C’est lors des essais du 9 avril pour le Mans 1960, que l’équipe DB avait emmené un nouveau prototype pour répondre au règlement concernant la hauteur du pare-brise.

En effet, une hauteur de 80 cm était imposée entre le siège et le haut du pare-brise. Un toit susceptible de s’adapter aux barquettes DB est donc réalisé, avec une forme de pare-brise assez particulière constitué deux grands panneaux plats en forme « V », qui lui vaudra son surnom de « Vitrine ». Ces panneaux plats assurant ainsi un balayage optimal des essuie-glaces.

Cette transformation se fera sur la base de la barquette de 1959, châssis numéro 1092, qui abandonnera au Mans à la 9ème heure sur bris d’embrayage, où elle portait le N° 50.

C’est sous le n° 51 qu’elle se présente aux essais d’avril.

L’arrière a été aussi remodelé et sa lunette de custode fait office de couvercle de coffre, donnant ainsi à l’ensemble un coefficient de pénétration dans l’ai intéressant que les chronos viendront confirmer.

Lors de ces essais, René Bonnet teste un 701 cc et un 954, pour parfaire sa stratégie visant le classement par catégorie et à l’indice.

Du point de vue performance, les résultats sont prometteurs puisque le 701cc placé dans une caisse découverte de l’an dernier a fait, sans pousser, le même temps que les 750cc soit 5’24’’ : 149,576 km/.

Ce moteur typiquement DB, comporte des culasses détachables, des cylindres peu ailetés, de plus les soupapes sont rappelées par des ressorts.

La Vitrine est équipée d’un moteur 954 et réalise un 5’02’’ 3/10 soit 160,303 km/h qui en fait sur l’instant, la voiture de moins de 1.000cc la plus rapide sur la piste mancelle !

LE MANS 1960

En 1960, elle prend part aux 24 Heures du Mans avec un moteur de 954 cc, pilotée par Bouharde et Jaeger.
Cette fois elle rallie l’arrivée en terminant à la 19ème place et 3ème à l’indice de performance, également à cette 3ème place à l’indice énergétique.

Elle porte le numéro 56.

Cette même année, elle participe à quelques autres courses dont le Tour de Belgique aux mains de Jaeger sous le numéro 55.

1961

En 1961, la voiture est vendue à Edgard Rollin. Equipée d’un moteur de 948cc, il l’engage de nouveau aux 24 heures des 10 et 11 juin et partage le volant avec René Bartholoni.

Mais Rollin est indisposé par des ennuis gastriques, et doit laisser le départ à Bartholoni.

Malgré des ennuis d’embrayage dès le début de la course, puis par un arrêt au stand imprévu pour changer un tambour Alfin, elle va réussir à finir la course en 21ème position au général et à l’indice de performance.

Elle prendra ensuite part à 2 autres courses importantes comme les 6 heures d’Auvergne avec le numéro 98.
Bartholoni a laissé sa place à Michy qui accompagne le propriétaire Rollin : ils finiront 30ème.

Enfin, les 1.000 km de Paris en octobre où la voiture abandonnera.

En 1964, elle participe à la course de côte de Chamrousse, du Col Bayard et des Trophées de Cognac avec M. Moussier.

LA SUITE..

On retrouve cette voiture en 1965, modifiée de nouveau : elle a cédé son pare-brise qui en faisait son originalité contre un élément de René Bonnet Djet, plus enveloppant et adopte un capot plus bas.

Elle participe à la Ronde Cévenole en 1967 et 1968. Puis cette même année au Critérium des Cévennes.

Elle continue à courir jusqu’en 1970, comme la course de côte de Millau.

En 1984, notre ami Jacques Grelley, collectionneur de DB et basé aux Etats-Unis, achète cette voiture à M. Solignac, dentiste à Annecy.

La voiture possède le titre de circulation du coach HBR 896 dont elle dispose encore aujourd’hui avec la plaque constructeur correspondante : transaction habituelle avec René Bonnet !

Désireux de lui rendre sa forme d’origine, Jacques la confie en 1990 à un chaudronnier en aluminium, collaborateur Matra, basé à côté du circuit Paul Ricard.

Une forme avant est remoulée en polyester par Roland Roy et Jacky Bruno sur la barquette du Musée du Mans (châssis n° 1093), à la fin de 1990, pour servir de gabarit, et la restauration commence.

La fermeture du centre Matra au Paul Ricard y met toutefois un coup d’arrêt.

Les deux artisans déménagent à Salbris et les travaux sont ensuite confiés à l’atelier de restauration Deseinde, près d’Auxerre, en collaboration avec Roland Roy.

Lorsque la tôlerie brute est presque terminée, la voiture est exposée en 2002 à Rétromobile sur le stand de l’Amicale DB.

Elle passe ensuite chez EPAF et, sous la direction de Jean-Paul Humbert, la restauration se termine tant sur le plan de la carrosserie que de la mécanique.
Elle va retrouver ainsi sa forme « Vitrine ».

En collaboration avec Dominique Pinaud, Jacques Grelley expose sa voiture à l’occasion de divers évènements hors circuit, comme par exemple au rallye Paris-Deauville où elle remporte justement le prix de la plus belle restauration.

Sa dernière apparition a eu lieu au mois d’Avril 2014 au salon « Le Mans Auto-Moto », avec deux autres DB ayant pris part aux 24 H du Mans 1961.

En proie à des soucis de santé et pour assurer financièrement les frais de son hospitalisation et de sa future Maison de retraite, car nous savons que la « sécu » n’existe pas aux USA, Jacques Greley est obligé de la mettre en vente.

C’est dans le cadre du Mans Classic que la Vitrine changera de main pour une somme modique (120.000 €uros) au vu de son palmarès.

La rêverons-nous un jour sur les circuits et au Mans Classic en particulier, comme l’a fait courageusement le fils de Fouquet-Hatevilain avec la Camionnette ? Rien n’est moins sûr dans ce monde de la finance…

Charly RAMPAL