LA DYNAMIC : IMPRESSION DE CONDUITE ET DOSSIER COMPLET
Dans l’extraordinaire gamme Panhard de l’avant-guerre, la Dynamic sonnait déjà l’avant-gardisme de la marque.
Annoncée en mai 1936, elle fit véritablement son apparition au Salon de Paris qui s’ouvrait cinq mois plus tard.
Ce fut un événement car cette gamme de voiture proposait une carrosserie résolument moderne au regard de ce qui se faisait à cette époque.
A la fois molle et exubérante, elle traduisait la vision un peu folle qu’avait Louis Bionier, le styliste maison.
Sous cette carrosserie volumineuse et enveloppante se cache un foultitude de solutions résolument moderne, comme pour détourner l’attention et s’excuser d’avoir une caisse auto porteuse tout acier, un 6 cylindres sans-soupapes partiellement porteur du train avant et de la direction, des roues indépendantes, des suspensions à barres de torsion, un freinage hydraulique à double circuit et un volant central !
Excuser du peu, et ceci en 1936 et visant une clientèle fortunée peu enclin à essuyer des plâtres!
Ce volant presque central possède un boîtier placé à l’arrière du moteur solidaire d’un palonnier commandant les roues par des tringles séparées : cette solution supprime la barre d’accouplement et limite le shimmy, phénomène tant redouté à l’époque.
Cette position du volant fut saluée lors du lancement de la Dynamic comme une amélioration allant dans le bon sens, favorisant la répartition des charges et supprimant les angles morts.
En fait, on s’aperçut très vite que ce principe n’était pas idéal ni pour la visibilité (que ce soit pour déboiter à gauche lors d’un dépassement ou pour serrer à droite lors d’un stationnement le long d’un trottoir et encore moins pour accéder au volant, obligeant le conducteur à sa contorsionner jusqu’au milieu de la banquette et à déranger éventuellement ses passagers.
Ou encore, une fois installé, comment refermer la portière droite, car la gauche est impossible à atteindre !
Panhard n’insista pas longtemps et, dès le Salon 1938, le volant des Dynamic regagnait une place plus classique à gauche.
UN PALACE ROULANT
La carrosserie de la Dynamic attire donc l’attention par des formes radicalement nouvelles, très rondes avec une connotation baroque comme les aime Bionier !
Outre son pavillon très galbé qui reprend le principe des petites vitres « panoramiques ». rappelons que le principe est basé sur la vision binoculaire garantissant théoriquement une visibilité intégrale au conducteur.
Plusieurs points de cette carrosserie retiennent l’attention : les ailes fuselées et très enflées qui enveloppent les 4 roues, ainsi qu’un capot massif se terminant par une imposante calandre dont le dessin se retrouve sur les grilles protégeant des phares encastrés.
A l’arrière, les feux et la plaque de police reprennent cette forme.
Tout est travaillé, fignolé comme l’aurait fait un élève artisan présentant son chef d’œuvre en fin d’étude.
Cela manque certainement de légèreté et de face le côté autorail saute aux yeux avec ses voies étroites par rapport à la largeur de la caisse.
Mais de côté ou de 3/4 elle n’est pas laide, elle est même agressive malgré son look de pachyderme aérodynamique.
Les mouvements des ailes avant et arrière s’enchaînent harmonieusement, se mariant parfaitement avec le galbe des portières au dessin des vitres étonnantes.
Techniquement cette carrosserie est intéressante car elle adopte pour la première fois sur une voiture de luxe, une caisse monocoque soudée électriquement sur laquelle sont prévues des attaches élastiques constituées de sphères en caoutchouc.
Les longerons sont intégrés, le plancher renforcé par des nervures et un caisson prévu pour la batterie.
A l’intérieur la finition est excellente, le souci du détail explose partout.
L’espace plus que généreux permet d’accueillir 3 personnes à l’avant et 4 à l’arrière.
Mais il ne faut pas être très grand.
A cause de la boîte et du passage de la transmission, les sièges avant sont nécessairement surélevés.
Avec un sommet de pare-brise bien bas, il faut s’arc bouquer sur son fauteuil dans une position que chacun a connu dans le ventre de sa mère ! Le système des glaces panoramique est remarquable.
Côté confort de route, la suspension de la Dynamic ne manque pas d’intérêt.
Très en avance pour l’époque, elle utilisait à l’avant de robustes bielles en forme de Y formant parallélogramme, celles du haut s’articulant directement sur le bloc moteur et celles du bas étant solidaires de barres de torsion longitudinales.
La suspension arrière utilisait deux barres de torsion transversales et une « barre Panhard » jouant le rôle de stabilisateur.
Des sphères de caoutchouc supportent la caisse et l’ensemble moteur-boîte.
Sur la route, cette suspension apporte à la voiture une stabilité étonnante pour l’époque.
A bonne allure sur une route bosselée, elle ne dévie pas de son cap.
On a l’impression de filer sur un nuage, bien aidé par une direction directe et précise, mais la douceur n’est cependant pas exceptionnelle : à l’arrêt c’est carrément dur.
La Dynamic surprend donc par sa franchise et son homogénéité : pas de roulis, pas de mouvements parasites de la caisse comme aurait pu le laisser craindre la carrosserie largement débordante par rapport aux voies.
Son comportement est très moderne, avantage complété par une bonne efficacité des freins hydrauliques qui rassure le conducteur en tout point.
LE MOTEUR FIDELITE AU SANS-SOUPAPES
Pour le moteur, Panhard demeure fidèle au sans-soupapes de licence Knight qu’il utilise depuis 24 ans et qui avait présenté pendant très longtemps une grande supériorité sur les moteurs avec soupapes dans le domaine de la souplesse et du silence.
Toutefois, ce double atout du sans-soupapes devient de moins en moins évident au milieu des années trente car les techniques des moteurs à soupapes avaient bien progressé et ces derniers offraient maintenant des avantages presque semblables sans être aussi délicats ni aussi voraces en huile.
Quoi qu’il en soit, l’image de la marque doyenne était indissolublement liée aux sans-soupapes dont le fonctionnement feutré correspondait bien aux confortables modèles proposés par Panhard.
Les Dynamic furent toutes équipées d’un moteur 6 cylindres, d’abord un 2,5 litres (type 130) ou un 2,8 litres (type 140) en 1936/37, puis un 3,8 litres (Type 160) à partir du Salon 1937.
Le 2,5 litres, jugé trop faible pour une voiture aussi lourde, fut abandonné à partir de l’été 1938.
Pour donner vie à ce bel équipage, il suffit de tendre une pointe de pied sur la gauche pour que la magie de la Dynastart agisse.
C’est chaque fois un émerveillement que de sentir le moteur donner l’impression de démarrer seul, sans avoir subi auparavant le grognement grossier du démarreur.
Et comme le sans-soupapes est lui-même remarquablement discret, en tout cas au ralenti, la transition est imperceptible.
Même en régime élevé le feulement du sans-soupape est remarquable.
Avec l’âge et l’usure des fourreaux coulissants prennent du jeu et peuvent émettre un concert de castagnettes dès que le régime monte laissant croire à des bielles coulées… plus de peur que de mal, on s’y habitue paraît-il !
Au niveau de la boite de vitesse, c’est aussi un émerveillement.
La première courte sert à décoller la voiture, laissant à la seconde et la troisième le soin d’exploiter gaillardement les possibilités du moteur.
Sans avoir les accélérations d’une GTI, la Dynamic avance sans qu’on ait l’obligation de cravacher.
Sur route un peu vallonnée, seules les très fortes côtes obligeront à rentrer une vitesse.
En comparaison, elle arrache presque aussi fort qu’une 15 six et nettement mieux qu’une 11 légère !
Si la quatrième tire assez long, elle permet à la Dynamic de tenir une vitesse de croisière aux alentours de 110, sans donner l’impression de mouliner.
Avec des pointes de 120/125 km/h cela permet de rouler l’esprit dégagé et d’être toujours dans le trafic même aujourd’hui !
C’est ainsi que ses 1300 kg se font oublier sur la route au profit d’un comportement routier sans égal pour l’époque.
JUSQU’EN 1939 : TOUTES LES GAMMES
Au Salon de 1937, une nouvelle Dynamic 160 apparaît.
Elle va donner du nerf à un modèle déjà fort apprécié du public.
De légères modifications esthétiques marquent le changement de millésimes.
Ainsi, le monogramme S-PL-S qui se trouvait au centre de la calandre passe désormais sur le côté, d’abord à gauche sur les premiers modèles 1938 révélés à la presse en septembre 1937, puis à droite de la calandre sur les Dynamic exposées au Salon 3 semaines plus tard.
Certains des modèles présentés sur le stand du Salon d’octobre 1937 ont déjà un capot sans ouïes de refroidissement, d’autres les conservent comme l’année précédente.
Parmi d’autres détails qui changent pour 1938, signalons les pare-chocs à lame qui remplacent ceux en forme de cornes des premières Dynamic.
Une nouvelle limousine vient enrichir la gamme des carrosseries mais cette dernière perd au même moment le coupé junior.
Le cabriolet simplement découvrable des débuts est remplacé par le cabriolet complètement décapotable.
Ce modèle réalisé par Janssen demeurera ultra-confidentiel… comme la limousine d’ailleurs.
L’habitacle des Dynamic de 1938 reste semblable à celui de l’année précédente, c’est à dire qu’il comporte un volant presque central et une planche de bord ornée de curieux cadrans pentagonaux.
Au Salon 1938, les Panoramiques ont complètement disparue : le stand abrite uniquement des Dynamics, y compris la rarissime limousine 6 glaces…
La principale nouveauté pour 1939 se situe au niveau du volant qui passe à gauche.
A part le volant, la Dynamic 1939 se reconnait à quelques autres détails : deux balais d’essuie-glace au lieu de trois, suppression des feux de position sur les ailes, feux arrière ronds et plaque minéralogique ordinaire, contrairement aux feux et plaque de l’année précédente dont les logements en forme d’écusson s’encastrent dans les ailes.
La Dynamic 130 disparait du catalogue.
Le Type X82 (Dynamic 160) est le dernier d’avant-guerre.
Depuis le début de cette décennie, il a été précédé par une vingtaine d’autres. La gamme ira du Type X76 au Type X82.
Le Type X78 s’appliquait à une 6 cylindres de 3,5 litres et le Type X79 désignait un modèle expérimental à gazogène avec moteur 6 cylindres de 4,8 litres.
Une remorque gazogène sera aussi construite pendant la guerre pour la Dynamic 140 : déclarée aux Mines en 1941, cette « RGN » (Remorque Gazo Normalisée) fut enregistrée comme Type X83.
CONCLUSION
Les Dynamic furent des voitures appréciées pour leur confort, leur douceur, leur silence avec une sécurité de conduite hors du commun.
Très rapide tenant super bien la route et freinant remarquablement, elles furent victimes de la guerre.
Elles cessèrent d’être produites dès l’été 1939 et, au lendemain des hostilités, leur style ample ne correspondait plus aux canons du moment.
Pourtant on vit une Dynamic au Salon de 1946 isolée parmi les nouvelles petites Dyna X, mais c’était pour rappeler aux survivants la symbolique des gammes fastueuses sur lesquelles Panhard avait bâti jusque là toute sa renommée.
LES CATALOGUES ET LES PUB
LA SAGA EN IMAGES
DETAILS TECHNIQUES
LA GAMME
LES MINIATURES
C’est la marque ELIGOR qui a produit au 1/43ème la plupart des modèles de cette série, dont voici quelques exemplaires de ma collection.
La Version Coupé deux tons de VéReM :
Mais c’est la maison AUTO-TACOT qui aura reproduit la voiture dans une très belle qualité.
Charly RAMPAL (Documentation d’époque et perso + Archives Panhard manuel entretien + Automobilia)