Si la publicité Panhard fait grand cas des innovations apportées par la révolutionnaire Dyna 54 ou Dyna Z1, elle occulte délibérément le changement capital intervenu à l’automne 1955 : la coque n’est plus en alliage léger, mais en acier beaucoup moins couteux à emboutir, et aussi à réparer…

ADIEU L’ALU, JE T’AIMAIS BIEN..

Sur Dyna « 56 », les éléments ouvrant sont encore en alu, en attendant de passer en tout acier au millésime suivant : seulement 25.581 Dyna du type Z1 ont été habillées entièrement dans le matériau initial

Cela se traduit naturellement par un embonpoint certain, au détriment des performances comme de la répartition des masses.

Parallèlement, la mécanique continue d’évoluer, avec le moteur M5 à vilebrequin renforcé, alimenté par un carburateur à simple corps au lieu de double et une boite mieux synchronisée.

La berline Luxe type Z5, non seulement dépouillée mais réglée à l’économie, sert de base à une première série de 500 taxis parisiens fournis à la compagnie Autoplace G7 selon une spécification précise comprenant entre autres, le montage d’une séparation vitrée et la commande d’ouverture du coffre depuis le siège conducteur. Avec des contrats ultérieurs, il y aura au total 1.700 taxis G7 rouge et noir qui seront repris puis « civilisés » par le concessionnaire d’Albi (Ets. Mauriès) dès l’automne 1958, la compagnie étant rachetée par E.T. Pigozzi qui s’empresse de les remplacer par des Simca Ariane.

Si leur indéniable économie d’essence permet à Alex Kpw d’illustrer la couverture de « L’Action Automobile » sur le thème « un derrick » en plein Paris,

On dit que leur nature délicate s’accommode mal de la conduite des chauffeurs russes formés sur Renault K.Z.

Nous avions présente un survivant et rare spécimen au dernier Salon de Rétromobile en 2010, alors encore responsable au DCPL : notre stand avait à cette époque une fort belle allure.. Souvenir.. Souvenir…

DES COULEURS GRAND STANDING

Jusqu’à l’été 1956, la présentation extérieure de la Dyna ne change guère, à l’exception des butoirs de pare-chocs vite abandonnés, mais l’évolution de la législature impose désormais des feux arrière séparés : l’élégant motif central de coffre intégrant tout l’éclairage est supprimé

au profit ( ?) de gros combiné globuleux sur les ailes.

De nouvelles désignations (Z11 ou Z12) signalent le passage à la carrosserie tout acier, cependant que les finitions sont encore chamboulées au début de 1957 : la Luxe Spécial disparaît, la Grand Luxe lui succède.. avec quelques accessoires en moins, dont l’antibrouillard central, remplacé par un enjoliveur en forme de moustache.

Lequel antibrouillard fera sa réapparition (temporaire, car il sera bientôt illicite) avec l’équipement Grand Standing proposé à partir du mois de mai, comprenant divers enjoliveurs intérieurs et intérieurs.

Au Salon suivant, il se complète de flasques de roues polis du plus bel effet, ainsi que d’une option « peinture deux tons » permettant des combinaisons presque américaines : aigue-marine et chamois, noir et ivoire, rouge et gris… assorties de baguettes supplémentaires pour souligner la découpe.

Le département publicitaire laissant vagabonder son imagination, les garnitures intérieures sont qualifiées de « Dynil pelage de biche » , le revêtement de pavillon (en 1959) de « Dynorel », la suspension « d’Isodyne » quand elle adopte les amortisseurs télescopiques De Carbon à la place des Houdaille à levier, le moteur « d’Aérodyne » en recevant un refroidissement par turbine carénée , diminuant le bruit et améliorant en même temps le chauffage.

Parmi les options millésimées 1959, on note les sièges avant séparés « Dynarelax », mais aussi le coupleur Jaeger, dont je vous ai parlé dans un article technique précédent, supprimant la pédale d’embrayage.

Ce système électromagnétique à poudre, sera aussi adapté sur les Peugeot 403. Il succède à l’embrayage Ferlec, brièvement tarifé en 1956, mais probablement peu livré.

Mais la plus intéressante de ces options concerne le moteur Tigre, présenté le 9 mars 1959 avec comme marraine l’actrice Pascale Audret accompagnée d’un bébé tigre bien vivant : reportez-vous à mon article dans « Technique-1 »..

Un équipage mobile allégé de 20%, in arbre à cames reprofilé et de nouveau un carburateur double corps permettent de porter la puissance à 50 ch et la vitesse maxi à 145 km/h, ce qui est l’apanage des grandes routières de l’époque come la Citroën DS qui elle atteint à peine les 140.

Le supplément de prix est modéré : 25.000 AF contre 32.000 pour l’équipement Grand Standing sur une berline Grand Luxe à 764.000 AF.

Peu de Dyna Tigre seront cependant livrées, la « Z » étant de toute évidence en fin de carrière : des dessins d’une carrosserie restylisée (avec un capot plongeant genre DS !) sont déjà parus dans les magazines et le 29 juin de la même année, la nouvelle génération est présentée sous le nom de PL17.

Quelques berlines de type Z 16 seront encore assemblées après les vacances d’été 1959, alors que le cabriolet Z17 obtient un sursis d’une saison, étant encore présent au Salon de Paris en octobre.

Notons que les dernières Dyna sont montées sur des jantes de 15 pouces, à l’exception d’une infime série de berlines Luxe Spécial type Z 18 et des ultimes Luxe type Z 11.

Charly RAMPAL