Charles Faroux était LE journaliste français qui faisait autorité avant la seconde guerre mondiale.

Il n’avait pas la plume aussi aiguisée que ses futurs confrères de l’A.J. des années 50 / 60.

Il faut dire que la philosophie des automobiles de cette époque n’avait rien à voir avec celles des années sixties.

Cet objet de luxe et non de consommation avait tendance à se parer de toutes les vertus.

Néanmoins, lorsqu’une voiture affichait des qualités indiscutables, il n’était pas avare de qualificatifs.

Mais avant de laisser la plume à Charles Faroux, voyons la genèse de ce petit modèle au milieu des Panhard des années 20.

LE CONTEXTE

En 1915 et 1917, deux petits prototypes X27 à soupapes et X30 sans soupapes avaient été étudiés.

Ils avaient été mis en sommeil mais le projet du type X30 n’avait pas été abandonné pour autant.

A partir de ce modèle avec moteur K4C sans soupapes de 1100 cc, le bureau d’études de Panhard élabora un nouveau Type 32, animé par un moteur K4C2 de 1190 cc et pourvu d’une boite à 3 vitesses seulement.

Difficile à mettre au point, en particulier à cause de sa boite mal étagée, le Type X32 se transforma vite en Type 37 avec boite 4 vitesses.

Inscrit au catalogue du Salon de 1921, ce modèle économique présentait une double particularité : son moteur de faible cylindrée (le plus petit de tous les sans-soupapes Panhard) et son volant placé à gauche, contrairement à ceux des autres voitures de la marque.

DESCRIPTION MECANIQUE

Le moteur est donc un 4 cylindres verticaux, monobloc, 65 d’alésage pour 105 de course, distribution sans-soupapes par deux fourreaux concentriques en acier régulé : système Panhard.

Vilebrequin reposant sur deux paliers.

La distribution est commandée par chaînes.

Le graissage se fait par barbotage à niveau constant, à circulation d’huile sans pompe.

Le carburateur Panhard est horizontal à correcteur.

La Magnéto SEV possède une avance automatique.

La circulation d’eau se fait par thermosiphon.

L’équipement électrique est alimenté par dynastart SEV, distribution sous 12 volts.

Bloc-moteur, embrayage à cône garni de fibre travaillant dans l’huile.

Boite de vitesses à quatre vitesses et marche arrière, sur trois baladeurs.

Transmission par arbre à cardan à joint unique enfermé dans un tube transmettant la poussée et la réaction.

Suspension par ressort droit à l’avant, demi-ressorts renversés à l’arrière.

Amortisseurs Hartford à l’avant.

Direction à vis et écrou à droite.

Levier sur la boite de vitesses.

Freins brevetés Panhard sur les quatre roues, commandés simultanément par la pédale et le levier.

Réservoir d’essence à l’arrière contenant 55 litres.

Alimentation du carburateur sous pression.

Voie : 1m35

Empattement : 2m945

Emplacement de la carrosserie : 2m45 x 1m.

Roues détachables en bois, avec pneus Confort de 775 x 145.

Maintenant que le décor mécanique est planté et toujours dans mon souci d’authenticité, passons à l’essai de cette Panhard 10cv sur 360 km, par Charles Faroux.

L’ESSAI

L’essai de la voiture 10cv Panhard a été effectué sur un assez long parcours dont voici les détails :

  • Paris – Melun – Montereau – Pont-sur-Yonne – Sens – Cerisiers – Saint Florentin – Tonnerre et retour, soit en tout, 360 km.

Consommation :

  • essence =  19L 5 dans le sens Paris – Tonnerre et 19 L au retour, soit une consommation moyenne de 10L 7 aux 100 km.
  • Huile = 2/3 de litre aux 100
  • Eau = néant.

La vitesse moyenne a été mesurée sur le parcours aller Paris / Tonnerre (voir graphique).

On voit que sur cette route, qui est loin d’être rapide, la vitesse ressort à 61 km 500.

De Pont-sur-Yonne à Sens, en très bon état, la moyenne a atteint 81 km/h.

Vitesse maxi : Pare-brise en place, capote repliée, deux places occupées, le kilomètre est parcouru, dans un sens, en 38s 4/5.

Dans l’autre, en 43s 1/5, soit une moyenne, dans les deux sens, de 87 km 700.

Accélération : les essais de démarrage, ainsi que les essais de vitesse, ont été faits sur la portion de route située entre Sens et Malay-le-Grand.

Ainsi qu’on peut le voir par le graphique, la voiture possède une accélération excellente.

Freinage : Les distances de freinage relevées ont été de :

A 25 km/h = 3 mètres

A 40 km/h = 8 mètres

A 60 km/h = 19,5 mètres

A 80 km/h = 36 mètres

J’ai par couru avec cette voiture les côtes classiques de la région parisienne : Picardie et Cœur-Volant.

Cette dernière côté est montée en troisième vitesse à 40 à l’heure, après avoir été attaquée à 25 à l’heure.

Picardie, dans le sens Paris / Versailles (sens le plus dur) et terminée à 60 à l’heure en troisième, départ arrêté ; à 50 à l’heure en prise directe.

Observations : j’ai essayé cette voiture avec beaucoup d’attention, je la considère comme une voiture de tout à fait grand ordre et capable de satisfaire des programmes très étendus.

Comme direction, elle est presque sans rivale.

Comme stabilité et tenue de route, surtout avec des ballons, elle donne des enchantements à ses occupants.

C’est un beau programme qui a été magnifiquement réalisé, et il faut en féliciter impartialement la grande maison doyenne. (Charles Faroux).

GRAPHIQUES

LES 10cv REPRESENTATIVES DES PERSONNALITES

Charly  RAMPAL    (Doc. Photographique : archives Panhard)