On a vu au gré de mes articles sur les MEP, comment et pourquoi Maurice Emile Pezous avait réalisé ces petites monoplaces bleue.
On sait combien la course automobile tenait une grande place dans sa vie et la proximité du circuit d’Albi n’y était pas étranger.

Mais aussi, ce virus que les grandes écuries contaminaient aux garages albigeois locaux lors de ces grandes courses.
C’est ainsi que Maurice Emile Pezous hébergera les écuries BRM et Lotus et se liera d’amitié avec de grands pilotes comme Fangio, Gonzalès, Jim Clak ou Maurice Trintignant.

On a vu comment la renaissance du sport automobile en France dans les années soixante, excitait tout ce petit monde pour créer un formule nationale qui servirait de tremplin à des jeunes en mal d’en découdre.

La X1, puis la X2 seront les points de départ de la production MEP : je n’y reviendrai pas.

Mais en 1967, Pezous se rend compte du manque de puissance de la X2 animée par le bicylindre Panhard au bout de son développement, par rapport à la catégorie supérieur qu’était la Formule 3.

Les accords de Citroën avec NSU, principalement sur la base d’utilisation du moteur rotatif, le poussent à se rapprocher de la firme allemande pour l’utilisation de son fameux 4 cylindres refroidi par air qui équipe les bombinettes 1200 TTS, sans que la marque du Quai de Javel en prenne ombrage.

En plus, cette conception devrait favoriser la greffe qu’il envisage dans un châssis de X2.

Aussitôt dit, aussitôt fait : en 1968, il installe cette pépite mécanique dans un châssis de X2 en le renforçant au niveau du plancher avec une feuille d’aluminium de 2 mm et en modifiant un peu la triangulation autour du moteur.

Les basculeurs, déjà limités sur les X2, sont aussi renforcés pour supporter le surcroit de puissance et un poids un peu plus élevé.

Le moteur est préparé par le célèbre sorcier NSU de l’époque : Louis Meznarie, dit « p’tit louis » !

La préparation se résume à l’adoption de 2 carburateurs Weber de 40 DCOE, un échappement 4 en 1 et quelques autres ingrédients testés dans son garage de Corbeil Essonne et qui porte la puissance à 95 ch.

Mais Citroën mettra vite fin à cet exercice pourtant prometteur, ne voyant pas d’un bon œil un soutient à cette mécanique outre-Rhin.

Le projet restera donc à l’état de deux prototypes : un qui servira aux essais et un autre qui sera construit à la demande de NSU et sera directement envoyé au Musée d’Ingolstadt (pour l’avoir visité, je ne l’ai pas vu..).

Quant au premier, il fut un temps envisagé de le passer à Roger Dubos pour quelques courses de côte. Mais c’est un médecin albigeois qui l’utilisera dans cette discipline pendant 6 mois.

Puis Pezous la vendra à Meznarie. Elle serait aujourd’hui chez un collectionneur de Toulouse.

Pourtant une troisième monoplace a été vue cette année sur quelques circuits dont je vous ai relaté les ébats.
Car ces bestioles sont faites pour évoluer dans leur milieu naturel au lieu de mourir oubliée au fond d’un hangar poussiéreux ou dans un Musée, noyées au milieu de leurs congénères.

Elles ont été faites pour montrer que le bonheur existe à travers ces rassemblements sportifs que nous concoctent Honoré Durand ou les Gayraud.

Alors comment cette MEP X7 est nait ?

UNE MEP X7 EST NÉE

Cette troisième MEP X7 vient de voir le jour, toujours du côté d’Albi.

Ses créateurs sont aujourd’hui les dignes représentants des MEP et animateurs des plateaux MEP-Monomill qui enchantent pilotes et spectateurs. Vous les avez reconnus : ce sont Claude et Philippe Gayraud.
Les méconnaitre serait une erreur fondamentale : je vous les ai présentés dans mon article sur Albi 2013.

Il faut dire que ce ne sont pas des hommes en bois, mais de véritables orfèvres de la construction mécanique aidés par un ensemble de machines outils qu’ils maitrisent à merveille.

A partir de plans d’époque, ils ont reconstruit cette monoplace oubliée, mais combien attachante.

Tout s’est concrétisé à partir d’un marbre, par la réalisation du châssis identique à celui d’un X2 avec les quelques nuances citées plus hauts.

Sur lequel, patiemment et avec une précision millimétrique, Claude a fait naitre l’ossature de la voiture :

Pour enfin aboutir au résultat escompté, base sans laquelle toute autre avancée serait impossible : le châssis terminé.

Puis, une à une toutes les pièces complémentaires, d’attache, de fixation, d’entretoises, etc… ont été formées et soudées à partir de simples feuilles d’acier à l’épaisseur adaptée au besoin.

Puis ce sera au tour de l’échappement 4 en 1 dont la réalisation est importante pour un bon rendement moteur.
Sur les photos suivantes, on voit comment à partir de tube dimensionnés au besoin , Claude à réussi cette œuvre d’art que seul notre spécialiste des échappements de F1 en région parisienne, Simonini, pourrait lui contester !

Pour ne pas négliger le côté esthétique qui fait la beauté d’une monoplace, de nombreuses pièces extérieurement visibles ont été chromées :

Toutes les commandes des freins et d’embrayage ont été mises à neufs dont l’exemple le plus frappant est le pédalier avec l’ensemble ressort / amortisseur :

Puis ce sera la mise en place du moteur et de la boite qui vont donner un aspect de « presque fini » à l’ensemble :

Avec leurs deux carburateurs Weber 40 DCOE :

Dans le clair-obscur d’une fin de journée, le montage des suspensions et du roll bar, va donner un véritable sens esthétique à cette œuvre d’art :

Enfin, la carrosserie entièrement réalisée à partir des moules d’époque et enjolivée de ses stickers, va donner à la voiture son habit de lumière :

L’intérieur, parfaitement réalisé et fini, fait monter l’adrénaline en donnant maintenant envie de la chausser :

Mais les Gayraud sont perfectionnistes et il n’est pas question de la laisser partir sans les divers réglages moteurs, commande de boite, suspensions, et surtout des trains roulant avec des appareils adaptés à chaque situation, pour lui donner une efficacité maximale :

Après toutes ces étapes nécessairement très raccourcies, la voiture peut être testées sur la piste et savoir enfin, si le plaisir de la piloter est à la hauteur de cette gigantesque résurrection !

C’est Philippe qui lui fera faire ses premiers tours de roue…

… avant de la confier à sa fille Stéphanie qui va se montrer à la hauteur de cette exceptionnelle réalisation, malgré un moteur encore en voie de développement…

Charly RAMPAL