A la suite des 20 MEP offertes en 1967, aux Clubs Automobiles , la Fédération Française du Sport Automobile a décidé à partir de la saison 1969, d’officialiser cette monoplace en tant que voiture d’initiation à la conduite sous l’appellation « Formule Bleue » et de créer un « Critérium National de Formule bleue » pour les pilotes âgés de moins de 30 ans.

Les épreuves retenues pour ce Critérium représentent 17 courses sur circuit et 17 courses de côte : elles figurent sur le calendrier officiel de la F.F.S.A.

Un important concours financier des Sociétes Citroën, Michelin et Total a permis la construction de 50 voitures mises mise en vente au prix exceptionnel de 8.000 FHT.

En plus des récompenses attribuées pour le Critérium National par la F.F.S.A., les trois Sociétés Citroën, Michelin et Total ont décidé de doter les 34 compétitions d’un ensemble de prix et primes représentant près de 50.000 F.

Je ne parlerai pas des courses de côtes, ayant très peu d’informations et aucun compte-rendu, mais je vous joins le programme ci-après :

LES CIRCUITS : LES GRANDES LIGNES

8 circuits ont été retenus (celui de Dax ne sera pas prêt) et certain seront visités plusieurs fois, la palme en revient à Monthléry « vieille Dame oblige.

Dès le début de la saison, chacun essaye de trouver ses marques et une hiérarchie se dégage peu à peu. Mais on sent très bien que Roger Dubos va être le principal prétendant au titre, d’autant plus qu’il est bichonné par l’équipe d’Albi et les représentants de Citroën.

La saison commence dans le fief des MEP, à Albi le 30 mars. Alain Romanet, le Grenoblois, y débute avec sa MEP châssis n° 46 en compagnie de son ami de toujours Jean-Pierre Espitallier MEP châssis n°40 avec qui il partagera gîte, couteau et remorque.

Alain a du consentir à de lourds sacrifices financiers et grâce aux prêts des quelques amis, il peut se payer sa monture. Hélas, ça commence mal pour lui : moteur cassé.
Mais sa prestation n’a pas échappé aux observateurs et Citroën réparera son moteur pour que sa saison ne se termine pas dans le Tarn.

Puis ce sera Nogaro le 7 avril où déjà Dubos sur MEP châssis n°59, s’impose en obtenant la pole devant Espiltallier qui sera son principal adversaire au cours de la saison et Alain Romanet brillant troisième.

Battu par Fiard châssis n° 52 à Magny-Cours qui avait réalisé la pole

et par Espitallier à Dijon, Roger Dubos renouait avec la victoire à La Chatre en devançant cette fois de justesse (1’’) Espitallier et Béchard câssis n°57 un peu plus éloigné.

Espitallier sera le grand animateur de cette course :

Pour la fête nationale, c’est Magny-Cours qui sera le théâtre de la domination de Roger Dubos.

A l’exception du premier tour qui vit Lesgourgues châssis n°70 (dont je possède aujourd’hui la voiture) intercalé entre Dubos et l’infernal Espitallier, cette épreuve disputée sur 15 tours se résume à un duel entre les deux meilleurs mépistes.

Dubos semble devoir faire cavalier seul fut bien rejoint et même dépassé au 10ème tour (son moteur déjaugeait dans les courbes et les reprisent s’en ressentaient).

Cependant, grâce à son métier, le poulain de Robert Castagnon, reprit son rang deux tours plus tard et termina sans trop d’inquiétude en laissant toutefois le record du tour (1’36’’4 = 135,781 km/h) à son dauphin.

Lesgourgues par prenait la troisième place devant Besqueut châssis n°55, Monot châssis n° 47, Benoit châssis n° 50, Dalmasso châssis n° 49, Béchard châssis n° 57, Gonnetant châssis n° 56, Faux châssis n° 53 et Brouzès châssis n° 41, pointé quatre tours durant à la troisième place qu’il devait abandonner sur tête à queue.

A la mi-saison, Dubos est toujours en tête du Critérium, toujours titillé par Espitallier. Les deux pilotes ayant amassé pas mal de point en ce début de saison

La deuxième parti confirmera le bras de fer entre les deux prétendants, tandis que notre ami Romanet engrange des points en courses de côte.

Le 16 août à Nogaro, Dubos s’adjuge la victoire devant Jaeger châssis n°66, Monot, Dalmasso et Besqueut.

8 jours plus tard à Magny-Cours, Dubos récidive devant Monot qui engrange lui côté circuits, puis suivent Faux, Espitallier et Barbiér châssis n° 67.

Le 14 septembre c’est le circuit d’Albi qui fête son chouchou qui monte sur la plus haute marche devant Espitallier, Lesgourgues, Besqueut et Monot.

La fin de saison approche et les épreuves s’enchainent toutes les semaines : pas le temps de souffler. Les voitures doivent être opérationnelles.

Après quelques réglages,

Nous voici à Monthléry le 21 septembre pour l’avant dernière course.

METTRE PHOTO « MEP-69-PARKING-MONTHLERY »

Heureusement le temps est au beau comme souvent en arrière saison. A même l’herbe du parking, les X2 font l’objet de toutes les attentions de mises au point

J’étais au milieu de tous ces jeunes qui admiraient ces X2 à petit budget et nous remplissions nos têtes de rêves de pilotages.

Mais déjà la tension montait en prè-grille pour les essais. Une adrénaline positive commençait à circuler dans le sang de ces apprentis-pilotes qui allaient en découdre, pour l’avenir ou pour le plaisir.

Après des essais dominé par Dominique Ghilardi châssis n° 60, les voitures sont alignées su la grille, pendant que les pilotes au briefing reçoivent les dernières consignes du Directeur de course.

La course va offrir un spectacle digne des grands moments du célèbre circuit parisien au même titre que les R8 Gordini ou la Formule France, piliers du renouveau du sport automobile en France.

La célèbre chicane des années soixante réalisée avec des bottes de paille juste devant les tribunes et les stands augmentait le plaisir visuel des trajectoires, glissades, les tout droit et autres accrochages que les spectateurs dominaient en toute sécurité.
Qui n’a pas connu cette chicane, ne peut pas comprendre.

La victoire revint à Jaeger devant l’incontournable Espitallier et Ghilardi qui n’avait pu maintenir son rythme des essais. Suivent Monot et Besqueut.

A cet instant, la bagarre au Critérium entre Dubos et Espitallier a éclipsé leurs poursuivants, puisque ce dernier a 120 points d’avance sur Monot et Romanet qui se tirent une bourre mathématique pour monter sur la troisième marche du podium.

La dernière course au Bugatti le 26 octobre donnera l’avantage à Monot, car le sort devait s’acharner sur Alain Romanet qui cassa une goupille de boite à quelques tours de la fin, le mettant juste au pied du podium.

La saison 1969 a été passionnante en tout point, laissant augurer un avenir qui chante pour la Formule Bleue.

Raillée au début par la sonorité disgracieuse de son bi-cylindre et à sa faible puissance, la Formule Bleue avait conquis ses lettres de noblesse et son droit de citer sur tous les circuits de l’hexagone.

Et si aujourd’hui notre plateau est demandé en Classic Races, c’est certainement à ce premier groupe de pilotes qui eut la lourde charge de déminer un terrain hostile et qui pose pour la postérité devant le stand Total à Monthléry.

CLASSEMENT FINAL DE LA SAISON 1969

Une saison sportive ne pouvant pas se terminer sans une remise des prix, c’est Alain Romanet qui aura l’honneur de cette dernière photo, un gars super que j’ai rencontré et apprécié l’an dernier à Albi et qui restera le témoin de cette franche camaraderie qu’Honoré Durand et les Gayrand continuent de perpétrer.

Charly RAMPAL (sur des documents d’époque, de Cardinal et de Romanet)