Outre les traditionnelles coupes de l’Age d’Or, cette année 1993 voyait la 24 fêter son trentenaire.
Première manifestation anniversaire depuis sa sortie en 1963.

Même si le vendredi justifiait la présence obligatoire des pilotes pour les contrôles techniques et les premiers essais, ce n’étaient vraiment que le samedi que les amateurs en groupe ou en procession, s’attaquaient au contrefort du mont St Eutrope pour atteindre ce sanctuaire en perpétuel sursis, de la voiture ancienne et de collection.

Pour les 24 et leurs propriétaires venus de tous les coins d’Europe et même des USA, le point de ralliement s’appelait Truffaut et ses Florélites.

Là 48 Panhard 24 retrouvaient ceux qui avaient, de près ou de loin, décidé de sa gestation.

Orchestré de main de maître comme il a toujours su le faire, Etienne de Valance était au four et au moulin.
La manifestation trouva son premier moment d’émotion quand Jean Panhard fît son discours sous l’œil impitoyable des caméras de télévision, M6 en l’occurrence.

C’est dans le cadre magnifique d’un établissement de Saulx les Chartreux que tout ce petit monde trouva une restauration à la hauteur de la prestigieuse marque Panhard.

Robert Panhard, alors Président de la F.F.V.E. prit la parole sous une avalanche de flashes pour souhaiter la bienvenue à tous ces inconditionnels de la 24, avant quelques mots gentils pour ceux qui défendent l’honneur de cette voiture unique en son genre…

Puis Jean Panhard enchaîna en relisant de façon humoristique la note de présentation à la presse faite il y a 30 ans.

C’est vers 15 heures que le défilé regagna le circuit de Monthléry, à travers une circulation très dense et sous un soleil qui eut raison de quelques pompes à essence !

Déjà, la bataille faisait rage sur la piste, et l’emplacement réservé aux Clubs de marque subissaient les assauts des admirateurs de ce musée vivant, extraordinaire monde qui sanctifie l’amour codifié au nombre des cylindres.

Un musée disparate qui mélange les authentiques à certaines dont on dit qu’elles font le trottoir vêtues de polyester, victimes de la secte Tuning.
Ennemi, comme vous le savez de ce genre de déviation, les panhardistes ne fréquentent que des gens bien sous tout rapport !

Le soir venu, la fête était partout, la crise n’était pas encore inventée et chaque club proposait sa ronde de merguez et sa soupe de pastis dont beaucoup de foies se souviennent encore !

LA COURSE QUAND MEME

La nuit fut courte, puisque les premières courses, celle des Tourismes à laquelle je participais avec ma 24 CT rouge, démarra à 8 heures sous les yeux agars de quelques zombis à la langue pâteuse.

C’est dans cet état, qu’inconscient, je venais de réaliser l’exacte situation dans laquelle je me trouvais, la folie que je m’apprêtais à vivre !

Mais une fois casqué et sanglé, la gueule de bois n’était plus qu’un mauvais souvenir et les gestes machinaux appris lors des années de pilotage prirent le dessus.

Et 14 tours plus tard, je me retrouvais 13ème sur 20, 2ème de ma classe, coincé entre deux Honda S600, une Simca 1000 coupé Bertone et une BMW 700.

1 heure plus tard, Georges et Denise Philippe entraient en piste pour une course en solitaire au milieu des GTS, terminant respectivement 17ème et 18ème sur 21 voitures au départ.

Meilleurs temps des Panhard :

– Georges Philippe sur DB LeMans 954cc : 2’05’’14
– Charly RAMPAL sur 24 CT 850 cc : 2’09’’29
– Denise Philippe sur Barboni 850cc : 2’09’’43

LE PLATEAU DES MEP-MONOMILL

En cette année 1993, ça faisait 3 ans que le plateau baptisé « MEP-Monomill » mais qui comporte surtout des DB-Racers, avait acquis ses lettres de noblesses, grâce à son leader : Alain Gawski.

Les essais se sont déroulés le vendredi 25 juin sous un soleil de plomb et pas moins de 24 voitures se sont battues contre le chrono pendant une vingtaine de minutes, accompagnées de son lot de problèmes.

Un piston fondu (Jean Patier), un embrayage déficient (Denis Payen), un blocage de frein (Bertin), un cylindre sans compression (Jacques Apied), un gicleur bouché (Claude Le Foll) ! Ouf !

LA COURSE

Samedi, 17h30 : depuis le matin le soleil chauffe toujours tout ce qu’il peut atteindre et c’est avec beaucoup d’appréhension que les pilotes démarrent leurs moteurs en espérant qu’ils tiendront allègrement les 14 tours sous cette chaleur.

A feu vert, la meute s’élance sous un nuage de poussière et le premier freinage est très dur pour le milieu du peloton où les freins se bloquent parmi les voitures en perdition. Mais avec leur dextérité habituelle et le respect mutuel, les voitures s’évitent et tout se passera bien.

Après le premier tour, le plateau s’est largement étiré, et les premiers ennuis vont commencer à se manifester.

Eric Pinseau sur MEP X27, casse son moyeu de roue AVD.

Christian Farin stoppe en bout de ligne droite : moteur explosé.
Chavoutier s’envole en tête de la course alors que derrière une belle bagarre empoigne Pierre Albert (MEP X27), Claude Le Foll, Alain Gawski et Bertin, tous les trois sur DB-Racer.

Un deuxième peloton met en bagarre, Serge Mace (MEP X2), Jacques Apied (DB-Racer), Denis Payen (DB-Racer) et Daire (MEP X27).

A mi-course, les ennuis mécaniques vont faire la loi dans la hiérarchie du classement :.

– Le Foll abandonne à 6 tours de la fin pour alimentation d’essence déficiente.
– Apied et Payen rétrogradent pour des ennuis de boite de vitesses.
– Delcros et Patier pour des problèmes moteur
– Anne-Marie Gawski casse sa transmission alors qu’elle avait réussi un bon début de course.

Chacun attend avec impatience le baisser du drapeau car il fait très très chaud sous le casque où la température atteint toutefois des valeurs moindres que l’huile moteur qui flirte vers les 130° Celsius.

Les positions au classement vont enfin se stabiliser et resteront inchangées jusqu’à l’arrivée malgré un gros effort de Christian Daire (MEP X27) pour revenir sur Serge Mace (MEP X2).

Un point noir cependant : les 10 secondes de pénalité sanctionnant une mauvaise position de la MEP X2 de JP Delarue sur la grille de départ.

Les responsables techniques de course devraient comprendre que les participants sont là pour se faire plaisir avant tout !

ROUEN

Pour la seule et unique fois, le petit monde des MEP/Monomill était convié à en découdre sur le circuit des Essarts au sud de Rouen. Son nom vient de la commune qui abrite ce stade automobile un peu comme Magny-Cours.

Ce circuit développe 6,542 km et a été ouvert en 1950 et fut immédiatement reconnu comme un des meilleurs circuits d’Europe non seulement par sa piste très large, mais aussi par ses infrastructures.

C’est hélas sur ce circuit, lors du GP de France de formule 1, que Jo Sclessser qui débuta sa carrière sur un Monomill, meurt dans l’incendie de sa voiture en 1968.

Souvenir émouvant, car je me trouvais spectateur de cette course et j’ai encore en mémoire cette fumée que je voyais de ma place, annonciatrice du drame. Je me souviens de cette monoplace Honda dont le bloc moteur en magnésium avait aggravé la rapidité de l’incendie et prit le pauvre Jo au piège.

Pour des raisons économiques et de sécurité, il sera fermé en 1994, une année après l’évolution de notre plateau.

Mais les passionnés, dont je suis, n’oublieront pas ce circuit où la descente vers le virage du Nouveau Monde était quelque chose en coupe R8 Gordini ou en monoplace…

LES ESSAIS :

15 participants dont 11 MEP/Monomill avaient répondu présent.

Si les premières places étaient normalement dévolues aux monoplace F3 britanniques, c’est l’étonnant Christian Farin qui se permettait de devancer les deux MEP X27 de Pinseau et Chavoutier : excusez du peu !

A noter l’excellente prestation de Claude Le Foll sur les talons d’Alain Gawski.

A signaler la présence de Dominique Delcros sur une Hampe (moteur Panhard bien entendu) que lui prêtait notre ami Joël Brunel pour cette saison.

Denis Payen, en proie à quelques soucis, se retrouvait en fond de grille.

LA COURSE

Si elle fut très disputée par nos représentants, ils ne pourront pas empêcher un podium totalement britannique.

Avec l’abandon de Farin et une faute de Pinseau, c’est ce diable de Chavoutier qui allait être le meilleur de notre plateau en terminant 4ème au général.

Mais c’est surtout Claude Le Foll qui démontra tout son talent en terminant 5ème devant Alain Gawski !

Charly RAMPAL

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