LE JUNIOR DARRIN

Après l’échec de la première expérience franco-américaine tentée par J.B. Fergusson en 1951, une nouvelle aventure semble s’amorcer deux ans plus tard à l’initiative du concessionnaire Panhard outre-Atlantique, Robert Perreau de Los-Angelès, qui fait appel au styliste Howard Dutch Darrin. Celui-ci est à cette époque l’un des plus célèbres dessinateurs de voitures aux Etats-Unis.

Après avoir travaillé en France entre les deux guerres, il est devenu le « carrossier » préféré des stars d’Hollywood : il collabore également avec la firme Kaiser qui vient de fusionner avec Willis. Pionnier américain des carrosseries en polyester stratifié.

Darrin a déjà créé plusieurs modèles remarquables notamment un roadster Kaiser révélé en septembre 1952 et produit en petite série à partir de novembre 1953.
Le polyester stratifié est un nouveau matériau constitué de couches alternées de résine durcissable et de fibre de verre.

H.D. Darrin accepte d’étudier un prototype en matière plastique (dont l’avant rappelle le roadster Kaiser Darrin) à partir d’un des quelques cinquante cabriolets Junior importés en Californie au cours de l’année 1953, dont quatre furent livrés en châssis.

L’un de ces châssis fut confié à Darrin qui l’habilla d’une d’une carrosserie en polyester aux lignes futuristes exposées, aux côtés d’un Junior de série, au motor show organisé à Los Angelès pendant la dernière semaine d’octobre 1953.

Outre son esthétique originale, la Darrin, débarrassée de la carrosserie en acier du Junior, offre un gain de poids très important puisque la coque en plastique nue ne dépasse pas 55 kg. En état de marche, le Junior Darrin (dotée de portes factices) pèse 140 kg de moins que le modèle d’origine, ce qui lui permet d’atteindre 140 km/h et de rivaliser ainsi avec la MG TD Midget qui connait toujours un grand succès auprès de jeunes automobilistes américains.

Le prix très concurrentiel annoncé pour le Junior Darrin est de 2.500 dollars de l’époque. Il devait lui permettre de se faire une belle place sur le marché local des petites sportives.

En France où le prototype arrive en novembre 1953, on estime que le Junior Darrin pourrait être vendu 795.000 F.

Au début décembre, peu après son débarquement sur notre sol, la voiture est présentée à M.M. Paul et Jean Panhard. Elle passe ensuite dans les ateliers parisiens de Pershing-Motor (concessionnaire français de Kaiser) afin d’y être francisée, puis elle participe au salon de Genève 1954.

M. Grandvalet, l’un des premiers spécialistes français, avec Robert Sobeau, des carrosseries en matière plastique, envisage de produire une petite série de Junior Darrin en coopération avec la SAPA (Société d’Applications des Plastiques Armés) dont les usines se situent dans le Loiret.

Le projet n’aboutit pas mais une version dérivée – baptisée Aurore – avec nouveau pare-brise panoramique figure au Salon de Paris 1954 et dans d’autres expositions.

L’Aurore ne parvient pas non plus au stade de la production.

Elle aurait du être exportée au Etats-Unis mais le projet est définitivement abandonné en 1955, lorsque Panhard – maintenant lié à Citroën – commence à se désintéresser du Junior.

Charly RAMPAL