L’article historique de la D.B. Antem 753, se terminait par la mise entre parenthèse de la voiture la tête en bas, dans une remise de province, pour cause de service militaire.

Cette rupture avec la vie quotidienne et les évènements de mais 68, avaient fait que le monde avait changé et la vie de famille de chacun n’était plus à la désinvolture insouciante de notre jeunesse passée : le temps des copains  avait fait pace aux devoirs conjugaux et les voitures anciennes un jouet du passé.

Mais voilà qu’une quinzaine d’année après avoir accroché sa D.B. à ce porte-voiture improvisé, Serge se trouvait à Marseille en cette année 1981.

RETOUR VERS LE PASSE

La bonne odeur de ce passé heureux, les impressions à son volant, les folies de cette jeunesse à jamais rangée sur l’étagère des souvenirs, envahirent sa tête et défilaient sous ses yeux !

Ce passé soudain recomposé allait accompagner Serge durant tout son séjour à l’étranger et chaque jour son envie gonflait de remettre le cul dans cette voiture synonyme de plaisir.

LES RETROUVAILLES

La décision était prise : redonner vie à cette auto mythique.

Les mois suivants, Serge partit décrocher sa belle auto pour la ramener dans son sous-sol du 91 et rassembler tous les éléments de la voiture éparpillés au grès des recoins disponibles : moyeux, tambours de freins AV et AR, roues, levier de vitesses, etc.. qui avaient permis d’alléger la voiture sur son perchoir.

Là chez lui, tranquille où le temps ne lui est pas compté, Serge le minutieux, la démonta complètement jusqu’au châssis qu’il mit à nu, afin de détailler sa réalisation et tenté de répondre à tous ses « pourquoi » ?

Entre temps, une vague vintage commençait à gagner le monde automobile.

Les clubs et autres rassemblement de passionnés essayaient de retrouver ce temps béni des sixties !

Rétromobile, les rassemblements d’anciennes , le V.E.C. (Véhicules d’Epoque et de Compétition),  les marchands de pièces et journaux anciens fleurissaient à tous les coins de l’hexagone.

 C’est ainsi que Serge retrouva dans la revue L’Automobile de juillet 1951, un dessin de Robert Roux, écorché du châssis : Le seul document disponible pour vérifier l’authenticité des éléments de la voiture.

Extrapolant le dessin, Serge compris que tout le châssis avait pour point de départ celui des Racers, qui, en 1950 accompagnaient son cabriolet Antem.

Un ensemble de  tôles pliées, s’emboitant pour former une section légère, simple, faiblement déformable, facilitant la soudure par points et comportant des trous d’allégement.

Ainsi que le train avant que l’on retrouve sur les Racers

Touchant sa bille en informatique, outil incontournable de nos jours, Serge le modélisa en 3D pour le mémoriser à jamais et s’en servir de base pour le faire évoluer fictivement, comme « les Grands » de la F1 !

Puis, un par un, les différentes parties de la voiture furent étudiées en direct. Le compartiment moteur :

  • La partie arrière :
  • Voir les éléments qui avaient été rajoutés par Hampe certainement par rapport à ceux d’origine, afin d’en améliorer la rigidité et l’efficacité :
  • Le support Avant :

LES QUESTIONS ET LES POURQUOIS ?

Ayant appris des D.B., Serge constatât rapidement que certains éléments ne correspondaient pas, au style, à la patte des dessinateurs concepteurs des  D.B. et notamment les supports d’amortisseurs.

En inspectant le dessin écorché de Robert Roux, on s’aperçoit que les amortisseurs de sa D.B. Antem ne sont pas conformes à l’origine, télescopiques dans notre cas et Hhoudaille à l’origine.

Les tubes carrés de 40mm utilisés aussi bien à l’avant comme à l’arrière étaient non conforme à l’esprit DB,

L’ensemble de la construction du châssis D.B. utilise des tôles pliées, ajourées, soudées entre elles, pour constituer un ensemble de faible poids pour une fonction bien définie.

Décidemment sa conviction était faite : ces tubes n’étaient pas d’origine DB, ils ont dû être fabriqués, rajoutés  par les propriétaires précédents, peut-être les frères Hampe grands spécialistes Panhard.

Il faut dire que les autos sportives ont toujours subi des modifications pour être en concordance avec la technique du moment.

Certains propriétaires talentueux de D.B. Antem comme Trouis avaient déjà modifié ces supports pour adapter les télescopiques 

Les HBR de la production D.B. étaient pourvus de télescopiques dès leur sortie en 1953.

Dans le milieu des années 50, les amortisseurs Houdaille étaient devenus obsolètes, car inefficaces par rapport aux performances grandissantes des voitures de sport en particulier.

Fallait-il rétablir l’origine conception D.B. en harmonie avec le châssis ou bien garder cette évolution ?

La réponse lui arriva vite car les tubes carrés du commerce ne reflétaient vraiment pas l’esprit DB.

Serge prit donc la décision de mettre tout çà en ordre pour être conforme à l’origine.

Oui, mais pas si facile ! Il se mit en chasse pour obtenir toutes  infos lui permettant de définir ces supports d’amortisseurs.

En attendant d’aboutir et poussé par la rouille qui avait fait son œuvre sur les longerons latéraux, et la traverse arrière, Serge se mit à la planche à dessin pour les dessiner et les remplacer.

On peut voir sur les photos ci-dessous les résultats de son travail :

ARRIERE

AVANT :

LONGERONS DECOUPES POUR ÊTRE REMPLACES 

LA TRAVERSE ARRIERE DEFORMEE PAR DES REPARATIONS ET SOUDURES DIVERSES

CHASSIS EN COURS DE RENOVATION

  • Les traverses arrière et latérales remplacées
  • Les supports amortisseurs en tube de 40 toujours en place en attendant de trouver la solution.

C’est à l’occasion d’une rencontre à l’Age d’or de Montlhéry  en 1983 ou 84  que la solution est arrivée.

Des passionnés Panhard étaient en discussion, Serge tendit l’oreille, un peu en retrait : une personne cherchait à rencontrer un propriétaire de DB Antem.

Serge savait bien que le carrossier de sa D.B. portait ce nom grâce aux plaques fixées sur les flancs de la carrosserie mais il ne savait pas qu’on pouvait l’appeler ainsi.

Quelques minutes plus tard, il se mis en rapport avec cette personne.

UNE SŒUR JUMELLE

Une chance : ce Monsieur possédait une D.B. identique (le Cosmos, je vous dit !).

Partis tous les deux sur la même idée de restauration, la comparaison devint évidente pour leur apporter les réponses à leurs questions.

Cette nouvelle découverte était stockée dans la région de Chartres et les échanges de visites furent grandement facilités.

LA D.B. ANTEM 760

Cette D.B. Antem 760 n’était pas en bon état : un choc AVG l’avait complètement défigurée !

Mais qu’importe, Serge était en face d’un modèle authentique à sa voiture.

Elle était complète sauf le moteur. Penché sur l’enfant blessé, Serge l’auscultât de fond en comble et surtout ces  fameux supports  qui hantaient ses nuits 

Conquis par cette trouvaille, Serge proposa de la racheter à son propriétaire qui voulait pourtant la restaurer.

Mais vouloir et pouvoir sont deux mots souvent contradictoires et quelques mois plus tard, celui-ci jeta l’éponge et sans attendre, Serge s’empressa d’aller la chercher.

Enfin chez lui, Serge pouvait tranquillement la décortiquer à son grès et apporter une réponse définitive à ses persécutions nocturnes : ce sont bien des amortisseurs de type Houdaille qui étaient en place à l’origine.

Il remarqua ainsi que ces supports arrière étaient particulièrement fragiles.

Ceux de la DB 760 avaient été renforcés par l’ajout d’une barre transversale inférieure non conforme à l’origine, la sortie du réservoir d’essence venant en contact avec elle.

C’est certainement pour cette raison,  que beaucoup de propriétaires les ont modifiés en les renforçant, ou les modifiant pour suivre le développement technique afin d’adapter des amortisseurs télescopiques identiques aux Antem de production postérieure.

CHASSIS TERMINE :

Les photos du châssis montrent une entretoise avant reliant les 2 traverses latérales  réalisés avec  des tubes ronds, ce qui n’est pas d’origine.

Voici le modèle original :

Cette traverse est montée dans le même plan avant reliant des 2 traverses latérales.

Le montage d’une boite de vitesses  type X84 avec longue queue alu et sans entretoise entre moteur boite, s’impose.

Par la suite, le montage d’une boite plus récente de type 850RS ou C l’oblige à ajouter une entretoise de 28 mm entre fixation moteur boite, ce qui entraine le déplacement du moteur vers l’avant.

RESTAURATION DE L’EXTERIEUR

Puis ce fut au tour de la remise en conformité  du tableau de bord , du redressage de quelques éléments de carrosserie. La voiture n’ayant jamais eu d’accident, ce fut relativement facile.

Pour la peinture de la carrosserie, Serge a repris la couleur rouge du châssis.

Rappelons que ce travail a été réalisé au début des années 80 et qu’à cette époque le respect rigoureux de la teinte de la carrosserie passait au second plan.

Aujourd’hui, pour respecter la teinte originelle, il aurait fallu la peindre en bleue pale que l’on peut retrouver sur le dos du capot du coffre à bagage.

La carrosserie des D.B. cabriolet est composée d’aluminium pour toute la partie arrière, les portes et le capot avant, alors que  la partie avant est en acier.

Les portes étaient munies de vitres coulissantes avec poignées, l’intérieur de garniture similicuir enveloppant pour  cacher le châssis à la vue des occupants.

Cette auto était vendue environ 1.000.000 Frs en 1952, en comparaison avec un junior qui était autour des 600.000Frs

Ce type d’auto a surtout été acheté par des passionnés qui n’avaient qu’une seule envie : participer à des courses.

Pour ce faire, rien de plus simple pour rendre l’auto compétitive : retirer toutes les garnitures intérieures, remplacer le pare-brise et ses montants par un petit saute vent en plastique, ainsi que les vitres latérales, ce qui fait beaucoup de poids en moins.

C’est pour cette raison que la voiture de Serge, était dépourvue de toutes garnitures et vitres latérales lors de son achat.

MISE EN PEINTURE DE LA CARROSSERIE

REMONTAGE DE LA MECANIQUE

Puis ce fut le tour du remontage de la mécanique dont l’ensemble moteur/boite avait été récupéré de la Dyna X86 achetée précédemment (partie 1) et qui permettait de tout faire correspondre avec le modèle d’origine.

Hélas, la boite, identique aux première X84, n’était pas de première, un bruit inquiétant l’a poussé à la remplacer par une plus moderne de type C, ce qui a eu pour conséquence la remise en place de l’entretoise de 28mm entre moteur/boite  et de modifier légèrement la traverse avant moteur.

Le reste de la restauration n’a posé aucun problème et même le pare-brise intact de la 760 a pu remplacer celui de la Dauphine.

Et c’est finalement à l’été de 1986, juste pour participer à l’Age d’Or de Montlhéry que la belle D.B. flambant neuve put attirer les regards et félicitations des amateurs de D.B..

Restait encore la réfection de la capote qui sera mise en place juste avant le déplacement pour la manifestation d’Angoulême du mois de septembre 1986 où Serge et sa femme descendirent par la route !

Puis ce fut le retour à son lieu de naissance : Champigny sur Marne, pour l’hommage à René Bonnet et organisé par Dominique Perruchon en novembre 1986.

Sans oublier 1992 au Bourget au Salon de la voiture de course où Robert Sobeau exposa la magnifique D.B. Antem de Serge .

En 1999 ce fut la grande expédition en Angleterre pour participer au R.I.P.L. (Rassemblement International Panhard et Levassor où Jean Favarel se mêle au bonheur du couple Macé arborant un coupe bien méritée pour le travail de restauration de cette rare D.B.

Et depuis ces faits marquants succédant à  sa restauration, le D.B. Antem 753 continua à faire tourner les têtes sur son passage, et comme une apothéose, Alain Gaillard consacra de belles pages historiques à ce modèle rarissime dans son livre sortit en 2008.

C’est dans ce remarquable ouvrage fort en vérité et qui raconte toute l’histoire des voitures D.B. que Serge trouvera enfin le plan du châssis de le D.B. Antem.

Ces bases véridiques posées, Serge pu modéliser de façon définitive.

Aujourd’hui, l’aventure continue, Serge lui fait prendre l’air régulièrement au gré des rencontres entre passionnés de la mécanique Panhard ou autres A.G..

C’est ainsi qu’en 2019, nous avions pu nous imaginer à son volant lors du R.I.P.L. dans le Morbihan.

Merci Serge, pour cette belle aventure en D.B. Antem et un grand bravo pour ta persévérance pour qu’un tel bijou continue à vivre.

Voir la Vidéo du D.B. Antem au salon du Bourget :0

Charly  RAMPAL à partir du récit et les photos de Serge MACE