Au sud de la Porte d’Orléans, au bord de la N20, fleurissent les casses autos.
C’est même un des derniers charmes de cette nationale maintenant réduite au rôle d’axe régional.
Pour ceux qui rêvent de découvrir l’objet rare, la pièce de collection, le détour par l’Autodrome était fin juin, obligatoire.
Ferrari, Porsche, Jaguar, Alfa, Alpine, Matra, Panhard et j’en passe… tout le contraire d’un cimetière des éléphants, car toutes ces marquent prestigieuse sont là bien vivantes.

Peter’s organisation mis en demeure par l’ASAVE d’aller plumer ailleurs d’autres pigeons, la convivialité était à l’ordre du jour. Une rivalité entre deux organisations qui n’avait rien à voir avec notre passion aveugle et désintéressée pour le sport automobile à l’ancienne. Et prendre partie pour l’un ou l’autre n’avait aucun intérêt.
Mais force était de constater que les Clubs de marque avaient retrouvé leur liberté d’action sous la forme de petits villages.

Hélas, ce circuit mythique ne correspondait plus aux standards actuels en matière d’équipement, de sanitaires, d’installations permanentes et, j’aurai du commencer par là, de piste proprement dite.

Nous espérions en cette année 1995 que l’élection d’un nouveau Président qui comptait parmi ses mais parisiens, de chauds supporters de l’automobile, qu’il se penche sur le vieil autodrome parisien.
Mais le problème n’est pas si simple, trop d’intérêts divergents gravitent autour de ce temple du sport-auto..

Mais revenons à l’essentiel : les courses.
C’était le temps béni où Monthléry faisait le plein.
Une fois encore, les passionnés avaient répondu présent en masse, écrasés de soleil et noircis de poussière.

Au programme, des plateaux garnis comme aux plus beaux jours, ce qui promettait une circulation plutôt dense sur le vieil anneau.

LE « GOD SAVE THE QUEEN” EN GUISE DE “MARSEILLAISE »

Honneur aux monoplaces à moteur Panhard, Citroën, Ford, Fiat… puisque ce plateau portait le n°1 et par là-même était appelé à commencer les hostilités dès le vendredi.

30 voitures étaient présentes pour les essais chronométrés.

Une armada de MEP X27

et DB-Racers,

4 MEP X2, allaient en découdre avec des Formules Juniors : 4 Cooper, 2 Lotus, 1 Stanguellini.

Cette année 95, le « God save the Queen » remplacera le « Marseillaise » de l’an dernier.
Mais le combat n’en fut pas moins âpre, et même si le podium fut entièrement british, des bagarres à tous les niveaux allaient tenir le public en haleine !

Pourtant après Magny-Cours, ou Philippe Gayraud fut impérial et Christian Farin en pleine forme, on se laissait aller à espérer à une nouvelle victoire française.

D’autant que les essais venaient conforter cette impression : Farin 2ème, Gawski 5ème et Philippe Gayraud 7ème et premier des MEP X27, donnant lieu à des sympathiques discussions entre Gawski et Philippe Gayraud. On remarque Christophe Guerrier sur la droite derrière Philippe :

Mais les écarts de temps extrêmement faibles (les 5 premiers dans la même seconde !) laissaient entrevoir un beau suspense.

Côté MEP X2, c’est Serge Mace qui menait le bal largement devant votre serviteur qui réussit a devancer Georges Phillipe et Gaby Billaud. Mais aussi les DB-Racers d’Anne –Marie Gawski et Karin Kherouf avec qui j’avais l’habitude de me battre : une belle satisfaction.

Après le retour des essais, nous pouvions consulter calmement la feuille des temps, évaluer notre performance et notre place sur la grille de départ :

Après moult commentaires à chaud où chacun essayera de justifier ses petits problèmes mécaniques ou de pilotage, place au repos des guerriers en famille principalement, comme ici Philippe qui donne ses premières leçons de conduite à son fils Damien, devant le regard amusé de sa femme.

Puis ce sera la farandole des apéro pris en commun et qui feront monter les décibels avant une bonne nuit réparatrice !

LA COURSE

Déjà sur la grille la tension commençait à monter. Nos voitures positionnées en pré-parc attendaient leurs pilotes appelés au briefing :

En pré-grille, l’impatience gagnait, à peine tempérée par nos mécaniciens respectifs, comme ici Michel Normand à mes côtés :

Ça y était, le feu vert est donné. Chacun va s’élancer dans l’ordre des temps des essais dans cet entonnoir qui donne accès à la piste :

On frissonnait déjà sur les risques d’accrochage dus à la difficulté qu’il y aurait à émerger du peloton.

L’un deux, en effet, privera Alain Gawski de se battre à armes égales : heurtant la roue arrière de Farin, son Racer poursuivra sa route la gueule grande ouverte !

Dès lors, la donne était faussée et Farin ne sera plus inquiété.

Mais Alain allait trouver un autre combattant en fin de course : la MEP X27 de Philippe Gayraud qu’il ne devancera que de… 56/100ème.

A noter la brillante prestation de Pierre Albert , premier des MEP X27 et par là même premier du Groupe G. Il avait réussi à devancer Gawski et Philippe Gayraud !

Côté des MEP X2, Serge Mace confirmera sa domination entrevue lors des essais en finissant 13ème au général devant une foultitude de MEP X27 et DB-Racers.

Victime d’un tête à queue qui à la chicane précédant la ligne droite des tribunes et qui me fit tutoyer le rail en haut de la parabolique, je dus laisser passer mes adversaires directs : Georges Philippe et Gaby Billaud.

Ah cette fougue marseillaise ! Mais je gardais mon avance sur Anne-Marie et Karim : petite consolation.

OU S’ARRETERONT-IL ?

Mais le fait le plus marquant sera la chute des records.

A croire que le moteur Panhard n’a pas de limite dans les préparations de ces moments, avec très peu de casses par-dessus le marché !

Jugez plutôt :

Farin améliore son temps remarquable de l’an dernier de plus d’une seconde : 1’44’’59 contre 1’46’’74.

Serge Mace réalise avec sa MEP X2 un fantastique 1’49’’78… et j’en passe puisque tous auront amélioré les temps de l’an passé !

Notons enfin, le remarquable prestation de Marpinard (4ème des Racers) toujours aux avants postes.

RECORD ENCORE POUR LA 24 CT DE GUERRIER

Décidemment les moteurs « made in Gawski » ont le vent en poupe, puisque chez les « Tourismes », Christophe Guerrier allait pulvériser mon record de 93 : 2’07’’75 contre 2’09’’62 !

Depuis le début de cette saison 95, j’ai expliqué l’ascension irrésistible de ce cocktail détonnant.

Même les Philippe en Saloon Cars, avec leur 24 débridées, sont loin derrière. Et ce ne sera pas fini puisque l’an prochain, Christophe Guerrier aura enfin une boite courte qui lui permettra de monter plus haut dans les tours et rendra sa 24 plus vive.

Une fois encore la course des « Tourismes » fut superbe. Bien qu’en fond de grille, Christophe allait lutter contre une Volvo, après avoir laissé sur place une 4cv (facile !) et la BMW 700 de Vachon qui, depuis son passage dans la LVA avait complètement perdu les qualificatifs qui émaillaient l’article qui lui était consacré.

Il n’aura fallu que 5 tours à la 24 pour écœurer la suédoise.

Tournant comme une horloge, effaçant les chicanes, Christophe se régalait du brio mécanique et de l’époustouflante tenue de route de son engin.

Il avait bau la balancer avec force, la 24 ne bronchait pas, bien campée sur ses 4 Dunlop Racing !

Dommage qu’un coupé Simca 1200 et une 28 Gordini l’empêcheront de recevoir une coupe bien méritée.

DES 24 EN SALOON CARS : EST-CE BIEN RAISONNABLE ?

En effet, c’est en Salon-cars, que les rescapés de l’Ecurie Philippe (Denise et Christophe) avaient décidé de remettre en piste les deux 24 (ex-Rampal et ex-Perroton) en VHC.

Plateau où beaucoup d’améliorations sont permises, la concurrence y est encore plus redoutable, transformant de paisibles Ford Anglia ou Triumph Hérald en redoutables engins de course que j’appellerai plutôt des « silhouettes ».

Bien que super-préparées par Georges et Christophe (un 1000cc pour Denise), nos représentants ne pourront rien contre ces monstres.
Aussi , les 24 resteront engluées en bas du classement, même si Christophe fit preuve d’une belle combattivité, dominant largement sa mère : décidemment il n’y a plus de respect pour les parents !

Alors, on pouvait se poser la question de savoir s’il ne valait pas mieux rester en « Tourisme » en se mêlant aux 1100 et faire l’effort sur des pneus compétitifs, comme Christophe Guerrier ?

Leur nombre étant égal ou supérieur à 5, il était plus facile de marquer la totalité des points et la lutte moins inégale que de mon temps où il n’y avait que 2 ou 3 voitures dans le groupe.

Quoiqu’il en soit, cette édition 1995 de Monthléry restera dans les annales de nos bons souvenirs en VHC.

La course des Mep-Monomill en vidéo :

Charly RAMPAL

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