Comme je vous l’avais raconté dans un précédent article, l’aventure IC16 n’a pas été de tout repos, ni pour les hommes, ni pour les voitures. Pour les hommes, c’est fait, on a vu cela dans mon article intitulé « PANHARD I.C. 16 : COTE AMBIANCE », pour les voitures, ce fut aussi un enfer. Pas préparées, partis en catastrophe et chargées jusqu’à la gueule, elles furent l’objet de nombreuses mésaventures mécaniques.

Le convoi démarre le 5 août 1961 sur les Champs Elysées.

Comme je vous l’avais écrit, les Panhard étaient gavées par les réserves de boites de petits pois en conserve et de biscuits Gerblé pour satisfaire les sponsors de l’expédition, moralité : le ventre des voitures traîne par terre.

Grace à la qualité des routes, ils ont roulé comme des dingues jusqu’à Belgrade : tout commença en Turquie.

Un jour au Pakistan, l’essieu arrière d’une des PL17 se casse. Pour le réparer, des villageois qui passaient par là ont basculé la voiture sur le côté, découpé le plancher et enchainé l’essieu et les madriers avec la caisse ! Cela leur a permis de tenir un moment.

Peu après, alors qu’ils étaient en panne sèche, ils ont du sacrifier leurs bouteilles de vodka, de cognac, d’eau de Cologne et de brillantine… pour les vider dans les réservoirs.

En Inde, après avoir heurté une vache sacrée avec la voiture, ils ont été assaillis par les autochtones et ils ont faillis y laisser leur peau !

Au Laos, ils explosent un carter.

En Malaisie, traversée en période de mousson, ils se sont enlisés mille fois.

Au Cambodge, la nuit, les félins venaient renifler les Panhard…

En Birmanie, l’équipe aura des démêlés avec les terribles Wa, coupeurs de tête.

Au Siam, actuelle Thaïlande, les chemins sont impraticables et les ponts se réduisent à deux troncs d’arbre tenus avec des lianes au-dessus du vide !

Au Laos, André Pavolini est surpris par trois énormes cassis profonds de 80 centimètres.

Il pique du nez, puis décolle et fait un vol plané de plusieurs mètres.. La Panhard retombe lourdement dans un craquement sonore annonçant déjà la gravité des dégâts. Sous le choc, les roues se sont pliées presque à l’horizontale : les lames de ressort n’ont pas résisté.

Apparemment, rien d’autre de cassé, ce qui permet à la voiture de rouler à vitesse très réduite

Enfin comme ils n’avaient pas prévu assez d’argent pour tout le voyage, ils ont du faire de la contrebande.

A Pénang, un port franc malais, ils ont acheté à bas prix des radios, des appareils de photos japonais… qu’ils ont revendus à profit durant le reste du parcours. Ils ont pu ainsi manger à leur faim jusqu’à la fin du voyage.

Finalement, les Panhard ont bien résisté, si l’on ajoute des problèmes mineurs avec une tige de culbuteur faussée et un segment cassé. Ajoutons aussi des vis de cardans qui seront à resserrer assez souvent, quelques courts-circuits, une dynamo et un démarreur hors service , des embrayages prématurément usés et pas mal de bosses sur les carrosseries.

Panhard arrivera même à en vendre une après une bonne révision et une garantie de 3 mois !

Côté publicitaire, les véhicules seront exposés au magasin Panhard des Champs Elysées dans un état correct.

Des animations, des conférences et un film qui tournera en boucle sur un écran installé dans une camionnette F65, vantant les qualités de robustesse des PL17 en forçant un peu sur les kilométrage en annonçant une distance de 80.000 km (prévue au départ), mais finalement seulement 53.000 km furent réellement parcouru !
La marge est énorme, mais plus spectaculaire pour un public non averti…

Diaporama de l’expédition :

Charly RAMPAL sur des informations et photos d’André PAVOLINI