C’est au Mans 1956 qu’apparaissent deux coachs à carrosserie très spéciale au côté de deux tanks dont celui de Laureau-Armagnac vainqueur à l’indice.

Cette année là, le départ avait été repoussé au samedi 28 juillet, mais toujours à 16h.

Robert Sobeau, en charge des carrosseries des coachs depuis sa naissance, reçu au début du mois de juin de la société EPAF une première commande avec comme délai « Urgent ». Il faut dire que Robert avait eu au préalable un entretien avec René Bonnet qui lui fit part de ses souhaits d’allègement maximum et de quelques modifications en vue de la course du Mans.

Avec ce cahier des charges verbal, Robert fit le bilan sur l’allègement possible sans compromettre la sécurité des pilotes.
D’après ses premiers calculs, il arriva à gagner 40 kg : René Bonnet satisfait de ce gain de poids, lui donna le feu vert.

La fabrication de la première carrosserie commença le 9 juin.

QUELLES SONT LES MODIFICATIONS APPORTEES ?

1 – Suppression des phares escamotables remplacés par des phares incorporés dans les ailes droite et gauche, mais plus bas que ceux modifiés de série fin décembre 1957 sur la caisse 235 (135ème). Ces phares ont été façonnés à la main cette fois-ci.

2 – Suppression de la porte du coffre existante et remplacée par une petite porte se positionnant en bas de l’arrière, aux dimensions 790 x 220 mm et réalisée également à la main ainsi que la feuillure sur caisse.

3 – Suppression du plancher de coffre (partie mobile et parte fixe).

4 – Suppression des fixations supérieures et inférieures de réservoir.

5 – Suppression des glaces de custodes remplacées par des panneaux en stratifiés verre polyester très fin : de 5/10ème d’épaisseur avec des ouies d’aération.

6 – Suppression des bandeaux de custodes, droite et gauche.

7 – Suppression des doublures de montant de custodes droite et gauche.

8 – Suppression des renforts de joue d’aile droite et gauche.

9 – Suppression des doublures de montant de pare-brise.

10 – Découpe du caisson de coffre arrière (planche à paquets et dossier).

11 – Découpe plus large de la lunette arrière : 30 mm des deux côtés et 60 mm vers le pavillon.
La lunette en plexiglass étant fixée par un caoutchouc d’étanchéité directement dans l’épaisseur de la carrosserie : l’entrée de lunette arrière étant supprimée.

12 – Découpe, plus large des passages de roues avant et arrière, c’est-à-dire remplacement du bord bombé de série.

13 – Ouverture plus grande des évacuations d’air latérales intérieures « compartiment moteur »

14 – Diminution de la ligne centrale du capot de 28 mm : il a fallu modifier un plâtre dans un des moules de fabrication à la nouvelle forme du panneau extérieur. Cette modification sera appliquée sur les capots de série, à partir de la caisse n°165.

Vient s’ajouter à ces modifications l’allègement du à la suppression du tissus de verre et de la résine d’imprégnation, à savoir :

Un tissu :

1 – brancard de pavillon

2 – Panneau extérieur de portes latérales droite et gauche.

3 – Panneau extérieur capot avant

4 – Tablier, côté passager.

5 – Planche de bord.

Deux tissus :

1 – Montant et renfort de portes latérales droites et gauche.

2 – Tunnel central de plancher.

Le poids final fut ramené ainsi à 95 kg pour cette carrosserie monobloc avec porte de coffre, le tout ferré et apprêté en vu de l’application de la peinture bleue clair. Pour information, le poids d’une carrosserie de série à l’époque était de 140 kg.

La carrosserie sera terminée le 22 juin 1956, après 271 heures de travail et livrée à Champigny le lendemain à la société EPAF.

Ce coach, une fois construit dans les ateliers EPAF pour courir au Mans, porta le numéro de course 44.

Malheureusement, il fut accidenté au Tertre Rouge dès le premier tour.

Robert Sobeau a réparé la carrosserie le 28 Août 1956 et terminé le 4 septembre. Cette voiture prendra le départ du Tour de France avec le numéro de course 135 où il gagna la catégorie B, ruban rouge avec l’équipage Armagnac – Rougier.

Ici aun départ de Nice :

Derrière la Monopole de Flahaut à Rouen :

Son numéro d’immatriculation en première main était 540 FF 75.

En ce qui concerne la deuxième carrosserie, Robert Sobeau reçu la commande d’EPAF, début juillet avec la mention « TRES URGENT », on comprend pourquoi ! Son numéro de carrosserie est = 163.

Les modifications étaient les mêmes que la première, à l’exception faite de :

1 – Panneaux de custode en stratifié droite et gauche, sur le même plan que la carrosserie.

2 – Arrondi de l’angle de la partie inférieure de buse d’entrée d’air avant pour une meilleure pénétration et refroidissement.

3 – Arrondi de la partie arrière de sortie d’air latérale droite et gauche « ouies » pour un meilleur glissement de l’air évacué.

La fabrication de cette carrosserie commence le 4 juillet et se termine le 13 juillet après 265 heures de travail.
Son poids de 85 kg fut possible grâce à l’expérience de la première soit 10 kg de moins et 55kg par rapport au poids de série.

Son numéro de course au Mans est = 45.

La voici au pesage :

Et devant les stand juste avant le départ.

Elle se classa 3ème à l’indice de performance et 11ème au général avec Vidilles – Thépenier.
Mais René Bonnet, pilote suppléant prendra le relais le dimanche matin à 7h203 pour rouler 3h sous la pluie.

Son numéro de course au Tour de France est le 134.

Au départ de Nice :

Son numéro d’immatriculation en première main était : 539 FF 75.

La suite de sa carrière sportive sera bien remplie, comme ici au départ du Tour de Corse avec Perrier et Janoray où elle abandonnera :

et mouvementée : elle aura de nombreux accidents et en 1959 elle sera reconstruite avec une carrosserie en aluminium ( !) réalisée chez Marsonnetto à Lyon. Elle disparaît en 1960 dans l’incendie du garage Ibanez à Avignon.

Voici en cadeau la photo de la maquette que Robert Sobeau a réalisé lui-même de cette voiture :

Charly RAMPAL sur des informations de Robert SOBEAU