C’est sous ce titre que la revue OMNIA de septembre 1926 avait rendu hommage aux moteurs sans-soupapes Panhard et Levassor aux vus de ses qualités, fut utilisé dans de nombreux domaines.

P et L en avait fait leur spécialité et la base mécanique de leurs véhicules tant de luxe qu’utilitaires jusqu’à la deuxième guerre mondiale.

C’est ce récit que je vous retranscris pour en garder toute son authenticité.

« Devons-nous rappeler que toutes les fabrications de Panhard sont concentrées maintenant sur le sans-soupapes.

Ses modèles de service de la 10 CV à la 16 CV, ceux de luxe des 20 CV et 35 CV, font l’objet de séries importantes.

Ses véhicules industriels rencontrent non moins de faveurs.

Ses accords avec nos grands magasins pour leurs services de livraisons rapides, ses cars qui sillonnent tant de régions pittoresques et qui sont notamment employés presque exclusivement au Maroc, en sont autant de témoignages.

Mais, 3 consécrations doivent retenir tout particulièrement l’attention:

– le Concours de longue endurance des moteurs d’avions de Chalais -Meudon,

– le Concours des véhicules industriels à gazogènes de l’A.C.F.

– les records de Montlhéry.

Le Concours de longue endurance de l’Aéronautique est l’épreuve la plus complète que l’on ait encore imposée aux moteurs d’avions.

Elle comportait un essai de qualification de 5 heures au banc d’essais, un essai de 2 heures en vol sur avion; l’épreuve d’endurance proprement dite consistant en 30 essais élémentaires de 8 heures, formant un total de 240 heures de marche.

Panhard y prit part avec un 12 cylindres sans soupapes de 450 CV, dont c’était la première apparition dans une compétition

II se rencontrait à Chalais-Meudon avec des moteurs éprouvés, les meilleurs de nos fabricants spécialistes français.

Nous ne saurions mieux faire pour qualifier le succès du moteur Panhard dans ces très durs essais, que de rappeler l’opinion élogieuse émise à son sujet par M. R. Soreau, Président de la Commission d’Aviation de l’Aéro-Club de France, lors du banquet où furent proclamés les lauréats du Concours : « Pour le moteur Panhard, le poids par cheval fut de I kg260, la consommation de 243 grammes seulement, fut la meilleure du concours.

Si trois essais ont été annulés, par contre, il ne s’est pas produit un seul arrêt au cours des trente essais qualifiés.

Il convient de souligner qu’aucun des incidents survenus à ce sans-soupapes, n’est imputable à son système de distribution.

Ce moteur qui prend la seconde place dans les deux classements, est remarquable par sa régularité, sa très faible consommation, son encombrement réduit.

Il se présente comme un prototype d’avenir ».

Au milieu de la pléiade des meilleurs moteurs d’avions du monde, le sans-soupapes fit donc excellente figure.

Le Panhard est très apprécié par son faible encombrement en largeur et en hauteur, ce qui facilite beaucoup son installation dans le fuselage de l’avion et permet d’en réduire le maître-couple.

Il a réussi des consommations records et l’on sait combien cette question de l’économie de combustible est « vitale » puisque d’elle dépend le rayon d’action de l’avion.

Il est fâcheux que nos faibles ressources budgétaires rendent si lente la mise en service des modèles nouveaux, car ce sans-soupapes est bien sur la voie du moteur de sécurité qui déclenchera la grande expansion commerciale de l’avion de transport.

Jamais, l’état de notre équilibre économique n’a rendu plus inquiétant notre ravitaillement national en carburant.

Partout la force motrice se développe, on remplace par le travail de la machine l’effort exténuant des bras, afin de diminuer la fatigue et d’augmenter le rendement de la main d’œuvre.

Les réseaux d’électricité se répandent dans nos campagnes, mais c’est encore pour bien des années, l’obligation de faire appel au moteur explosion et spécialement pour les transports.

Nos importations considérables d’essence sont parmi les motifs de nos embarras financiers, il faut tâcher d’y suppléer pour une part, utiliser nos ressources et le faire activement, non dans les conditions du rêve inventif, mais dans celles pratiques des applications immédiates.

C’est pourquoi Panhard a étudié l’alimentation des moteurs de type courant à l’aide du gazogène à charbon de bois.

Aujourd’hui ce sont les véhicules de transport qui peuvent en profiter, demain, ce seront les tracteurs indispensables à l’industrialisation de notre agriculture.

Depuis 3 ans, les liaisons journalières entre les usines principales de l’Av. d’Ivry, les usines annexes de mécanique de Reims, celles de carrosserie d’Orléans, sont confiées â des camions à gazogène.

Au dernier concours de l’A.C.F. les camions Panhard ont pris les premières places du classement, le sans-soupapes s’est fort bien accommodé du gaz pauvre, parfaitement épuré, fourni par un appareil très simple à combustion renversée qui peut être surveillé maintenant par les conducteurs les moins experts, tous les soins se résumant à quelques nettoyages périodiques.

Là encore, l’aptitude du sans-soupapes à supporter régulièrement des compressions élevées et à fournir des combustions rapides, s’est affirmée des plus précieuses.

LES RECORDS DE MONTLHERY

Et nous voici aux records de Montlhéry.

Ce tut la 20 CV qui en Juin 1925, débutait en battant les records de l’heure sur plate avec 185Km773, couverts dans les 60 minutes.

N’oublions pas que la tentative eut lieu sur une piste dure et raboteuse et qu’inlassablement le moteur doit développer sa pleine puissance de bout en bout.

Pas de concurrent sur lequel régler son allure, les aiguilles du chronomètre s’en vont d’un mouvement inflexible, ll faut battre le précédent record et l’élever le plus haut possible afin de conserver longtemps la performance.

Le record de la 20 CV tenait encore On mars dernier, c’est la 35 CV 8 cylindres qui allait déposséder sa vaillante sœur.

Panhard battait Panhard.

Successivement, les 50 Km turent bouclés en 14m 58s 18/100, soit à la moyenne de 200km403.

Les 60 milles en 23m 58s 93/100, moyenne 125 milles 093.

Les 100 km en 29m 46s 76/100, moyenne 201km482, mais ce dernier temps était porté quelques Jours après à 29m 445 7/100, moyenne : 2011aa785.

La 35 CV continuait la série avec les 100 milles en 48m 30s 50/100 et, dans l’heure : 193km597.

Par eux-mêmes ces chiffres ne sont-ils pas d’une singulière éloquence d’autant qu’on peut les considérer comme nettement inférieurs à ce qu’ils deviendraient si l’on n’avait pas ménagé les pneus qui souffrent durement sur la piste râpeuse.

Plus de 200 à l’heure de moyenne, avec un modèle dont tous les organes sont ceux de la série et qui ne diffère de celui de la clientèle que par le réglage et la démultiplication du pont arrière…

N’est-ce pas la plus probante et la plus inattaquable des démonstrations d’endurance et de rendement ?

N’est-ce pas le plus effectif témoignage de la robustesse du sans soupapes de Panhard ?

Cette robustesse on est appelé à l’apprécier d’autant plus que les régimes courants d’utilisation se feront plus élevés car nous sommes à un instant où il faut demander au véhicule le maximum d’économie dans l’emploi donc, au moteur, le maximum de rendement.

Ce sans soupa» de Panhard, quel bel athlète !

En voyant tourner à Montlhéry la 20 CV puis la 35 CV, dans leur ronde vertigineuse, de cette allure souple, puissante, méthodiquement ordonnée, cette mécanique adroite, vivante évoquait spontanément pour moi, le souvenir d’inoubliables exploits.

Je revoyais notre Jean Bouin dans l’aisance de sa foulée, de cette fine silhouette d’antan de Major Taylor dans la détente cadencée des muscles emmenant la petite reine…

C’est du même mouvement souverainement harmonieux, de la même élégance dans l’effort… »

LE CATALOGUE 1926 : LA CLASSE !

Charly RAMPAL   (Documentation OMNIA sur un récit de A. Caputo et ma photothèque)