appuyer sur les documents envoyés et les contacts qu’elle avait eu avec Robert Choulet au téléphone, rencontré Etienne de Valance et avoir eu un excellent contact avec le Laboratoire Eiffel, qui possède encore tous les essais et les maquettes des différentes évolutions de la CD LM 64.

 Egalement Robert Revel, les informations sur le moteur qu’il avait préparé pour cette voiture.

Le jury de sélection a mis l’auto dans la catégorie endurance alors que la famille Leroux l’attendait dans la classe intitulée « the concepts that rocked the automotive industry » (qu’ils ont emplie de concepts cars  purement esthétiques) du fait de son effet de sol et de son Cx.


Dans la classe endurance, elle n’avait pas vraiment sa chance.

C’est donc l’intérêt incontestable du véhicule qui lui a valu ce prix ASI, qui est une consolation.

Tout ce petit monde de l’automobile autour de Panhard s’est donc vu récompensé par le Trophée ASI de ce célèbre concours international et montrer au monde entier ce que fut Panhard et CD.

Pour conclure et s’en souvenir, voici une série de photos prises sur place et dont les détails témoignent de l’état actuel de cette voiture historique chef d’œuvre d’une poignée de passionnés avant-gardistes qui collent à Panhard.

Une petite vidéo du passage du CD-LM-64 sur le podium de présentation.

Charly  RAMPAL