Créé en février 1929, par le Comte de Rohan-Chabot, le premier Paris Saint-Raphaël féminin conciliait déjà sport, agrément et plaisir de conduire. Les engagements affluèrent dès le début, la première grande classique féminine dévoilait déjà une tendance comparable à celle d’un grand rallye …

Au fil des années, la venue des grandes dames du volant de chaque génération lui donna ses lettres de noblesse.

Trop longtemps les femmes n’ont pu s’exprimer dans ce milieu de passionnés qui ne leur laissait d’autre place que celle de passagère, alors que dès l’apparition de la première voiture elles l’ont adoptée !

Mais pour nous panhardistes sportifs, attachons nous aux prestations de notre marque. Et dans ce rallye féminin, la date forte a été sans conteste 1954 . cette année là, doublé de la mécanique Panhard sous le capot de Monopole et DB. Voici comment.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, s’agissant de la gente féminine, le Rallye automobile Paris St Raphael, réservé aux femmes, n’est pas celui d’une promenade touristique ou gastronomique, mais celui du sport.

Et cette édition de 1954, qui en est la XVème du nom, a découvert son vrai visage au regard du sport automobile international.

Du sport passionnant, impitoyable, et les femmes ont prouvé pendant 1.700 km qu’elles n’avaient rien à envier aux hommes en matière de courage et de ténacité.

Peut-être montreraient-elles un excès de témérité, une certaine tendance à appuyer même lorsque cela ne s’impose pas outre mesure.

Après une lutte incertaine jusqu’à la fin, la victoire a souri à celle qui a parfaitement conduit sa course : Yvonne Simon.

Les spectateurs, sur les bords des routes françaises et italiennes, n’ont aperçu que son casque blanc qui émergeait de sa Panhard-Monopole bleue.

Sa plus dangereuse rivale fut Lucienne Alziary de Roquefort sur DB, qui ne s’avoua jamais vaincue.

Deux voitures du Groupe 1 (500 à 750cc), ont donc enlevé les deux premières places du classement général !

MPUB-ST-RAPHAEL-1954

Est-ce à dire que le règlement a favorisé les petites cylindrées ?

Pas forcément si on songe que l’italienne Luisa Rezzonico, une jeune pilote, aurait eu de grande chance de l’emporter sur sa Lancia 2,5 litres d’usine si elle n’avait pas été accidentée et pénalisée au départ.

En revanche, il est certain que confondre dans une même groupe, d’une part, des voitures strictement de série et d’autre part, des voitures fortement améliorées, est une anomalie que les organisateurs corrigeront l’année suivante avec le nouveau code sportif.

Mais constat est fait que ces pilotes au féminin possèdent un tempérament des plus combatifs !

De Paris à Marseille, elles ont eu droit à la pluie, puis à la neige et au verglas dans les cols italiens. Elles ont tout accepté avec un courage très étonnant.

Malgré dérapages, tête à queue, elles repartaient immédiatement, souvent avec des voitures abîmées, mais avec un seul souci en tête : être dans les temps aux contrôles horaires.

Et d’après leurs commentaires, leur préférence va à cette bataille sur route plutôt qu’aux réceptions qui leurs occasionnent de la fatigue supplémentaire, tout ça pour plaire à ces Messieurs !

Car ce Rallye est devenu très dur et le parcours, pourtant bien étudié, réserve toujours des difficultés.

Côté voitures, le classement fait ressortir une très nette supériorité des petites cylindrées. Parmi elles, trois Dyna-Panhard se classent dans les cinq premières et dans les quinze équipages qui terminent non pénalisés on trouve six petites voitures, dont plusieurs 4cv Renault.

C’est donc Mme Simon sur Panhard-Monople qui l’emporte :

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Gilberte Thirion sur Porsche 1500 n’a pu remonter le handicap de la cylindrée et termine seulement 3ème.

Mme Achard-Desoche, en revanche, prend une 4ème place assez inattendue sur 203 Peugeot.

Une désillusion, cependant : la 8ème place de la comtesse Della Chiesa sur Lancia Aurelia 2,5 litres qui faisait au départ figure de favorite au même titre que Mme Simon et Mlle Thirion.

PARIS-ST-RAFHAEL-54-CLASSEMENT

Ce rallye est devenu aujourd’hui le rallye des Princesses, véritable prolongement du Paris-St Raphael, car les femmes aiment les belles automobiles anciennes ou modernes. Elles aiment conduire et cherchent de plus en plus à tester leur courage et leur endurance.

Et quand elles conduisent bien, elles sont souvent l’égales des hommes.

Charly RAMPAL