Dates : 28 janvier au 4 février.
5 villes de départ : Barcelone, Copenhague, Glasgow, Reims et Turin.
Distance : de 788 à 2263 km selon le point de départ pour rejoindre le sud de la France, à St André Les Alpes..
317 engagés.
6 équipages féminins engagés.

Cette année voulait commémorer le 60ème anniversaire de la victoire de la Sunbeam Talbot Mk III de Per Malling et Gunnar Fadum, équipage victorieux en 1955.

Rallye de régularité : 3 moyennes = basse, moyenne et haute. D’où le port du casque pas obligatoire.

Côté classement, 4 épreuves dites spéciales font l’objet de contrôle de régularité selon la moyenne choisie.
Ces épreuves sont :
– Monaco / Valence : 538 km
– Valence / Valence : 357 km
– Velnece / Monaco : 395 km
– Monaco / Monaco : 168 km

Voici donc résumé en quelques chiffres, ce que fut ce 18ème Rallye de Monte-Carlo historique 2018.

Comment ça marche ?

L’organisation place des points de contrôles (cachés) sur la ZR (Zone de Rassemblement), en plus du chronométrage classique ente la ligne de départ et celle d’arrivée, afin de vérifier la moyenne. Chaque 1/10e de seconde, au-dessus ou au-dessous du temps imparti, entraîne une pénalité d’un point. Le vainqueur étant l’équipage qui récolte le moins de points.

Pour cette édition 2015, Pierre Henry Mahul (qui participe au Mans Classic sur son CD blanc) avait forcé la main à Reynald Vercoutter (mon préparateur moteur du Monomill) à faire renaitre une PL17 couleur parme, achetée en état moins que moyen !

Mais comment en sont-ils arrivés là, j’ai posé la question à Reynald Vercoutter, voici sa réponse :

« Le 16 octobre 2014, alors que nous discutions dans le garage devant la PL17, Pierre-Henry Mahul me demande : « Reynald, qu’est-ce qu’on en fait de celle-là ? Il faut peut-être la vendre ! »
Et dans la fraction de seconde suivante, sans me laisser le temps de lui répondre, il tilt : « Au fait, la PL17 a participé à Monte-Carlo, elle a même gagné me semble-t-il ?
Eh oui, c’était en 1961 avec 3 PL17 aux 3 premières places ! »

Oh la ! Effectivement, mais à l’époque les voitures étaient neuves ou presque…
Et il continue : « J’ai fait le Monte-Carlo historique 2014 avec ma DKW et je comptais récidiver avec en 2015. Je lui ai d’ailleurs fait refaire le moteur et les freins à neuf, mais ce serait plus sympa, plus intéressant de le faire en Panhard ! Je suis sûr que l’Automobile Club de Monaco acceptera la voiture à bras ouverts, et même qu’elle sera certainement la seule Panhard engagée ! Qu’en penses-tu ? »

Mais qu’elle est cette « maladie » qui nous touche nous-autres Panhardistes ?

Il faut préciser que Pierre-Henry ne connaît Panhard qu’à travers sa CD avec laquelle il participe au Mans Classic depuis 2006, qu’il prend plaisir à la piloter et à la pousser à l’extrême sur le circuit sarthois et que la mécanique sait bien le lui rendre puisqu’elle n’a jamais bronché depuis.

Surtout, il a vite compris que la Panhard a une « âme » très significative qui ne demande qu’à être comprise, interprétée et utilisée pour en jouir au maximum (à 130% comme il dit).
Précisons également qu’il a acheté cette PL17 type L1, 2 tons lilas et violine, sur un coup de cœur 15 mois auparavant et que depuis il l’a stocké telle-quelle n’ayant jamais eu le temps de nous en occuper.

C’est après avoir vu la mienne, absolument identique, exposée à Rétromobile 2009 qu’il était tombé amoureux du modèle. Il aurait aimé me la racheter, mais ma fille qui l’a découverte en même temps, se l’est immédiatement réservée. …

J’avais acheté et restauré cette voiture en un mois et demi spécialement pour Rétromobile à l’occasion des 50 ans de la PL17. Bien qu’elle soit arrivée et repartie par la route, le but n’était de lui faire faire un rallye.

Pour revenir à la sienne, elle n’a pas roulée depuis une trentaine d’années, repeinte dans les années 80 en respectant ses teintes d’origine, les bas de caisses étaient à remplacer ainsi que les longerons et le bas de la malle arrière à reprendre.
La sellerie est en bel état d’origine, les enjoliveurs alu sont partiellement démontés, certains ont été chromés, ils ne sont pas récupérables.

La mécanique est en place mais il faut absolument tout reprendre : moteur, boite, freins, canalisations, échappement, faisceau électrique, suspension, direction etc. …

« Et c’est quand Monte-Carlo Historique ? » lui demandais-je. « C’est du 28 janvier au 4 février 2015 » me répondit-il en ajoutant qu’il avait choisi de partir de Barcelone et donc qu’il fallait prévoir une journée pour s’y rendre par la route, bien évidemment.
De plus, ces 1100 km permettront la bonne prise en main de l’auto et de parfaire le rodage de la mécanique !

« Si tu t’y mets à plein temps, c’est jouable ? »

Banco ! On est fous, mais vivants ! C’est le genre de défis que j’aime relever.
La PL17 est ma Panhard préférée, surtout la L1 (portes antagonistes) et de cette teinte (qui dérange certains mais en fait craquer d’autres, je sais de quoi je cause pour avoir la L1 mentionnée plus haut mais aussi une autre L1 lilas unie depuis 1983 qui affiche maintenant 440 000 km).

Le copilote habituel de Pierre-Henry n’est pas certain d’être disponible pour ce rallye.
Aussi Pierre-Henry me précise qu’il faudra peut-être que je le remplace.
Je n’ai jamais fait de rallye, encore moins de régularité, je n’ai aucune expérience de la navigation, du road-book et du matériel embarqué (trip master, cadenceur). »

Voilà comment tout a commencé !

Pourtant, cette PL17 avait assez peu roulé affichant ses 72261 km, à moins qu’elle n’est déjà fait un tour complet !

Reynald prépara la voiture et en particulier le moteur avec des cylindres achetés à Bertrand Hervouet

Mais le plus gros travail allait se porter sur la carrosserie et sa peinture réalisée par les mécanos de Mahul au sein de l’écurie Morgan-France.

A quelques jours du départ pour Barcelone, un des points de rassemblement pour démarrer le Rallye, la PL17 était encore à terminer.
Mahul et la fille de Reynald vinrent en renfort pour finaliser intérieur et éléments de vitrage.

Puis, l’installation et le branchement des appareils nécessaire à la navigation et autre Trip-master, juge de paix électronique pour contrôler la moyenne imposée.

Tout juste terminée, en route pour l’aventure !

Paris (St Maur des Fossés) / Barcelonne se fera en une seule traite et sans aucun problème mécanique avec seul objectif rallier dans de bonnes conditions relationnelles cette première cohabitation dans un espace confiné et orienté sport-automobile.

La mise en parc fermée espagnol parmi ses concurrentes, fut déjà un premier exploit, après ces jours et ces lunes passés à peaufiner les moindres détails.

Une première soirée de gala allait permettre à Mahul de revêtir un costume de circonstance avec le champagne qui va avec et bien loin de celui de pilote : une troisième mi-temps bien méritée !

Les bons moments ayant toujours une fin, il fallait relier les Alpes pour enfin pouvoir goûter aux joies du pilotage sur routes ouvertes afin de rejoindre les Alpes et plus précisément Saint-André-les-Alpes, le samedi 31 janvier, pour disputer dans la foulée et en guise de prologue, une toute première zone de régularité (ZR) : Saint-Jean-la-Rivière – Levens via le village de Duranus.

Direction ensuite vers la Principauté, pour une première nuit de repos, après une longue et fatigante concentration.

Une étape qui se fera dans de bonnes conditions.

Après cette mise en jambe, les choses sérieuses allaient commencer.

La première épreuve reliait Monaco à Valence, ville qui sera le point central des épreuves chronométrées.

Pour qui connaît la région (et en tant que marseillais, j’y passais toutes mes vacances d’adolescent), ces routes de montagne ne sont pas faciles surtout dans des conditions neigeuses.

La PL17 doit s’équiper de pneus cloutés.

Les villages traversés et les cols escaladés rappelleront de bonnes chaleurs à ceux qui comme moi dans les années 60, y laissèrent trains de pneus et évanouissement des freins.

Départ de Valence et premier contrôle :

D’entrée, la couleur est annoncée :

– Pont de Clans – Tournefort – Massoins – Villars/Var » et ses vallons souvent glacés et difficiles à négocier.
– Digne-les-Bains accueillera ensuite, place du Général de Gaulle, un contrôle de passage très attendu par les passionnés.
– Direction ensuite « Selonnet – Turriers » pour une première classique par le Col des Garcinets. Haut lieu du Sport Automobile en Dauphiné, la Gare de Clelles-Mens fera à la mi-journée office de trait d’union entre Préalpes du sud et Vercors, terrain de jeu de notre ami JP Terpan, avant que les concurrents n’enchaînent avec Chichilianne – Col de Menée – Les Nonières et La Cime du Mas – Col de Carri – Col de l’Echarasson – Saint-Jean-en-Royans .
– La dernière halte de la journée s’effectuera à la base nautique de Saint-Nazaire-en-Royans pour un ultime contrôle de passage avant de rejoindre en soirée le Champ de Mars de la ville étape Valence.

Une petite vidéo pour résumer tout ceci :

Ouf ! ça y est, le ton est donné et notre équipage 312 s’en est bien sortie et peut sabler le champagne, même si on est à 48 km de Die et sa fameuse Clairette !

Mais pas le temps de se laisser embarquer par Bacchus et ses éléphants roses : la deuxième spéciale frappe déjà à la porte de la chambre !

Lundi 2 février se pointe alors et sonne le début de la première partie de l’Etape commune avec un copieux menu ardéchois.

Ainsi, avec ses 60 kilomètres qui font d’elle la zone de régularité la plus longue de cette édition 2015 :

– Saint-Pierreville – Saint-Etienne-de-Serres – Saint-Julien-du-Gua – Col de la Fayolle – Col de 4 Vios – Mézilhac – Le Cheylard » devrait être un arbitre.
– Il en est de même pour Burzet – Sagnes et Goudoulet – Lachamp-Raphaël – Saint-Martial .
– La pause de la mi-journée s’effectuera place du marché à Saint-Agrève où une dégustation de produits régionaux sera organisée pour les concurrents, avant qu’ils n’enchaînent avec deux ZR bien connues : Col du Faux – Col du Buisson – Labatie d’Andaure », inédite dans ce sens et Lamastre – Gilhoc-sur-Ormèze – Baratier – Plats, rallongée, revue et corrigée pour cette édition 2015.
– Retour ensuite à Valence, précédé d’une halte à Tournon-sur-Rhône où de nombreuses festivités sont d’ores et déjà programmées quai Farconnet.

Le mardi 3 février à l’aube, débutera par deux morceaux de légende de la Drôme provençale :
– Saint-Nazaire-le-Désert – Col des Roustands – La Motte Chalancon et Verclause – Col du Reychasset – Laborel – Col Saint-Jean – Eygalayes.
– Pas de répit pour les concurrents qui, après un long routier de plus de 150 kilomètres à travers la Drôme, les Alpes de Haute-Provence et les Alpes-Maritimes s’élanceront à la mi-journée dans la grande classique de Puget-Théniers – Col Saint-Raphaël – Toudon – Tourette-du-Château.
– L’ultime contrôle horaire avant l’entrée en parc fermé à Monaco s’opérera Place Neuve à la Turbie en tout début d’après-midi.

Si la fatigue commence à se faire sentir pour notre équipage, la PL17 est toujours aussi fringante, à l’aise sur ces routes verglacée dont Mahul maitrise parfaitement les quelques dérobades qu’il provoque à plaisir.

Seules traces des conditions de circulation, le compartiment moteur qui commence à tracer ses filets de boue aérodynamiques sur les passages de roues !

Et cette infatigable Trabant qui ne les lâche pas !

Enfin, l’étape finale aura lieu dans la nuit de mardi 3 au mercredi 4 février.

Pour en terminer, deux chronos qui ont fait les grandes heures de l’évènement dans l’arrière pays niçois :

– Lucéram – Col de la Cabanette – Col Saint-Roch – Loda – Lantosque et La Bollène-Vésubie – Col de Turini – Moulinet – Col Saint-Jean – Col de Castillon – Sospel.
– Les premiers concurrents seront de retour sur le Port Hercule de Monaco au petit matin.

Epuisés mais ravis, les concurrents, après une bonne sieste et une douche réparatrice, seront convoqués pour la Soirée de Gala de Remise des Prix qui se déroulera le soir même du mercredi 4 février, dans la Salle des Etoiles du Monte-Carlo Sporting Club : que du beau monde dans un écrin doré où chacun pouvait se lâcher et raconter ses aventures.

Qu’importent les classements, l’équipage et leur monture furent héroïques et prouvèrent que nos Panhard sont toujours dans le coup dans le rapport performances / qualités routières.

Mais pour Pierre Henry et Reynald, l’aventure continuera en 2016 puisque près de Cannes, une Dyna Z1 a fait l’objet de plans futurs sur la comète afin de rendre encore plus performante « l’aventure Panhard ».

Un bonus vidéo côté ambiance à bord de la PL17. Commentaire et leçon de pilotage en Live du pilotage de Mahul.

Charly RAMPAL Photos et vidéo Reynald / Mahul

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