SAVIGNY LES BEAUNES
COURSE DE COTE V.E.C. DE SAVIGNY LES BEAUNES
C’est au début du mois de Mai de la décennie 90, que nous avions pris l’habitude de nous retrouver à Savigny les Beaunes pour la course de côte historique organisée de main de maître par Michel Pont et comptant pour le championnat de France des Véhicule d’Epoque et de Compétition (V.E.C.).
Pour les mauvais en géographie où ceux qui auraient un début de la maladie d’Alzheimer, Savigny se situe dans la partie nord de la Côte de Beaune à environ 3,5 km au nord-ouest de Beaune.
Passionné de sport automobile, pilote spécialisé dans les courses de côte, Michel Pont est un viticulteur réputé de cette région où les marques de vins de Bougogne donnent de l’orgueil à la France. La région est célèbre pour ses grands vins blancs (Meursault, Puligny-Monrachet, Chassagne-Monrachet, etc.) mais aussi pour ses rouges (Pommard, Volnay, etc.).
Elle s’étend sur 5 000 hectares et commence en Côte d’Or, et se termine en Saône et Loire.
Propriétaire du célèbre Château de Savigny en 1979, Michel Pont lui a rendu sa vocation viticole…,
Mais, Michel Pont est avant tout un amoureux de la marque Abarth. Sa collection de véhicules sportifs de cette marque et sa connaissance du palmarès s’y rattachant, a fait de cet homme du terroir, une référence dans le monde entier.
Mais, il est aussi passionné d’aviation, de motos, de maquettes et de tracteurs enjambeurs qui ont sillonnés ses rangées de vignes. Plus récemment des véhicules de pompiers.
Du coup, il a ouvert plusieurs salles de son château dédiées à ces passions et qui abritent toute sa collection. Le gabarit des avions (de chasse principalement) a fait que ceux-ci ont trouvé une place à l’extérieur.
Pour nous résumer :
• un musée de la voiture Abarth, : Certainement une des plus belles et plus rares collections de prototypes « Abarth » du monde. Une trentaine de modèles différents est présentée, dont certains uniques, avec lesquels le propriétaire du Château a participé, personnellement, pendant sept années à des courses internationales en côte et en circuit.
• un musée de la moto, avec 300 modèles datant de 1903 à 1960 au 2ème étage du Châteaun : Un des plus importants musées de la moto de France. A peu près 250 motos, datant de 1902 à 1960, presque toutes les nationalités représentées. Du type ecclésiastique à courroie à la moto de course. Des marques prestigieuses : Norton, Vincent, Gilera, Velocette, M.V., Rudge, AJS, Terrot, Honda, Blériot, Peugeot,BSA, NSU, Horex, Saroléa. De la moto de Jean Mermoz à celle de G. Monneret, en passant par celle du Chanoine Kir.
• un muée de l’aviation avec 80 avions militaires à réaction dans le parc dont 4 avions de la PATROUILLE DE France – 11 MIG – 17 Dassault et 2000 maquettes dans le bâtiment. Michel Pont est resté très attaché à la patrouille de France, car il avait un propriétaire d’une Abarth et adhérent du club italien qui était pilote de cette patrouille et s’était tué en vol au cours d’un entrainement. Nous étions au Château au lendemain de cette tragédie pour la course de côte et je peux dire que j’ai vu Michel les larmes aux yeux !
• un musée de la vigne présentant du matériel agricole et une trentaine de prototypes exposés (de 1946 à 1956), outils que nos ancêtres élaboraient dans le Parc du Château, ce musée, unique en Bourgogne, nous montre l’ingénierie de nos grands-pères.
C’est dans ce cadre moins riche qu’aujourd’hui, que nous installions avec l’écurie Philippe, notre Barnum, au milieu des carcasses d’avion, dans le parc du Château.
Michel Pont était d’un accueil et d’une gentillesse étonnante pour cet homme de la terre, rude et sans complaisance : un juste, un homme bien.
Le week-end se déroulait en deux journées très chargées :
Le samedi était, comme d’habitude, réservé à l’accueil et aux contrôles techniques des concurrents.
Puis un repas champêtre nous était offert dans le parc du château. Il ne fallait pas trop boire, car à 14h les essais libres commençaient jusqu’à 16h. Puis, tout ce petit monde redescendait pour entamer les essais chronométrés jusqu’à 18h. Il ne fallait pas se louper.
A 18h30, tous les concurrents étaient regroupés dans le parc pour un débriefing et quelques animations.
20h30 sonnait pour une soirée de gala où Michel Pont endossait son smoking pour diriger le repas et distribuer son excellent breuvage.
Le dimanche, les choses sérieuses allaient reprendre après un petit déjeuner servi dans les buvettes à 8h pétante.
A 9h, démarrait la première montée ; Puis, la deuxième manche à 10h30.
La coupure de 12h à 14h permettait de se sustenter d’un nouveau repas champêtre dans le parc du château. Mais beaucoup en profitait pour remettre en état leur voiture en vue de la 3ème montée qui débutait à 14h.
A 16h, la 4ème et dernière montée clôturait les prestations sportives dans une ambiance très amicale malgré la concurrence.
Nous étions à cette époque, plus d’une cinquantaine de concurrents qui allaient de la monoplace F2 aux petites Panhard.
Les ténors avaient pour nom : André Bailly, Jean-Michel Davril, Claude Morel, Christian Million et sa bombe, une Morris Cooper qui marchait du feu de Dieu ! Jacques Naveau, et sa JEM, Gérard Lepron et sa Volvo aux couleurs de la Suède, Martine Bénakila, une superbe brune, responsable de l’ASAVE, et son mari Oscar sur Cooper et puis la bande de copains panhardistes : les Philippe, Gilbert Pougenq, Francis Ulmann, Jean-Pierre Evrard, Janiot…
Au petit jeu du Chrono, c’est Georges Philippe qui était le plus rapide avec son DB Le Mans VHC, suivi par Gilbert Pougenq et son Monomil, j’arrivais en troisième position avec la 24CT,
suivi de près par Denise et son Barboni, puis Jean-Pierre Evrad et sa Dyna Z1 etc…
A 20h, c’est la remise des prix dans la cour d’honneur du château, suivie du pot de l’amitié.
Chacun repartait avec un carton de vin et les vainqueurs des catégories avec des coupes magnifiques. J’en ai eu trois à ce titre qui sont de véritables œuvres d’art et que j’ai donné à mon ami Gégé pour manque de place, ma femme considérant que c’était des « ramasses poussières » ! Les goûts et les couleurs…
Voilà ce qu’était cette course de côte magnifique en 89, 90 et 91 aux quelles j’ai eu l’immense joie de participer dans une ambiance sportive et amicale qui me manque aujourd’hui…
Puis les écologistes se sont mis de la partie et ont réussi à faire annuler cette merveilleuse concentration, bruyante certes mais au combien virile et passionnate, au profit d’une montée pédestre et à vélo, ce qui est beaucoup plus calme !
Mais, comme les anciens combattants, je peux dire avec fierté « que j’y étais » et vivre de pareils moments sous la férule de Michel Pont restent inoubliable dans une vie.
Pour vous retrouver en 1990, voici la vidéo que je vous ai concoctée :
Charly RAMPAL