LA DYNA 54 ET LES MECANICIENS
Dans la revue spécialisée « La Vie des Métiers » automobile, motos et cycles, un article de janvier 1954 avait essayé la Dyna 54, vue sous le côté « mécaniciens ».
Voici de compte-rendu.
« La Dyna 54 n’est pas seulement une voiture aux performances extraordinaires si l’on se rapporte à sa cylindrée : 850 cmc.
Elle est aussi une voiture de conception révolutionnaire.
Les ingénieurs du bureau d’Etudes ont certes pensé au confort exigé par les futurs passagers, mais ils n’ont pas oublié dans la mesure de leurs moyens, de faciliter la tâche aux nombreux M.R.A. qui auront à s’occuper de la voiture.
C’est dans cette préoccupation que certaines innovations heureuses ont été apportées dans la réalisation de la Dyna 54.
Rappelons que la Dyna 54 est divisée en trois parties bien distinctes :
- Le train avant qui comporte le moteur, l’embrayage, la boite de vitesses, le pont, la transmission, la suspension et la traverse de support.
- Le train arrière qui comporte les freins, la suspension, les roues arrière et différents organes annexes.
- L’infrastructure et la caisse, soit l’ensemble de la tôlerie.
Il résulte qu’en cas d’accident grave, le remplacement de l’une de ces trois parties peut être effectué dans le minimum de temps, sans démontage inutile de la tôlerie environnante.
D’autre part, la proue qui se lève d’un bloc dégage entièrement tous les organes mécaniques.
Le mécanicien peut y travailler comme devant un établi, en ayant tous les organes moteur à portée de sa main et directement sous les yeux.
La nuit, signalons l’éclairage automatique du moteur.
La plupart des accessoires : tableau de bord, essuie-glace, ensemble pédalier, poste T.S.F., peuvent aisément se démonter et se remonter de l’extérieur, toutes portes closes, donc sans salir l’intérieur de la voiture.
Toutes les canalisations électriques sont placées à l’extérieur de la voiture.
Elles sont groupées en circuits distincts, leur déconnexion s’opère au moyen d’une fiche réservée à chacun des circuits.
Enfin, tous les appareils de bord ont été rassemblés sur le support du volant qui reçoit en outre la commande de vitesses, celles des deux avertisseurs, des phares et des clignotants, le contact, le démarreur, le starter et l’antivol.
Sur le tableau de bord sont réunis l’indicateur de vitesse, le compteur totalisateur et journalier, l’ampèremètre, les indicateurs de pression d’huile et le niveau d’essence.
LE FILM DE L’ESSAI
Le départ du circuit que nous avons emprunté était fixé à Saint-Cloud, à l’entrée de l’autoroute de l’Ouest.
Nous avons suvi celui-ci sur sa branche sud, pour finir par rejoindre la RN 10 aux environs de Trappes.
De là, jusqu’au Perray, puis virage à gauche pour gagner Cernay par la D 24.
Enfin Dampierre, la redoutable côte des 17 tournants au nom si évocateur, Port-Royal, de nouveau Trappes et Saint-Cloud.
ESSAI DE VITESSE
Nous pouvions être étonnés, voir incrédules, étant donné sa cylindrée réduite, à l’annonce des 130 Km/h que devait atteindre la Dyna 54.
Par chance, dès le départ, nous nous sommes trouvés en concurrence avec une 15 cv Citroën dont le pilote ne désirait pas s’en laisser compter.
Eh bien, avouons que malgré notre charge et la rampe de Saint-Cloud, la Citroën ne nous a pas lâchés.
La puissance des accélérations était voisine.
Nous avons quitté la troisième à 100 km/h, et c’est seulement à 120 et sur le plat, que la 15 six est parvenue à nous distancer légèrement.
D’autre part, sur le circuit, nous avons pu atteindre à différente reprises une vitesse de pointe de 138 km/h au compteur, ce qui donnaot à notre chronomètre entre 132 et 134 km/h.
Et ceci, répétons le, avec une charge de 5 personnes à bord.
L’annonce de la vitesse ne constitue donc pas un bluff.
Elle doit plutôt se situer légèrement en-dessous de la vérité.
TENUE DE ROUTE
Là encore, nous avons été agréablement surpris.
L’impression de sécurité que procure la Dyna 54 dans toutes les situations ne peut-être à nouveau comparée qu’à celle fournie par la traction avant avec en moins les désagréables sauts d’humeur du train arrière.
Elle franchit aisément les nids de poule, et aucune sensibilité aux vents latéraux n’est ressentie sur la tenue de la direction.
C’est ainsi que nous avons pu prendre le virage de Trappes, sur l’autoroute à plus de 120, sans que la caisse se couche à l’arrière.
La côte des dix-sept tournants a été avalée en troisième, à près de 60 de moyenne.
JOUONS AVEC LA MORT
Nous avons voulu juger encore plus fortement cette tenue de route que l’on nous déclarait exceptionnelle.
Au retour, sur l’autoroute, à plus de 120, nous avons donné alternativement trois rapides coups de volants à droite et à gauche, pour essayer d’amorcer une embardée.
Malgré ces impulsions, la Dyna 54 n’a pas bronché, ce qui montre bien la parfaite position de son centre de gravité et la grande résistance, en torsion, de la caisse.
FREINAGE
Toujours sur l’autoroute, nous avons effectué deux essais de freinage à 100 km/h.
La distance mise pour nous arrêter a été d’environ 60 mètres, soit une distance légèrement supérieure à celle annoncée, due probablement à notre charge.
D’autre part, nous n’avons jamais ressenti aucune déportation vers l’avant comme dans les suspensions souples du genre voitures américaines.
Enfin, le très grand pouvoir de l’accélération (le régime maximum est de 5.000 tours) compense les inconvénients habituels aux surmultipliées.
HABITABILITE
Reconnaissons que cette six places de conception française, c’est-à-dire qu’en toute vérité deux personnes et demie peuvent seulement loger sur chaque banquette.
Quant au confort de chaque place, il approche la perfection aussi bien quant à la hauteur de garde sous le capot que quant à la place disponible pour les jambes tant à l’avant qu’à l’arrière.
Et nous ne pensons pas être d’un modèle réduit : 1 m 79, très exactement !
SILENCE
En dépit des avances des constructeurs et du nouveau dispositif du pot d’échappement, celui-ci n’a pas été totalement vaincu.
La Dyna 54, bien que moins bruyante que la Peugeot ou la Traction Avant est moins silencieuse que la Vedette ou l’Aronde.
Cela semble tenir à son régime et à son système de refroidissement.
CONCLUSION
Les promesses faites lors de sa présentation semblent avoir été largement tenues : vitesse maximum élevée, forte accélération, tenue de route parfaite, consommation peu élevée, ce qui en fait une voiture de classe indéniable, capable de rivaliser avec ses sœurs de cylindrée plus élevée.
Charly RAMPAL